Avant lui, notre Nation étoit réduite à admirer chez les Anciens ou les Etrangers les beautés du Poëme épique : Fénélon parut, & nous lui dûmes la gloire de pouvoir offrir un chef-d’œuvre capable de surpasser peut-être, ou du moins de balancer la gloire de ceux qui l’avoient précédé. […] M. de Sacy ne fut contredit par personne, lorsqu’il dit que le Télémaque étoit un Poeme epique, qui mettoit notre Nation en état de n’avoir rien à envier de ce côté-là aux Grecs & aux Romains. […] Elle enseigne l’art de gouverner des Nations différentes, les moyens de conserver la paix avec ses voisins, d’affermir un Royaume au dehors par des forces toujours prêtes, de lui donner de l’activité au dedans par des ressorts bien concertés, de l’enrichir par le commerce & l’agriculture, d’en écarter le luxe, d’en prévenir la corruption & l’indépendance par de sages loix. […] Son grand principe, d’après la Religion chrétienne, est de rappeler tous les hommes à la concorde & à l’union, d’établir entre eux une correspondance de secours mutuels, d’émouvoir tous les cœurs en faveur de l’humanité, & de les intéresser au sort des malheureux, de quelque Nation qu’ils soient.
La manière de traduire les auteurs en général, & les poëtes en particulier, a été un double sujet de dispute chez la nation laborieuse, pesante, mais souvent utile des traducteurs. […] Selon lui, les beautés du goût de toutes les nations doivent être conservées : mais il ne juge pas qu’il en soit de même de certaines beautés locales, que des allusions, à des usages particuliers, empêchent d’être senties partout, & rendent le plus souvent des énigmes insipides. […] Le comte de Roscommont, dans son poëme sur la manière de traduire, reproche aux traducteurs de notre nation d’être d’ennuyeux & froids paraphrastes ; « un trait, dit-il, une pensée, que nous renfermons dans une ligne, suffiroit à un François pour briller dans des pages entières. » Les circonlocutions & les paraphrases sont des défauts communs à tous les traducteurs. […] Le président Bouhier a pour lui l’exemple des nations voisines.
Réflexions sur l’usage et sur l’abus de la philosophie dans les matières de goût L’esprit philosophique, si célébré chez une partie de notre nation, et si décrié par l’autre, a produit dans les sciences et dans les belles-lettres des effets contraires. […] Les beautés de cette espèce ne sont que du second ordre, car ce qui est grand est préférable à ce qui n’est que fin ; elles sont néanmoins celles qui demandent le plus de sagacité pour être produites, et de délicatesse pour être senties ; aussi sont-elles plus fréquentes parmi les nations chez lesquelles les agréments de la société ont perfectionné l’art de vivre et de jouir. […] La simplicité de nos aïeux était peut-être plus fortement remuée par les pièces monstrueuses de notre ancien théâtre, que nous ne le sommes aujourd’hui par la plus belle de nos pièces dramatiques ; les nations moins éclairées que la nôtre ne sont pas moins heureuses, parce qu’avec moins de désirs elles ont aussi moins de besoins, et que des plaisirs grossiers ou moins raffinés leur suffisent : cependant nous ne voudrions pas changer nos lumières pour l’ignorance de ces nations et pour celle de nos ancêtres.
Toutefois il écrivit à Léon X, par l’intermédiaire de Vettori, son ami, ambassadeur de Florence à Rome, ces lettres remarquables sur la politique papale, qui dénotent une connaissance presque providentielle des divers intérêts des grandes nations. […] Mais il y a quelque chose de plus étrange encore, et qui montre dans cette vigoureuse imagination aux prises avec l’indigence et l’abandon de sa patrie l’énergie légère et vicieuse des nations de ce pays et de ce temps. […] Les trente-trois révolutions de ce royaume attestent la convoitise de toutes les nations sur cette magnifique proie des ambitions dynastiques ; elles attestent aussi sa propre légèreté et sa propre turbulence. Nation légère comme la Grèce sa mère, superstitieuse comme l’Espagne sa nourrice, héroïque par accès comme les Normands ses conquérants, intelligente et vive comme des Français de l’Italie, à la fois servile et frémissante envers les papes ses voisins, qui la revendiquaient comme un fief de Rome, cette nation, par la souplesse de son caractère et par la promptitude de son esprit, était admirablement apte à modifier ses institutions selon le caractère de ses dynasties passagères. […] Le jeune roi, menacé de perdre sa nationalité et son indépendance sous l’envahissement sans bornes du Piémont, tient encore le royaume de Naples en équilibre ; l’esprit de nation lutte contre l’esprit de révolution : qui l’emportera ?
Cette origine, c’est le latin ; cette division en dialectes est un effet de la féodalité, qui avait constitué, sur le sol français, des nations distinctes, parlant un langage différent. […] Notre langue suit la destinée de la nation. […] Quand la royauté sera maîtresse, ou plutôt quand la nation se sera constituée en corps par la réunion de tous ses membres, le dialecte de l’Ile-de-France absorbera tous les autres ; il n’y aura qu’une langue, comme il n’y aura qu’une nation. […] Louis IX entreprit la dernière sans la nation. […] Mais pourquoi les littératures iraient-elles plus vite que les nations ?
Deux sons semblables au bout de deux lignes égales ont toujours consolé les plus cuisantes peines ; la vieille Muse, après trois mille ans, est une jeune et divine nourrice, et son chant berce les nations maladives qu’elle visite encore, comme les jeunes races florissantes où elle a paru. […] — Pure envie, avarice, orgueil. — Il a donné tout ; mais il est mort auparavant. — Est-ce que dans toute la nation le doyen n’avait pas — quelque ami méritant, quelque parent pauvre ? […] Un ministre est un entremetteur qui, ayant prostitué sa femme ou clabaudé pour le bien public, s’est rendu maître de toutes les places, et qui, pour mieux voler l’argent de la nation, achète les députés avec l’argent de la nation. […] Et l’argent circulerait entre nous, ce produit étant uniquement de notre crû et de nos manufactures. — Troisièmement, ce serait un grand encouragement au mariage, que toutes les nations sages ont encouragé par des récompenses ou garanti par des lois et pénalités. […] And had the dean in all the nation No worthy friend, no poor relation ?
Comme il arrive toutes les fois qu’un peuple politique soumet une nation où la loi civile et la loi religieuse se confondent, les Romains étaient amenés à prêter à la loi juive une sorte d’appui officiel. […] La situation était à peu près celle des villes saintes de l’Inde sous la domination anglaise, ou bien encore ce que serait l’état de Damas, le lendemain du jour où la Syrie serait conquise par une nation européenne. […] » Mais les nations ont leur responsabilité comme les individus. Or si jamais crime fut le crime d’une nation, ce fut la mort de Jésus. Cette mort fut « légale », en ce sens qu’elle eut pour cause première une loi qui était l’âme même de la nation.