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370. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

  « Voici une lettre (d’août 1819) que je copie tout entière, après avoir préalablement donné les explications nécessaires pour la rendre intelligible. […] « “J’ai songé qu’après l’hiver laborieux que je viens de passer, quelques jours de campagne me seraient bien nécessaires ! […] … « Encore merci de ta lettre, et pardonne au pauvre artiste le découragement qui l’a rendue nécessaire. […] Les Bourbons reviennent, le gouvernement parlementaire les laisse tomber et fuir jusqu’à Gand ; Waterloo les rend nécessaires pour sauver la nation ; le gouvernement parlementaire abandonne Bonaparte à Sainte-Hélène ; il fait du gouvernement de Louis XVIII un tiraillement sans repos pendant tout son règne. […] L’unité de volonté est nécessaire même dans la république.

371. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Ce drame de Wotan n’est donc point, ainsi qu’il pourrait paraître, parallèle à l’autre, il en est l’âme même ; la suite des aventures est ici fortuite, et n’a un sens nécessaire et éternellement vrai que vue réfléchie dans l’âme de Wotan, laquelle est devenue la seule chose essentielle. […] Mais pour les œuvres de la maturité de Wagner il y a cette difficulté spéciale, c’est que ce sont bien des drames, mais que ces drames s’éloignent à tel point de notre théâtre moderne et de toutes les idées généralement reçues sur l’art dramatique, que les éléments nécessaires à leur réalisation scénique font défaut. […]   Après cette digression malheureusement nécessaire, je retourne à la question du Wagnérisme eu France. […] l’a-t-on dévoilée avec les soins nécessaires, et tous les ménagements qu’il fallait, aux yeux faibles ? […] Œsterlein est forcé de gagner, par un travail qui occupe ses heures, l’argent qu’il dépense pour son Musée : il ne peut ni étendre l’espace qu’il y a réservé, ni disposer du loisir nécessaire.

372. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Dans la dédicace à elle adressée, où il est fait allusion à la victoire de Rocroi, Mézeray dit galamment : « Ces belles mains qui ont pris le gouvernail de l’État en ont charmé les tempêtes. » Dans la préface, après avoir payé un ample tribut à ses auxiliaires par le burin et à ses collaborateurs, il en vient à parler de sa composition même : Quand j’ai entrepris ce long et pénible ouvrage, ma première intention n’était pas de le faire si ample ni de si grande étendue qu’il est ; je ne le voulais composer que des pièces et des appartements les plus nécessaires ; mais il s’est trouvé qu’en travaillant j’ai insensiblement changé de dessein… Tant de rois et de grands seigneurs n’ont pas pu s’accommoder en un si étroit logement, et je n’ai point vu de raison pourquoi je dusse omettre une guerre ou une affaire plutôt qu’une autre. […] Si les héros, d’ailleurs, n’ont pas tenu exactement les discours que l’historien leur prête, ils ont dû les penser ; et ces considérations en général sont si nécessaires que l’historien, s’il ne les mettait dans leur bouche, serait obligé de les faire lui-même pour son compte. […] C’est une œuvre nécessaire et qui ferait la réputation d’un littérateur, puisque aujourd’hui nous en sommes réduits à faire notre inventaire, dernière œuvre des siècles littéraires.

373. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

L’origine était peu de chose : un grand-père, né de quelque honnête marchand, de quelque commis au greffe, avait commencé la fortune, humblement, laborieusement ; il s’était élevé degrés par degrés, en passant par tous les bas et moyens emplois, en se faisant estimer partout, en se rendant utile, nécessaire, en sachant mettre à profit les occasions ; il avait à la fin percé, il était arrivé, déjà mûr, à quelque charge honorable et y avait assez vieilli pour confirmer son bon renom : il avait eu un fils, pareil à lui, mais qui, né tout porté, avait pu appliquer dès la jeunesse les mêmes qualités à des objets en vue et en estime, à des affaires publiques et d’État. […] Chéruel a-t-il cru nécessaire de bien définir ces termes, et il a pris occasion de là pour tracer, dans son excellente introduction, une histoire abrégée de ce qu’on appelait en général Conseil d’État, et des divers démembrements ou divisions auxquels il donna lieu dans la suite des temps. […] Le temps fera raison à ce grand homme de toutes ces injures, et ceux qui le blâment aujourd’hui connaîtront peut-être à l’avenir combien sa conduite eût été nécessaire pour achever la félicité de cet État, dont il a jeté tous les fondements.

374. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Dans les discours familiers que le sieur de Verjus pourra avoir avec les députés bien intentionnés de la Diète, Sa Majesté a jugé avec beaucoup de raison qu’il serait bon qu’en même temps que ledit sieur de Verjus s’expliquerait avec la hauteur et la fermeté nécessaires pour faire connaître au corps de la Diète qu’elle n’est pas pour rien changer aux ordres qu’elle a donnés, il fut en état de faire connaître que Sa Majesté garde toute la modération et toute la justice que l’on peut raisonnablement désirer d’elle. » Louvois, en donnant ainsi des ordres à un envoyé diplomatique, empiétait d’ailleurs sans façon sur son collègue M. de Croissy, qui avait succédé lui-même au trop mou et trop modéré Pomponne dans le département des Affaires étrangères : il faisait acte de dictature diplomatique. […] Louvois écrivait donc à l’intendant, pour ne pas rester démuni de pièces dans son dire : « Il est important que si vous n’avez point fait d’impositions sur ce lieu, ou que vous n’en ayez pas gardé de copies, vous ne laissiez pas de m’envoyer des copies d’ordres et d’impositions faites sur la seigneurie de Traerbach et sur quelques autres lieux de la seigneurie de Sponheim, dont le roi est en possession, lesquelles vous daterez d’entre le Ier mai 1681 et le 10 juillet, et me les enverrez par le retour de ce courrier, avec cette lettre que vous me renverrez aussi en même temps, observant de faire en sorte que personne ne puisse avoir connaissance de ce que je vous mande. » Cela fait et les pièces réelles ou fictives obtenues, il était tout naturel que Louvois pût écrire à M. de Croissy, son collègue des Affaires étrangères, et qui ne voyait, de tout ce manège, que la surface : « Vous trouverez dans ce paquet les pièces nécessaires pour mettre M. de Crécy (le ministre qui représentait la France près de la Diète) en état de faire voir aux députés à la Diète de Ratisbonne que le roi a été en possession de Traerbach auparavant le 1er août 1681. […] Ces trésoriers avaient coutume d’envoyer les fonds nécessaires au moyen de lettres de change payables à Strasbourg, et ce n’était pas ici le compte, puisqu’on allait agir contre Strasbourg même.

375. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

L’Antiquité grecque, son théâtre avec son génie et son style, mieux compris, ont donné les points nécessaires, les hauteurs essentielles pour les mesures comparées. […] Le goût, dans sa délicatesse et ses promptitudes de fatigue, peut gémir que tant d’appareil critique, grammatical, philologique, etc., soit devenu nécessaire, et qu’il faille dresser toute cette immensité d’échafaudage pour quatre ou cinq chefs-d’œuvre, les seuls qu’on relise et qui vivront ; mais la science ne fait point de ces partages, dès qu’elle prend les choses en main ; elle établit sa méthode et ne souffre pas de choix ni d’exception. […] Il n’est pas nécessaire d’être poète pour la juger ; il suffit de connaître les hommes et les choses, d’avoir de l’élévation et d’être homme d’État. » Et s’animant par degrés : « La tragédie, disait-il, échauffe l’âme, élève le cœur, peut et doit créer des héros.

376. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Je dois tout d’abord vous dire que j’ai trouvé la plupart des renseignements techniques qui m’étaient nécessaires dans les papiers que m’a laissés mon père. […] La justification nécessaire de son livre Rome, à propos duquel on le taxait de compilateur, reste en même temps, un excellent aveu de ses procédés préférés : « Me voilà donc forcé de répéter, une fois de plus, quelle est ma méthode de travail. […] Flaubert, dira-t-on, fut le premier à recourir à l’Érudition, autant qu’elle lui fut nécessaire : « Il lisait alors (1874) dit le docteur Michaut (in Chronique médicale, 1901, 1er août, p. 487) l’Histoire de la médecine de Daremberg, la Création naturelle de Hæckel, le Manuel de Phrénologie de la collection Roret, des articles du dictionnaire Jaccoud, etc., sans doute conseillé dans ses lectures par le docteur Pouchet (de Rouen) ; Bouvard et Pécuchet lui demandait une documentation très variée, et il ne reculait, on le sait, devant aucune lecture, si technique fût-elle… » Mais les données que lui fournit ce genre de recherches ne furent jamais pour lui qu’un point de départ, et leur assimilation tellement parfaite qu’il est impossible de retrouver en son œuvre leurs traces textuelles.

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