Puis les yeux s’habituent à la nuit de ces figures de crypte, de cave, sur lesquelles, au bout de quelque temps, un peu du rose des roses-thé, semble monter sous la grisaille de la peau. […] Cette conversation amène Rosny à parler de ses promenades de nuit, de son noctambulisme, dans les endroits réputés les plus dangereux des fortifications, dans les quartiers mal famés de Londres. […] La comtesse écrit une lettre de condoléances attendries au mari, et elle apprend qu’il a passé la nuit à se promener, sa lettre à la main. […] Alors je me trouve dans la journée si fatigué, si las, que je suis obligé de me coucher, ne dormant guère plus le jour que la nuit, mais trouvant un repos dans l’horizontalité. […] Dans la fièvre de cette nuit, un cauchemar cocasse.
N’y eût-il que le passage suivant, il n’y aurait pas moyen d’en douter : « La nuit, continue Apollonius, la nuit vint ensuite, amenant les ténèbres sur la terre ; les nautoniers sur la mer avaient les yeux fixés vers la grande Ourse et vers les étoiles d’Orion ; c’était déjà l’heure où tout voyageur et tout gardien aux portes des villes106 commence à désirer le sommeil ; un assoupissement profond s’emparait même des mères dont les enfants sont morts. […] Ma beauté commença à fondre ; je ne pensai plus à cette fête, et je ne sais comment je revins à la maison ; mais une maladie brûlante me ravagea ; je restai gisante sur ma couche dix jours et dix nuits. […] Seule donc, durant la nuit, et partagée entre mille résolutions contradictoires, elle se débat avec elle-même : elle regrette de n’être point morte de mort naturelle, de n’avoir point été frappée des flèches de Diane avant l’arrivée de cet étranger. […] mieux vaut mourir cette nuit même, à l’instant, avant le crime, avant la honte. — Je continue de traduire : « Elle dit et s’en alla prendre la boîte dans laquelle étaient rangées bien des drogues, les unes salutaires, les autres destructives, et, l’ayant placée sur ses genoux, elle se lamentait. […] Réfugiée à bord du vaisseau des Argonautes, elle en redescend pour guider de nuit Jason par la forêt, et sous l’œil du dragon, qu’elle endort, à la conquête des dépouilles du bélier divin : cette scène encore est toute semée de belles images et de poésie.
Roland, qui est occupé au siège de Paris, près de son oncle Charlemagne, gémit nuit et jour sur la destinée inconnue d’Angélique. […] Pour aller relever le cadavre de Dardinel du champ de bataille, il faut traverser le camp de Charlemagne ; il est nuit. […] ” Ils traversent heureusement dans la nuit le camp ennemi. […] Bradamante, après un combat qui dure d’un soleil à la nuit, s’irrite de plus en plus de son impuissance. […] Je partis en pleine nuit, une nuit d’été en Italie, accompagné par un vieux paysan de la ferme ; il portait ma valise et il devait me servir de guide jusqu’à la mer, pour aller m’embarquer sur une felouque d’Ancône qui faisait le cabotage sur le littoral des États romains.
La nuit tombe, le voiturier approche du gîte, mais une femme acariâtre qu’il a au logis l’empêche d’offrir l’hospitalité au jeune couple. […] Et les voilà, eux partis le matin de leur rue Saint-Denis, cheminant en belle nuit par un chemin creux, pour gagner la plaine et de là, à travers champs, découvrir le château inespéré. […] L’auteur y prodigue encore, selon son usage, les images mythologiques, les allusions de tout genre : mais ici, dans le silence d’une belle nuit, elles sont plus naturellement placées et plus compatibles avec la réalité. […] Mais supposez que le récit soit partout sur le ton simple et de la vérité, représentez-vous nos amoureux en peine, à travers champs, dans cette marche de nuit, et cherchant depuis une heure ou deux leur invisible château. […] Mais à peine le navire est-il en mer, que, la nuit venue, de singuliers prodiges se font sentir.
Elle était divinement heureuse quand elle avait pu, durant une absence de Mme de Noyon, passer une journée entière avec lui sous prétexte d’aller à la Visitation de Chaillot voir une amie d’enfance, et elle désirait alors avec passion jours et nuits semblables. […] M. de Murçay, après les lents détours vingt fois recommencés, salua Mme de Pontivy, comme pour retourner à Paris cette nuit même, y ayant une affaire dès le matin ; il promettait d’être de retour à Sceaux au réveil des dames. […] Mais cette idée, après une nuit presque toute passée ensemble dans les bosquets, de coucher encore sous le même toit (même sans aucune autre facilité de tendresse), cette pure idée lui échappa : il eut un tort. […] ce n’est pas l’automne, c’est un coup de soleil, disait-il ; c’est ce pauvre arbuste des îles qui se dépouille avant l’heure. » Mais, le soir, quand les nuages eurent fui, et qu’il vit vers les collines, sur un horizon transparent et froid, la lune naissante, il comprit que c’était l’automne, venu cette année-là plus tôt, et il en tirait présage, se demandant et demandant à ce croissant, à ce ciel pâli, à la nuit, si c’était déjà aussi l’automne de l’amour. […] Une statue de l’Amour était ici également ; mais le dieu (sans doute pour les illuminations des nuits) élevait et croisait sur sa tête deux flambeaux : « Voilà notre second amour, dit-il.
En ces cent années il s’est fait une assez grande révolution dans l’ordre et le gouvernement de la société, dans l’ensemble des mœurs publiques, pour que l’existence et la vie que menait cette petite reine fantasque nous semble presque comme un conte des Mille et Une Nuits, et pour qu’on se dise sérieusement : « Était-ce donc possible ? […] Du sommeil, au milieu de ces veillées et de ces nuits blanches de la duchesse, il n’en était pas question ; on lui avait persuadé qu’il n’était fait que pour les simples mortelles. […] Le plein éclat, la splendeur de ce qu’on nommait les Grandes Nuits de Sceaux, se rapporte à ces années mêmes de désastres. […] Elle nous la montre et se montre à côté d’elle conspirant toute la nuit avec la plume, et essayant, à force de mémoires et d’écritures, de susciter contre le Régent une fronde qui portait encore le cachet du bel esprit. […] Voltaire y travaillait aux bougies ; il y composa pendant deux mois quantité de ses jolis Contes, notamment Zadig, et il descendait chaque soir en régaler la princesse, qui, n’ayant pas l’habitude de dormir, dormait ces nuits-là moins que jamais.
Mardi 4 janvier Cette nuit, en revenant chez moi en chemin de fer, je me suis aperçu tout à coup, que je ne roulais plus sur la terre… et qu’il y avait la Seine, sous moi. […] * * * — C’est curieux, ces aquarelles de Gustave Moreau, ces aquarelles d’orfèvre-poète, qui semblent lavées avec le rutilement des trésors des Mille et Une Nuits. […] Un cabinet de travail ayant la hauteur et la grandeur, où se lit sur la cheminée, la devise : Nulla dies sine linea , et où l’on aperçoit dans un coin un orgue mélodium avec voix d’anges, dont l’auteur naturaliste tire des accords à la tombée de la nuit. […] Dans la nuit qui précéda sa mort, éclata un terrible orage, avec des éclairs illuminant toute la campagne. […] Alors Asseline, qui avait un coup de cœur pour l’actrice, et qui se trouvait lui dire bonsoir de la rue avec nous, très pâle, me prenant le bras, me disait : « Vous n’avez pas envie de dormir, venez avec moi », et me ramenant à l’endroit, au bord de la mer, où nous avions tous passé la soirée, il se mettait à me crier, dans la belle nuit amoureuse, son amour pour cette femme : un débordement de passion magnifique, que j’ai cherché à transposer dans mon livre.