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1564. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Ainsi, et nous en avions déjà fait l’observation, l’école dite spiritualiste se rencontre nu bout de toutes ses théories morales avec l’école du matérialisme. […] La plaisanterie y manque de grâce, l’observation de délicatesse ; si bien que l’ennui et le dégoût servent un peu de préservatif contre la corruption. […] Morale privée (suite). — Esprit général de la littérature contemporaine Une littérature, nous avons déjà fait cette observation, peut influer sur les mœurs de plus d’une manière. […] Influence de la littérature contemporaine sur les mœurs Observations générales Nous nous sommes arrêté longtemps à l’exposition des erreurs morales émises ou propagées par notre littérature.

1565. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

J’ai la passion de connaître, et j’observe la nature : pour me délasser d’occupations sérieuses, je passe à des études légères. » Il ajoute une observation singulière ; c’est que, malgré l’horreur du lieu (Id. ibid. […] Que ces observations soient fausses ou vraies, Jean-Jacques aura toujours entre les littérateurs le mérite des grands coloristes en peinture, dont les productions ne sont pas moins recherchées des amateurs, malgré les incorrections du dessin et les négligences du costume. […] Me voilà prêt ; frappe, soldat… » La tête de Papinien tombe ; et le censeur ajoute : « Voilà le courage de la vertu, et Sénèque n’en a que l’amour ; il ressemble dans ce moment au commun des hommes. » Censeurs, ajustez cette scène au théâtre, et soyez sûrs d’un grand effet ; mais si vous eussiez lu les observations de mon éditeur sur cet événement, vous vous fussiez bien gardés d’en faire une page historique, et nous n’eussions point entendu Papinien parler très-éloquemment quelques années après sa mort. […] Mais ce n’est pas à Dion que nous avons à répondre, c’est au crédule abréviateur de Dion, à Xiphilin, espèce de fou, homme méchant, esprit bizarre : car ce sont deux observations très-judicieuses ; l’une, de La Mothe-le-Vayer205, « qu’il est incroyable que Dion, après avoir loué si hautement la sagesse de Sénèque dans son cinquante-neuvième livre, se soit contredit si grossièrement, en le diffamant, comme il fait, selon le texte de Xiphilin ; l’autre, de Juste Lipse206, « qu’il faut qu’un tel faiseur d’épitome ait pris les accusations de Suilius, ou de quelque autre aussi méchant, pour les vrais sentiments de Dion. » On lit dans Dion207 : « Lucius Annæus Sénèque surpassa en sagesse tous les Romains de son temps, et beaucoup d’autres personnages renommés. […] Tant que les censeurs ne fixeront point de date, leurs minutieuses observations tomberont à faux.

1566. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Ne vous paraîtrait-il pas naturel et même d’observation juste qu’un honnête homme distingué, comme Philinte ou comme Alceste, eût, à un moment donné et en passant, un mot point du tout de dévot, mais d’homme ayant un fond religieux, soit Philinte pour consoler Alceste, soit Alceste pour se consoler dans son infortune ? […] Encore une fois, je n’attache pas une grande importance à une observation si générale et d’ordre, pour ainsi parler, négatif ; mais enfin que Dieu, qui pouvait y tenir une place, si petite qu’elle fût et qu’elle dût être, soit absolument absent du théâtre courant de Molière, du théâtre de Molière, les deux pièces où la question religieuse est abordée mises à part ; et que tout ce théâtre courant soit dominé par la seule idée du bon sens humain se suffisant à lui-même et seul appui et seul recours : c’est une chose qui ne laisse pas d’avoir peut-être un peu de signification et qu’il fallait considérer un instant. […] Il en reste cependant quelque chose comme observation, et l’observation est juste. […] Un paradoxal ou un malintentionné dirait sans doute : « Molière est tellement irréligieux qu’ayant à présenter un personnage profondément immoral il le donne comme athée, ne pouvant pas faire autrement, puisque c’est la vérité et que Molière est parfaitement esclave de la vérité ; mais qu’en même temps, en tant qu’athée, il le ménage et lui donne ou lui laisse presque le beau rôle ; et qu’en même temps, il trouve le moyen de le faire entrer encore dans le parti religieux ; tant il est impossible à Molière de concevoir un coquin qui ne soit pas religieux par quelque côté et qui ne ressortisse pas, en fin de compte, d’une manière ou d’une autre, au parti que Molière déteste ; et plus il a, comme forcé par la vérité, par l’observation, par l’expérience, représenté son scélérat comme athée, d’autant plus, comme s’il prenait sa revanche, il l’a fait plus noir et plus hideux dans le rôle de clérical que dans le rôle d’athée, et c’est seulement quand il le considère sous ce nouvel aspect que Molière fait éclater toute la haine qu’il professe à son endroit. » Voilà ce que dirait un paradoxal ou un malintentionné. […] C’était un contresens dans les termes mêmes ; mais c’était son principe, dont aucune observation ne put la détacher.

1567. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Et, sous ces préceptes généraux, des observations d’une extrême finesse, une évidente pénétration instinctive des motifs humains. […] À peine pouvons-nous restituer les peintures qu’il trace de personnages inférieurs et vulgaires : encore sa vision spéciale les charge-t-elle de ridicules que nous-mêmes, dans notre observation habituelle d’eux, ne leur reconnaissons point ; et nous y percevons une caricature, tandis que l’auteur a voulu traduire, sans les charger aucunement, ses constatations. […] Il a énoncé sur ses contemporains, sur leurs mœurs et leurs croyances, des observations autrement cruelles ; et je crois bien qu’il a exercé une forme de l’ironie artistique à lui seul familière. […] Mais il ne faut pas oublier que l’observation du savant s’arrête à l’apparence et au phénomène, sans jamais rien savoir de la véritable nature des choses. » Voici pour la psychologie : « C’est une grande niaiserie que le Connais-toi toi-même de la philosophie grecque. […] Il donne à la satire un cadre tout, prêt, il autorise un mélange constant d’observation et de fantaisie, et il permet en outre d’isoler le sujet qu’on traite, de le mettre au point pour le jugement du lecteur.

1568. (1902) Propos littéraires. Première série

Telle page de L’Astre noir est presque d’un grand poète impassible et eût obtenu un bon point de Théophile Gautier ; telle page des Kamtchatka est d’un trait net et d’une observation incisive qui a dû réjouir l’auteur de Tartarin de Tarascon, sinon l’auteur de L’Évangéliste. […] C’est exagéré, mais c’est fondé sur une observation juste. […] J’aurais bien d’autres petites merveilles d’observation psychologique à relever dans ce volume aussi riche d’idées que volontairement dénué d’incidents. […] Bourget, quoique très ingénieuses et adroites, sentaient un peu le moraliste de cabinet ; elles sentent beaucoup plus, aujourd’hui, le moraliste qui a vécu, observé beaucoup, et senti et vécu ses observations. […] « C’est par cela qu’ils exaltent avec tant d’assurance en littérature les tragiques grecs, Dante, Le Tasse, Milton, Goethe, Zola, Ibsen, Beethoven dernière manière, et Wagner… » Ici reparaît l’esprit prodigieusement étroit que nous avons aperçu plus haut ; mais en son fond l’observation ne laisse pas d’être assez juste.

1569. (1908) Après le naturalisme

Cependant, cette vérité que nous voyons par elle-même si évidente, participe encore d’une réalité plus théorique que vivante et nous la devons davantage aux spéculations des essayistes, des fondateurs de la philosophie de l’art, qu’à l’observation directe des faits ou plutôt des résultats obtenus. […] Vraiment le Classicisme, pour ne parler que de lui — mais le même genre d’observation sera fait pour le Romantisme et le Naturalisme — faisait mieux que subir l’influence des événements, quels qu’ils fussent — et c’était l’ordre monarchique avec toutes ses conséquences.

1570. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Leur génie a beau monter haut, il a toujours les pieds plongés dans l’observation, et leurs plus folles comme leurs plus magnifiques peintures n’arrivent jamais qu’à offrir au monde l’image de leur siècle ou de leur propre cœur. […] La proscription de la vie voluptueuse ou abandonnée, l’observation étroite de la règle et de la décence, le respect de toutes les polices divines ou humaines, les révérences obligées au seul nom de Pitt, du roi, de l’Église et du dieu biblique, l’attitude du gentleman en cravate blanche, officiel, inflexible, implacable, voilà les mœurs qu’on trouvait alors au-delà de la Manche, cent fois plus tyranniques qu’aujourd’hui ; c’est à ce moment, selon Stendhal, qu’un pair, seul au coin de son feu, n’osait croiser ses jambes, par crainte d’être improper.

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