Quand un de ces crimes publics, qu’on nomme exécutions judiciaires, a été commis, sa conscience lui a dit qu’il n’en était plus solidaire ; et il n’a plus senti à son front cette goutte de sang qui rejaillit de la Grève sur la tête de tous les membres de la communauté sociale. […] Vous comprenez qu’il est impossible d’envoyer à la Grève, dans une charrette, ignoblement liés avec de grosses cordes, dos à dos avec ce fonctionnaire qu’il ne faut pas seulement nommer, quatre hommes comme vous et moi, quatre hommes du monde ? […] On a pris dernièrement à Bicêtre un homme, un condamné à mort, un nommé Désandrieux, je crois ; on l’a mis dans une espèce de panier traîné sur deux roues, clos de toutes parts, cadenassé et verrouillé ; puis, un gendarme en tête, un gendarme en queue, à petit bruit et sans foule, on a été déposer le paquet à la barrière déserte de Saint-Jacques. […] À Saint-Pol, immédiatement après l’exécution d’un incendiaire nommé Louis Camus, une troupe de masques est venue danser autour de l’échafaud encore fumant.
Bossuet fut de bonne heure destiné à l’Église : tonsuré à l’âge de huit ans, il en avait treize à peine quand il fut nommé à un canonicat de la cathédrale de Metz. […] Et c’est alors que, tandis que Jésus descend le long de la montagne des Olives, il le présente touché au vif dans son cœur d’une tendre compassion, et pleurant sur la ville ingrate dont il voit d’avance la ruine ; puis, tout d’un coup, sans transition et par une brusque saillie qui peut sembler d’une érudition encore jeune, Bossuet s’en prend à l’hérésie des marcionites qui, ne sachant comment concilier en un seul Dieu la bonté et la justice, avaient scindé la nature divine et avaient fait deux Dieux : l’un purement oisif et inutile à la manière des épicuriens, « un Dieu sous l’empire duquel les péchés se réjouissaient », le Dieu qu’on a nommé depuis des bonnes gens ; et, en regard de ce Dieu indulgent à l’excès, ils en avaient forgé un autre tout vengeur, tout méchant et cruel : et aussi, poussant à bout la conséquence, ils avaient imaginé deux Christs à l’image de l’un et de l’autre Père. […] À treize ans on le nomma chanoine de Metz.
Nous savons à point nommé le jour où Monseigneur a pris le plus grand loup qu’il ait pris de sa vie (jeudi 24 octobre 1686, à Fontainebleau). […] [NdA] Dangeau, nommé ambassadeur en Suède, s’adressait à Chapelain pour lui demander s’il ne connaîtrait pas « quelque homme de bien et d’érudition qui pût, à des conditions honorables, lui tenir compagnie pendant son voyage de Suède, et lui servir soit par la conversation, soit par la lecture des bons livres anciens et modernes, le divertir des objets désagréables, etc. » C’est ce qu’on apprend d’une lettre (manuscrite) de Chapelain au marquis de Dangeau, datée d’avril 1671. Chapelain lui procura un jeune homme de mérite, nommé Falaiseau, qui l’accompagna également dans son ambassade près des princes de l’Empire (octobre 1672).
Au second chapitre de la Genèse, il est dit d’Adam « que le Seigneur Dieu ayant formé de la terre tous les animaux terrestres et tous les oiseaux du ciel, il les amena devant Adam, afin de voir comment il les appellerait : et le nom qu’Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable. » Mais cette langue primitive d’Adam est perdue ; et puis il s’agit ici de nommer les pareils d’Adam, ou, pour ne pas sortir de notre ton et de notre sujet, il s’agit de trouver une juste nomenclature à des esprits et des talents humains, matière essentiellement ondoyante et flottante, diversité et complication infinie. […] Taine nomme Stendhal ; il le citera surtout dans son livre des Philosophes, et le qualifiera dans les termes du plus magnifique éloge (grand romancier, le plus grand psychologue du siècle). […] Telle qu’elle est dans son magnifique débris, et plus mutilée qu’un temple de Paestum, son histoire nous apparaît encore la plus digne qui se puisse concevoir du peuple-roi, et quand Scipion l’Africain, s’adressant à son petit-fils dans ce beau songe, lui dit que « de tout ce qui se fait sur la terre, rien n’est plus agréable à ce Dieu suprême qui régit tout cet univers que les réunions de mortels associés par les lois et que l’on nomme cités », il lui désigne en effet l’empire romain, la merveille de cette république et de cet empire tel que Virgile l’a rassemblé en idée sur le bouclier divin de son héros, et tel que le seul Tite-Live le décrira.
Succédant à la génération puissante et féconde des Lagrange, des Laplace, des Monge, venant aussitôt après en tête des générations qui comptèrent avec honneur dans leurs rangs les Poisson, les Malus, les Gay-Lussac, les Ampère, les Poinsot, les Cauchy, les Fresnel, les Arago, il embrassa par l’étendue et la curiosité de son esprit la totalité des connaissances et des découvertes de ses devanciers et de ses contemporains ; il prit une part active, incessante, à tous les travaux de la science de son temps par ses recherches, par ses perfectionnements, par ses applications et ses allées et venues fréquentes d’une branche à l’autre, par ses remarques diverses, multipliées, et ses additions successives, par ses exposés et ses traités généraux que distinguent la netteté et même l’élégance ; mais il inventa peu, moins qu’aucun de tous ceux que je viens de nommer, et dont quelques-uns n’étaient peut-être pas appréciés par lui à leur juste valeur. […] Biot trouve de nobles paroles pour caractériser ce nouvel effort héroïque d’où sortirent l’École polytechnique dans sa première forme plus ouverte et plus libre que depuis, et surtout l’École normale d’alors qui dura peu, mais qui donna, dans cette résurrection des esprits, une impulsion puissante et décisive, — assez pour que sa destinée fût remplie : « On voulut qu’une vaste colonne de lumière sortit tout à coup du milieu de ce pays désolé, et s’élevât si haut, que son éclat immense pût couvrir la France entière et éclairer l’avenir… Ce peuple, qui avait vu et ressenti en peu d’années toutes les secousses de l’histoire, était devenu insensible aux impressions lentes et modérées ; il ne pouvait être reporté aux travaux des sciences que par une main de géant. » Ces géants civilisateurs et pacifiques qui remirent alors en peu de mois l’édifice entier sur ses bases, se nommaient Lagrange, Laplace, Monge, Berthollet… moment immortel ! […] Biot, je la diviserais en quatre ou même en cinq périodes : la première, comprenant toute sa jeunesse, ses études d’École polytechnique, et les années qui suivirent, jusqu’à son entrée à l’Académie des Sciences en 1803 ; — la seconde, depuis 1803 jusqu’en 1822, époque où Fourier fut nommé secrétaire perpétuel de l’Académie à la place de Delambre (je dirai pourquoi cette nomination de Fourier fait époque dans la vie de Biot) ; — la troisième, durant les dernières années de la Restauration et jusqu’à l’avènement d’Arago au secrétariat perpétuel, en remplacement de Fourier ; — la quatrième, sous ce règne et cette dictature d’Arago ; — la cinquième, dans sa vieillesse heureuse et délivrée.
Delécluze, connu des gens de lettres et des artistes ne l’est guère du public ; car, bien qu’il écrive depuis tant d’années, il n’est pas, je le répète, un de ces écrivains qu’il suffit de nommer ; il n’a jamais eu de ces rencontres brillantes de plume qui éclatent aux yeux de tous sous forme de talent. […] Le jeune Étienne est si naturellement le centre de tout ce qu’il raconte, — tout ce qui arrive, arrive si à point nommé pour le progrès et le bonheur d’Étienne, qu’on finit par s’y accoutumer. […] C’est un nommé de Lavoipière, dont j'ai sous les yeux une curieuse lettre par laquelle il sollicite du Président de la République, le prince Louis-Napoléon, en juillet 1852, une place de conservateur des Musées.
Le seigneur nomme un bailli gruyer et voyer, qui est M. […] Il peut nommer 12 notaires ; de fait il n’y en a qu’un, à Blet ; « encore n’est-il pas occupé », c’est Baujard, procureur fiscal. […] Il nomme un sergent ; mais depuis longtemps ce sergent ne paye aucun fermage ni loyer.