Devant le char du jeune triomphateur les factions demeuraient enchaînées, et les beaux-arts, amis de la paix, semblaient aspirer à l’honneur d’offrir à la nation des succès épurés par le goût. […] Ce petit nombre de lignes offre autant d’inexactitudes que de mots. […] Dans ces rôles admirables, rien n’est donné au théâtre, à la mode, aux préjugés nationaux ; tout est sacrifié à la vérité : Corneille n’offre pas souvent ce rare exemple de courage. […] Est-il une tragédie qui offre une catastrophe plus étonnante, plus instructive, plus touchante ? […] La proposition de Rodogune offre au censeur des motifs plus spécieux.
Toute cette maladie nouvelle et qui n’est que plus subtile et plus intérieure en ce qu’elle se croit une guérison, est développée par Bourdaloue dans une description admirable, et il offre en quelque sorte un miroir dans lequel ceux qu’il a en vue ne peuvent s’empêcher d’être reconnus et devaient eux-mêmes se reconnaître, Il rappelle excellemment « à ces sages dévots, à ces dévots superbes qui se sont évanouis dans leurs pensées », que la vraie austérité du christianisme consiste à être abaissé, à être oublié (Ama nesciri) : Car voilà, s’écrie-t-il, ce qui est insupportable à la nature : On ne pensera plus à moi, on ne parlera plus de moi ; je n’aurai plus que Dieu pour témoin de ma conduite, et les hommes ne sauront plus, ni qui je suis, ni ce que je fais. […] Ne le mettez pas à un si haut prix qu’ils n’aient pas de quoi l’acheter. » Bourdaloue, étudié dans le détail, offrirait le plus bel exemple de la parole chrétienne édifiante et convaincante, appliquée à tous les usages et distribuée comme le pain de chaque jour, depuis les sermons prêchés à la Cour ou sous les voûtes de Notre-Dame jusqu’aux simples exhortations pour les assemblées de charité. […] Personne n’était plus propre que Bourdaloue à rallier ces âmes effrayées, prises par violence, et à leur offrir un christianisme à la fois sévère et consolant70.
Il nous offre d’abord la vue d’une jolie petite ville de Franche-Comté avec son maire royaliste, homme important, riche, médiocrement sot, qui a une jolie femme simple et deux beaux enfants ; il s’agit pour lui d’avoir un précepteur à domicile, afin de faire pièce à un rival de l’endroit dont les enfants n’en ont pas. […] La prompte introduction de ce jeune homme timide et honteux dans ce monde pour lequel il n’avait pas été élevé, mais qu’il convoitait de loin ; ce tour de vanité qui fausse en lui tous les sentiments, et qui lui fait voir, jusque dans la tendresse touchante d’une faible femme, bien moins cette tendresse même qu’une occasion offerte pour la prise de possession des élégances et des jouissances d’une caste supérieure ; cette tyrannie méprisante à laquelle il arrive si vite envers celle qu’il devrait servir et honorer ; l’illusion prolongée de cette fragile et intéressante victime, Mme de Rênal : tout cela est bien rendu ou du moins le serait, si l’auteur avait un peu moins d’inquiétude et d’épigramme dans la manière de raconter. […] Quand on a lu cela, on revient tout naturellement, ce me semble, en fait de compositions romanesques, au genre français, ou du moins à un genre qui soit large et plein dans sa veine ; on demande une part de raison, d’émotion saine, et une simplicité véritable telle que l’offrent l’histoire des Fiancés de Manzoni, tout bon roman de Walter Scott, ou une adorable et vraiment simple nouvelle de Xavier de Maistre.
Or un jour, en été, qu’il avait plu, il se passa entre les dames et lui, au jardin, la petite scène suivante (Marie, c’est Mme Unwin ; Anna, c’est lady Austen) : La rose La rose avait été mouillée, à l’instant même mouillée par la pluie, cette rose que Marie allait offrir à Anna. […] Cette rose élégante, si je l’avais secouée moins brusquement, aurait pu fleurir un moment avec celle à qui on l’offrait : une larme qu’on essuie avec un peu d’adresse peut être bientôt suivie d’un sourire. Cette délicieuse petite pièce dit tout, la joie et l’émotion pure de Cowper entre ces deux femmes, leur union passagère et fragile, et la rose qui se brise par mégarde, avant que l’une ait achevé de l’offrir à l’autre.
Le public, ou du moins cette élite du monde qui tenait lieu alors de public, était décidée à être des trois quarts dans l’ironie pour peu qu’il s’y prêtât ; et il s’y prêta plus même qu’il n’était nécessaire : Monsieur, dit-il, si les places de l’Académie française n’étaient considérées que par les dignités de ceux qui les ont remplies, nous n’aurions osé vous offrir celle dont vous venez de prendre possession, et peut-être n’auriez-vous pas eu vous-même tout l’empressement que vous avez témoigné pour l’avoir. […] Je n’ai garde de songer à ce qui a pu se passer de nos jours, et qui n’offrirait, je veux le croire, que de lointaines ressemblances ; mais une scène presque pareille à celle qu’on vient de voir a été la réception de La Harpe par Marmontel, le 20 juin 1776. […] Molé, qui s’est passée sous nos yeux, a offert un parfait pendant à la réception de M. de Noyon, mais avec moins de gaieté et plus d’amertume.
On l’appelle communément Miguel de Cervantes Saavedra. » La seconde partie de Don Quichotte qui parut en 1615, comme nous l’avons dit, un an avant la mort de l’auteur, était dédiée au comte de Lemos, vice-roi de Naples, son patron, à qui il avait déjà offert ses Comédies. […] Je l’embrassai, il m’offrit ses services, puis il piqua son âne et continua son voyage, chevauchant d’un air fier et me laissant fort triste et peu disposé à profiter de l’occasion qu’il m’avait donnée d’écrire des plaisanteries. — Adieu, mes joyeux amis ; je me meurs, et je désire vous voir bientôt tous contents dans l’autre vie. »11 C’est ainsi que pour ce charmant esprit tout servait de texte à gaieté et à raillerie sans amertume. […] Le chapelain du cardinal offrît à ces messieurs de les conduire à sa demeure.
Le Sahara se compose, en effet, d’un double élément et offre deux formes caractéristiques : « d’un côté, d’immenses plateaux dénudés, où la roche, continuellement balayée par les vents, n’est recouverte de terre végétale que dans les parties abritées ; d’un autre côté, d’immenses bas-fonds, envahis par les sables, de manière à faire disparaître le sol primitif, et dans lesquels s’amoncellent, en véritables montagnes, des dunes de cent mètres et plus de hauteur. » Ce sont ces dunes, et les bas-fonds ramifiés dans les intervalles, qu’a d’abord à traverser le voyageur dans toute la zone qui sépare la chaîne atlantique des massifs de l’intérieur : première difficulté. […] Ce pâté de montagnes est partagé en deux par une arête ou une suite d’arêtes et offre deux versants. […] Les habitants, au nombre de sept mille environ, sans compter la population flottante, sont de race berbère, c’est-à-dire autochtone, et non arabe ; ils sont ainsi parents des Touareg, mais civilisés, assis et d’humeur citadine, tandis que les autres sont restés obstinément nomades : « Comme les nomades Touâreg, les Ghadamésiens sont souvent sur les routes pour leurs affaires ; mais rencontre-t-on une ville, ces derniers saisissent, en vrais citadins, l’occasion qui leur est offerte d’aller chercher un abri sous un toit protecteur, tandis que les Touâreg semblent tenir à honneur de ne jamais accepter l’hospitalité dans l’enceinte d’une ville, dans l’intérieur d’une maison.