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30. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

C’est dans l’enceinte même de la Grèce que l’on plaça d’abord la partie orientale appelée Asie ou Inde, l’occidentale appelée Europe ou Hespérie, la septentrionale, nommée Thrace ou Scythie, enfin la méridionale, dite Lybie ou Mauritanie. […] Ensuite, voyant l’Italie dans la même situation, ils la nommèrent Grande Hespérie. […] Les Grecs observèrent encore qu’il y avait eu partout un caractère poétique de bergers parlant en vers ; chez eux c’était Évandre l’Arcadien ; Évandre ne manqua pas de passer de l’Arcadie dans le Latium, où il donna l’hospitalité à l’Hercule grec, son compatriote, et prit pour femme Carmenta, ainsi nommée de carmina, vers ; elle trouva chez les Latins les lettres, c’est-à-dire, les formes des sons articulés qui sont la matière des vers. […] Les noms d’Hercule, d’Évandre et d’Énée passèrent donc de la Grèce dans le Latium, par l’effet de quatre causes que nous trouverons dans les mœurs et le caractère des nations : 1º les peuples encore barbares sont attachés aux coutumes de leur pays, mais à mesure qu’ils commencent à se civiliser, ils prennent du goût pour les façons de parler des étrangers, comme pour leurs marchandises et leurs manières ; c’est ce qui explique pourquoi les Latins changèrent leur Dius Fidius pour l’Hercule des Grecs, et leur jurement national Medius Fidius pour Mehercule, Mecastor, Edepol. 2º La vanité des nations, nous l’avons souvent répété, les porte à se donner l’illustration d’une origine étrangère, surtout lorsque les traditions de leurs âges barbares semblent favoriser cette croyance ; ainsi, au moyen âge, Jean Villani nous raconte que Fiesole fut fondé par Atlas, et qu’un roi troyen du nom de Priam régna en Germanie ; ainsi les Latins méconnurent sans peine leur véritable fondateur, pour lui substituer Hercule, fondateur de la société chez les Grecs, et changèrent le caractère de leurs bergers-poètes pour celui de l’Arcadien Évandre. 3º Lorsque les nations remarquent des choses étrangères, qu’elles ne peuvent bien expliquer avec des mots de leur langue, elles ont nécessairement recours aux mots des langues étrangères. 4º Enfin, les premiers peuples, incapables d’abstraire d’un sujet les qualités qui lui sont propres, nomment les sujets pour désigner les qualités, c’est ce que prouvent d’une manière certaine plusieurs expressions de la langue latine.

31. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

75 Le général Soult, qui ne le perdait pas de vue, le fit nommer colonel en novembre 1803, lors de la formation du camp de Boulogne. […] Nommé colonel du 10me de chasseurs à cheval au lendemain de Marengo, à l’âge de vingt-trois ans, Auguste Colbert allait prendre une part non moins active, sous Ney, à la première moitié de cette incomparable campagne de 1805. Lui aussi, il était nommé cette année-là général de brigade, dans la même promotion que Franceschi, et enfin il devait trouver en Espagne également le terme de sa courte et brillante carrière. […] Je ne craindrai pas de comparer ce document à la belle Instruction donnée par le maréchal de Belle-Isle à son jeune fils, le comte de Gisors, lorsqu’il fut nommé colonel. […] Il m’autorisa immédiatement à faire appeler un bon prêtre français qui était depuis longtemps à Carthagène (il se nommait M. 

32. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Ce personnage, alors inconnu et bien oublié de nos jours, qui s’appelait lui-même à travers le désert bruyant de son époque le Robinson de la spiritualité, que M. de Maistre a nommé le plus aimable et le plus élégant des théosophes, créature de prédilection véritablement faite pour aimer, pour croire et pour prier, Saint-Martin s’écriait, en s’adressant de bien loin aux hommes de son temps, dans ce langage fluide et comme imprégné d’ambroisie, qui est le sien : « Non, homme, objet cher et sacré pour mon cœur, je ne craindrai point de t’avoir abusé en te peignant ta destinée sous des couleurs si consolantes. […] Aussi, à part Paul et Virginie, que rien ne saurait atteindre, Lamartine  dispense à peu près aujourd’hui de la lecture de Bernardin de Saint-Pierre ; quand on nommera les Harmonies, c’est uniquement de celles du poëte que la postérité entendra parler. […] Saint-Martin, que j’ai nommé, n’aura jamais été probablement de sa bien étroite connaissance. […] Consolante perspective, digne du poëte religieux qui veut allier l’enchaînement et l’essor, la soumission et la conquête, et qui conserve en son cœur le Dieu individuel, le Dieu fait homme, le Dieu nommé et prié dès l’enfance, sans rejeter pour cela le Dieu universel et presque sourd qui régénère l’humanité en masse par les épreuves nécessaires ! […] Il ne conçoit les transformations de l’humanité, même la plus adulte, que sur le terrain de l’héritage du Christ, dans le champ sans limites, acheté et nommé de son sang, toujours en vue de la Croix, au pied de l’indéfectible mystère. — Tel nous apparaissait Lamartine, lorsqu’hier sa voile s’enflait vers l’Orient ; tel il nous reviendra bientôt, plus pénétré et plus affermi encore, après avoir touché le berceau sacré des grandes métamorphoses. 

33. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Elle se nommait Anne-Thérèse de Marguenat23 de Courcelles. […] Un ancien dit qu’il faut les regarder comme des amis malheureux… Songez que l’humanité et le christianisme égalent tout. » Le temps, évidemment, approche où de toutes part on parlera humanité et égalité ; elle a été des premières à s’occuper de ces choses, à les pressentir et à les nommer avant que Louis XIV eût disparu. […] Et tant d’autres pensées pour lesquelles Mme de Lambert mériterait d’être nommée le La Bruyère des femmes. […] Je n’ai fait en tout ceci que nommer Mme Necker, inscrire son nom à côté et en regard de celui de Mme de Lambert, pour marquer dès à présent mon dessein et ouvrir une vue. […] Elle signait de Marguenat, mais d’Hozier (Armorial) la nomme Le Marguenat.

34. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Nommé associé de l’Institut en 1796 et professeur d’histoire naturelle à l’école centrale de Tarbes, il eut quelques années favorables durant lesquelles il fut tout à la science et aux contrées de sa prédilection. […] C’était vers cet énorme rocher que les regards étaient sans cesse ramenés ; c’était lui que les guides s’obstinaient à nommer le Mont-Perdu. […] En 1800, Ramond rentra dans la vie politique : nommé au Corps législatif pour y représenter le département des Hautes-Pyrénées, il y prit la place qui était due à son caractère et à ses talents, et fut vice-président de cette assemblée. Les séances de l’Institut le partageaient également ; il les animait de ses vifs récits et de sa parole pittoresque ; il fut nommé membre résident (section d’histoire naturelle et de minéralogie) en 1802. […] Le département du Puy-de-Dôme le nomma un de ses représentants à la Chambre de 1815.

35. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Il fut d’abord nommé pasteur à Castres où il se maria. […] Jean-Bon Saint-André, quinze ans après environ, et déjà préfet de Mayence, ayant à prononcer un discours pour la première séance publique de la Société des Sciences et Arts dont on l’avait nommé membre (1804), y disait dans un sentiment de vérité et de modestie qu’il nous faut tout d’abord invoquer à sa décharge : « Citoyens, en paraissant pour la première fois au milieu de vous, étonné de la place que vos bontés m’ont assignée, je me demande à moi-même quels sont mes titres pour l’occuper. […] Il se considérait comme nommé par le peuple pour faire des choses radicales, extraordinaires, égalitaires, et pour les faire vite en fauchant les résistances. […] Nommé du Comité de Salut public lors du renouvellement en juillet 1793, il en devint aussitôt un des membres les plus actifs et les plus employés. […] Ses amis, toutefois, jugèrent prudent de l’éloigner, et on le fit nommer consul de France à Alger en 1795.

36. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Peu après, il fut nommé professeur suppléant d’Écriture sainte à la faculté de théologie de Paris, et alla demeurer en Sorbonne ; mais il n’eut point de cours à faire, et il aida bientôt comme second M. de Salinis, nommé alors aumônier du collège de Henri IV. […] Et la palme, et le phare, et l’oiseau qui s’envole                    Au sein de Dieu ; Jonas, après trois jours, sortant de la baleine,                    Avec des chants, Comme on sort de ce monde après trois jours de peine                    Nommés le temps. […] L’abbé Gerbet, comme Fléchier que j’ai nommé à son sujet, a un esprit de société plein de charme, de douceur et d’invention. […] Il y a longtemps que je me suis dit : Si l’on avait jamais à nommer un ecclésiastique à l’Académie française, comme je sais bien d’avance quel serait mon choix ! […] [NdA] L’abbé Gerbet n’a pas été nommé de l’Académie, mais il est évêque de Perpignan depuis le mois de décembre 1853.

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