La pièce commence au moment où le nouveau comte Herman est bien près de redevenir le duc Pompée : il est en coquetterie suivie, sans trop s’en rendre compte, avec une cousine de sa femme, Emma de Lansfeld, fiancée du baron Fritz, lui-même le propre frère de sa femme, et de la sorte, c’est avec sa prochaine belle-sœur qu’il est tout près de nouer intrigue. […] J’ai vu, dans mon enfance, une génération convaincue s’avancer intrépidement au-devant des obstacles, et je sais combien de sang et de larmes coûte chaque progrès de l’humanité ; j’ai vu, au lendemain de la Terreur, les restes de cette société égoïste et frivole se dédommager de quelques années d’abstinence en se jetant dans une licence sans limites : j’ai suivi le torrent, et, sans égard aux formes nouvelles, je continue les mœurs de mes contemporains. […] » On la rassure ; ce n’est pas elle qui a vieilli, c’est Herman ; il prend tout sur lui, il s’excuse, il s’humilie ; la nécessité… ; il raconte son histoire, ce testament d’un vieil ami, d’un père… plus qu’adoptif ; c’est Pompéa du moins qui le dit, comme elle l’a deviné, à la simple vue d’un portrait et à la ressemblance ; — il parle de son amour pour sa femme, de ce sentiment nouveau qui lui est venu en la voyant : « J’ai senti que près de cette charmante personne je devenais meilleur ; j’ai apprécié ses excellentes qualités ; je l’ai estimée, puis aimée d’un amour inconnu, confiant, impérissable… » Mais Pompéa n’est pas de celles qui prennent le change ; elle sourit d’un sourire de pitié : « Voilà une idylle qui a le défaut d’arriver trop tard ; hier je t’aurais cru, mais il ne fallait pas me faire passer la soirée avec ta belle-sœur. » Herman assure ne pas comprendre ; Pompéa reprend : « Est-ce qu’on nous trompe, nous autres ? […] Après l’affreuse attente, au signal donné, les belluaires ouvraient l’entrée de l’arène aux bètes féroces ; … mais, au lieu du tigre de l’Inde ou du lion de Numidie, s’avançait une joyeuse bacchanale : les trompettes d’airain résonnaient, les tambourins battaient, les vierges folles couraient le thyrse à la main, et de jeunes garçons portaient en chance ant des outres pleines de vin nouveau.
Guadet qui, à quarante ans de distance, dans deux volumes consciencieux assez récemment publiés39, a discuté et contrôlé les récits et les dires des nouveaux historiens de la Révolution, n’a pu ni voulu se dépouiller de ce rôle d’avocat, et il le revendique hautement au contraire. […] Elle relevait encore l’harmonie de sa voix par des gestes pleins de grâce et de vérité, par l’expression de ses yeux qui s’animaient avec le discours, et j’éprouvais chaque jour un charme nouveau à l’entendre, moins par ce qu’elle disait que par la magie de son dédit. […] J’ai pris pour Tacite une sorte de passion ; je le lis pour la quatrième fois de ma vie avec un goût tout nouveau, je le saurai par cœur ; je ne puis me coucher sans en avoir savouré quelques pages. » Et elle redit la même chose dans ses Mémoires : « Il me semble que nous voyons de même (Tacite et moi), et avec le temps, sur un sujet également riche, il n’aurait pas été impossible que je m’exprimasse à son imitation. » Mais pourquoi imiter Tacite ? […] s’écrie-t-elle ; je les presse sur mon cœur, je les couvre de mes baisers ; je n’espérais plus d’en recevoir 1… J’ai fait inutilement chercher des nouvelles de Mme Ch… ; j’avais écrit une fois à M.
Aujourd’hui, M. d’Arneth, directeur des Archives de Vienne et qui, à ce titre, tient le bon bout, en publiant une deuxième édition, augmentée, des Lettres de l’impératrice Marie-Thérèse et de Marie-Antoinette, vient ajouter de nouveaux éléments et fournir de nouvelles armes dans le débat. […] Los étrangers et ceux qui ne l’ont pas vue depuis six mois sont frappés de sa physionomie qui acquiert tous les jours de nouveaux agréments. […] L’observateur anonyme parle comme s’il y avait été admis ; rien de sa part ne sent le subalterne : « La reine est très-gaie et aimable dans les sociétés ; on y parle fort librement d’affaires d’État, de littérature, de nouvelles, de spectacles, d’intérêts particuliers de chacun et de beaucoup de frivolités.
Louis XV étant tombé malade à Metz pendant cette campagne, le comte de Clermont, sur le conseil de M. de Valfons (celui-ci du moins s’en vante), se rendit auprès du roi, là où était sa place et il n’eut qu’à s’en féliciter ; comme depuis le commencement de la maladie, les deux sœurs (Mme de Châteauroux et de Lauraguais), M. de Richelieu et les domestiques inférieurs étaient les seuls qui entrassent dans la chambre du roi, au grand murmure des princes du sang et des grands officiers exclus, qui attendaient dans une sorte d’antichambre, il prit sur lui d’entrer sans permission dans la chambre du roi et de lui dire « qu’il ne pouvait croire que son intention fût que les princes de son sang, qui étaient dans Metz occupés sans cesse de savoir de ses nouvelles, et ses grands officiers fussent privés de la satisfaction d’en savoir par eux-mêmes ; qu’ils ne voulaient pas que leur présence pût lui être importune, mais seulement avoir la liberté d’entrer des moments, et que pour prouver que pour lui il n’avait d’autre but, il se retirait sur-le-champ. […] Ici nous avons affaire à un nouveau témoin, simple et véridique33 ; chaque déposition se complète de la sorte et se confirme ; qualités et faiblesses, tout s’y voit : « A mon arrivée près de ce nouveau général, nous dit Rochambeau, je me trouvai dans une société qui m’était fort étrangère ; ce prince était entouré d’aides de camp qui lui avaient été donnés dans sa petite maison par la fameuse Leduc, sa maîtresse en titre : tous ces messieurs aimaient leurs chevaux et ne voulaient les fatiguer que quand ils étaient commandés ou que le prince montait à cheval. […] Monseigneur, Ma vénération pour Votre Altesse Sérénissimes augmente à mesure qu’elle donne de nouvelles preuves de son zèle pour le service de Sa Majesté.
L’Europe, au sortir des troubles religieux et à travers les phases de la guerre de Trente ans, enfantait laborieusement un ordre politique nouveau ; la France à l’intérieur épuisait son reste de discordes civiles. […] Sans doute (et, au défaut des nombreux mémoires du temps, les anecdotes racontées par Mme de Sévigné elle-même en feraient foi), sans doute d’horribles désordres, des orgies grossières se transmettent encore parmi cette jeune noblesse à laquelle Louis XIV impose pour prix de sa faveur la dignité, la politesse et l’élégance ; sans doute, sous cette superficie brillante et cette dorure de carrousel, il y a bien assez de vices pour déborder de nouveau en une autre régence, surtout quand le bigotisme d’une fin de règne les aura fait fermenter. […] On ne disserte point comme autrefois, à perte de vue, sur le sonnet de Job ou d’Uranie, sur la carte de Tendre ou sur le caractère du Romain ; mais on cause ; on cause nouvelles de cour, souvenirs du siège de Paris ou de la guerre de Guyenne ; M. le cardinal de Retz raconte ses voyages, M. de La Rochefoucauld moralise, Mme de La Fayette fait des réflexions de cœur, et Mme de Sévigné les interrompt tous pour citer un mot de sa fille, une espièglerie de son fils, une distraction du bon d’Hacqueville ou de M. de Brancas. […] Vous savez que c’est un des plus honnêtes garçons qu’on puisse voir, et propre aux galères comme à prendre la lune avec les dents. » Le style de Mme de Sévigné a été si souvent et si spirituellement jugé, analysé, admiré, qu’il serait difficile aujourd’hui de trouver un éloge à la fois nouveau et convenable à lui appliquer ; et, d’autre part, nous ne nous sentons disposé nullement à rajeunir le lieu-commun par des chicanes et des critiques.
Tout se perpétue, tout se ranime chaque printemps, et rien ne se ressemble, et chaque coup de tes miracles est toujours nouveau. […] Il insista de nouveau, lui, si convenable toujours, comme un homme que l’inquiétude égare un peu, et qui ne prend pas garde de dissimuler. […] Hervé et Christel n’avaient pas besoin de confronter longuement leurs âmes, de s’en expliquer la source et le cours : On s’est toujours connu, du moment que l’on aime, a dit un poëte ; mais il est doux de se reconnaître, de faire pas à pas des découvertes dans une vie amie comme dans un pays sûr, de jouir jour par jour de ce nouveau, à peine imprévu, qui ressemble à des réminiscences légères d’une ancienne patrie et à ces songes d’or retrouvés du berceau. […] Un livre alors tout nouveau, et qu’il leur avait apporté, enchanta fréquemment les heures : c’étaient les Méditations poétiques ; plus d’une fois, en lisant ces élégies d’un deuil si mélodieux, il dut s’arrêter par le trop d’émotions et comme sous l’éclair soudain d’une allusion douloureuse.
Toutes ces semblables font maintenant ensemble une longue sensation continue ; leurs limites mutuelles se sont effacées ; l’expérience, comme une analyse chimique, a retiré une sensation élémentaire du groupe complexe où elle était incluse, pour la joindre à une sensation élémentaire absolument pareille et faire un composé nouveau, la sensation de son musical70. […] Toutes les analogies montrent qu’ici, comme dans le cas du son très grave, il y a des sensations élémentaires, et l’expérience scientifique vient confirmer ces inductions. — Soit une roue à deux mille dents qui fait une révolution, en une seconde ; elle donne deux mille chocs en une seconde et partant deux chocs en l/1000me de seconde ; si on lui ôte toutes ses dents, sauf deux contiguës, les deux chocs qu’elle donnera en tournant de nouveau n’occuperont que 1/1000me de seconde72. […] On voit par la roue de Savart qu’une seconde sensation élémentaire est, nécessaire et suffisante pour opérer cette extraction et faire le composé nouveau. […] Nouveaux essais sur l’entendement, éd.