Molière fut également à même d’étudier de ses propres yeux l’art et les représentations théâtrales des comédiens de cette nation, puisque, de 1660 à 1673, la troupe de Joseph de Prado, entretenue par la reine Marie-Thérèse, alternait avec les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, tout comme les Italiens avec Molière au Palais-Royal.
Le roi était tout-puissant sur la nation par sa gloire, par le noble usage qu’il faisait de sa gloire même : Molière était tout-puissant près du roi par le plaisir qu’il donnait à la cour, par la louange, par le concert de louanges que Racine et Boileau, ses jeunes amis, guidés par ses conseils et son exemple, prodiguaient à l’envi au monarque.
Peut-être la Nation, revenue de son premier enthousiasme, verra-t-elle tout-à-coup s’élever au milieu d’elle un nouvel Aristophane ou un nouveau Lucien, qui achevera de lui ouvrir les yeux, & de la guérir d’une contagion, dont les effets ont passé rapidement du burlesque au tragique.
On y voit enfin Démosthène ainsi que dans ses Philippiques, parce que le sublime est de tous les temps, de toutes les nations, & qu’il se soutient sans le stile, comme le diamant brille sans la monture.
Son stile est toujours empoulé, & se sent du génie de sa nation.
Il passa quelque temps en Italie, en Espagne, & fit, dans la langue de ces deux nations, des vers d’une diction si pute, qu’on les prit pour ceux de leurs meilleurs poëtes.
Ce grand poëte, celui de tous qui fait le plus d’honneur à sa nation par l’élégance, par la correction & l’harmonie qu’on remarque dans ses poësies, se sentit alors moins maître que jamais de sa fureur.