Satisfaire quelques besoins, comparer avec peine deux objets, voilà où se réduisent leur desir & leur curiosité : mais l’homme de génie ouvre à peine les yeux, qu’il reçoit à la fois une idée & un sentiment. […] Il épure sa raison pour se préserver de l’erreur ; éclairé sur la valeur réelle des objets, il sçait les apprécier ; au-dessus des illusions du monde, on ne le verra point se passionner pour de petits objets, vendre son tems & son existence, épouser de misérables quérelles, se plonger dans le cahos d’affaires épineuses qui se succédent comme les flots d’une mer agitée, son ame égale & tranquille cherche a vérité, loin du bruit & du tumulte, & rejette les funestes préjugés qui tourmentent ceux qui se prosternent devant eux. […] que l’homme s’abuse sur les objets de la volupté, qu’il se trompe dans le choix de ses plaisirs, qu’il s’égare dans le tortueux dédale des desirs de son cœur. […] Trop grand pour s’occuper sérieusement d’objets frivoles, & s’il faut le dire trop amoureux de la gloire pour daigner rabaisser quiconque ignore qu’il en est une, il ne jugera dignes de ses coups que ceux qui par leur puissance influent sur la destinée des Etats, & s’il médit, ce ne fera des Rois de leurs Ministres & du vice des Empires. […] Pourquoi ne pas tourner la souplesse & la vivacité de leur imagination sur des objets utiles ?
Il n’a pas besoin de recourir à des objets étrangers ; il n’a qu’à descendre en lui-même qu’à fouiller cette mine riche & profonde qui recéle des trésors inconnus. […] Il n’est point de plaisirs flatteurs s’ils n’affectent le sentiment : c’est la partie divine de notre être, elle saisit ce qui est inaccessible aux sens, elle se passionne, s’attendrit, s’enflamme, sa subtilité inconcevable pénetre les objets les plus éloignés ; elle est la créatrice & la dépositaire des plaisirs de l’homme de Lettres, plaisirs aussi vifs peut être que ceux que procurent les passions, mais sans contredits plus fréquens, plus vrais & plus durables. […] Il jouit tour à tour des systêmes élevés & profonds de la Métaphisique, des sublimes préceptes de la Morale, des immuables vérité de la Géométrie, des tableaux attachans de l’Histoire, du pinceau de Rubens, du cizeau de Bouchardon, du charme inexprimable de l’éloquence, & de celui de la Poësie le premier, le plus beau des Arts, qui frappant par excellence le cœur de l’homme, lui procure le plaisir d’être délicieusement ému, & embellit à ses yeux tous les objets de l’Univers. […] Est-il rien deplus délicieux que de pouvoir jouir de la Nature, en tous les tems, en tous les lieux ; d’ouvrir son ame aux objets enchanteurs qui la décorent ? […] Doit-on être l’objet de vos éternelles vengeance pour oser courir la même carrière ou vous vous rencontrez ?
Longtemps les objets dont s’occupent les mathématiciens étaient pour la plupart mal définis ; on croyait les connaître, parce qu’on se les représentait avec les sens ou l’imagination ; mais on n’en avait qu’une image grossière et non une idée précise sur laquelle le raisonnement pût avoir prise. […] Il faudra bien qu’elle en sorte dès qu’elle voudra tenter la moindre application. » Je veux démontrer, par exemple, que telle propriété appartient à tel objet dont la notion me semble d’abord indéfinissable, parce qu’elle est intuitive. J’échoue d’abord ou je dois me contenter de démonstrations par à peu près ; je me décide enfin à donner à mon objet une définition précise, ce qui me permet d’établir cette propriété d’une manière irréprochable. […] disent les philosophes, il reste encore à montrer que l’objet qui répond à cette définition est bien le même que l’intuition vous a fait connaître ; ou bien encore que tel objet réel et concret dont vous croyiez reconnaître immédiatement la conformité avec votre idée intuitive, répond bien à votre définition nouvelle. […] L’expérience seule peut nous apprendre que tel objet réel et concret répond ou ne répond pas à telle définition abstraite.
Transition de l’onomatopée, par la métaphore, au signe arbitraire ; comment s’expriment les idées dont l’objet n’est pas sensible. […] L’onomatopée est un signe excellent si l’objet qu’elle désigne est purement sonore, un signe médiocre si cet objet est visible et tangible autant que sonore, un signe très défectueux si l’objet est visible et tangible d’une manière permanente, sonore seulement par intervalles. […] c’est devant toi. » L’objet désigné se trouvait dans le champ visuel ; il était par conséquent dessiné sur la rétine ; mais il se trouvait difficilement observable, parce qu’il était entouré d’objets plus volumineux ou mieux éclairés. […] Le premier et principal objet de la psychologie, c’est la succession consciente ; si l’on appelle psychique uniquement ce qui est conscient, connue cela seul qui est psychique est légitimement psychologique, les faits proprement inconscients ne font pas partie de l’objet de la psychologie, du moins de son premier et principal objet. […] Outre son premier et principal objet, qui seul est observable et ne l’est pas tout entier, la psychologie a donc un second objet, qui peut être défini : la condition du premier objet, en tant qu’elle peut être exprimée dans les mêmes termes que lui.
En tout cas, le raisonnement de l’auteur, incontestable au point de vue des causes premières, nous paraît manquer de solidité en ce qui concerne les causes secondes : or, l’objet propre de toute science qui se sépare de la métaphysique, c’est la recherche de ces causes immédiates et prochaines. […] Quand bien même ni moi, ni aucun de mes semblables ne verrait le chat ni ne toucherait le verre, ces objets n’en resteraient pas moins avec leurs qualités propres de forme, de résistance, etc., telles que je les perçois. Soutenir le contraire, suivant eux, c’est introduire le scepticisme. — Selon les contemporains, la perception est l’acte commun du sujet et de l’objet : ma perception est mon œuvre, je mets dans le monde extérieur au moins autant que j’en reçois. […] Enfin, il conteste que le fameux opéré de Cheselden, qui disait que tous les objets touchaient ses yeux, soit un argument contre sa doctrine. […] Bailey publiait déjà sur l’uniformité de la causalité, une dissertation ayant pour objet de faire rentrer les phénomènes volontaires sous la loi commune.
Toutes les métaphores tirées par analogie des objets corporels pour signifier des abstractions, doivent dater de l’époque où le jour de la philosophie a commencé à luire ; ce qui le prouve, c’est qu’en toute langue les mots nécessaires aux arts de la civilisation, aux sciences les plus sublimes, ont des origines agrestes. […] De même que la métaphysique de la raison nous enseigne que par l’intelligence l’homme devient tous les objets ( homo intelligendo fit omnia ), la métaphysique de l’imagination nous démontre ici que l’homme devient tous les objets faute d’intelligence ( homo non intelligendo fit omnia ) ; et peut-être le second axiome est-il plus vrai que le premier, puisque l’homme, dans l’exercice de l’intelligence, étend son esprit pour saisir les objets, et que, dans la privation de l’intelligence, il fait tous les objets de lui-même, et par cette transformation devient à lui seul toute la nature. […] Presque tous les mots y sont des métaphores tirées des objets naturels, d’après leurs propriétés ou leurs effets sensibles. […] La topique est l’art qui conduit l’esprit dans sa première opération, qui lui enseigne les aspects divers (les lieux, τόποι) que nous devons épuiser, en les observant successivement, pour connaître dans son entier l’objet que nous examinons. […] Elles devinrent plus tard un objet d’amusement et d’érudition.
146 Les créatures n’ont pas de valeur en elles-mêmes ; tout leur objet, tout leur mérite est de contribuer, par leur félicité, ou par leur misère, à l’accomplissement de ses grands desseins. […] Nous sommes habitués à voir ensemble les dieux de la nature et les objets naturels. […] Si étrange que soit l’objet, si éloigné des goûts contemporains, si trivial ou si sublime, il le goûte et le comprend. […] Ce qu’il fait au dehors, le poëte le fait au dedans ; il est mime ; il sent ce qu’il observe et tout ce qu’il observe, et les objets qui se peignent dans ses yeux les traversent pour aller jusqu’à sa sympathie, qui leur fait écho. […] Il accorde les objets entre eux ; il sait quelles bêtes peuvent exprimer les hommes, quels dieux peuvent convenir aux bêtes, quel ton général doit assembler ces trois peintures en un seul tableau.