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635. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Les ténors meurent à la peine ; un final d’opéra ressemble maintenant à des rumeurs de bataille. […] Quand la mort viendra le réclamer, il mourra tout entier, et nos enfants ne sauront même plus son nom. […] L’inquisition est morte, et la terre tourne. […] Il y a péril de vie, mais, si l’on meurt, on est certain, du moins, que c’est pour la bonne cause. […] Puis, de ci de là, les volontaires, les enfants perdus, comme vous, comme moi, un peu indisciplinés peut-être, mais aimant le drapeau jusqu’à mourir pour lui.

636. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

disaient les dames et les peureux (car en une ville il y a d’uns et d’autres), que ferons-nous, si notre gouverneur meurt ? […] Il mourut dans sa maison d’Estillac en Agenois, en 1577. […] Ces idées graves lui revinrent plus présentes dans l’inaction forcée à laquelle le condamnait la vieillesse ; de ses quatre enfants mâles, il en avait vu mourir trois avant lui pour le service du roi ; il prévoyait pour la France et pour son pays de Guyenne de nouvelles guerres et de nouveaux malheurs.

637. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

On assure qu’en décembre 1702, en apprenant l’ordonnance de M. de Meaux contre son dernier livre (la traduction du Nouveau Testament, imprimée à Trévoux), Richard Simon disait : « Il faut le laisser mourir, il n’ira pas loin. » L’oratorien déjà philosophe semblait confesser par là qu’il ne reconnaissait et ne redoutait véritablement qu’un docteur, celui qui pouvait, le dernier, s’appeler un maître en Israël. […] La maladie dont Bossuet mourut, et dont il avait ressenti les premières atteintes depuis quelques années déjà, était la pierre : Le Dieu ne nous fait grâce d’aucune particularité. […] Tant de gens, avant de mourir, traduisent Horace en vers, uniquement parce qu’ils l’ont traduit jeunes, que cela nous fait comprendre que Bossuet ait voulu rendre ce dernier hommage aux psaumes.

638. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Quoi qu’il en soit, et vous en jugerez tout à l’heure, messieurs, le concours a eu de la vie, et la poésie qu’on y couronne n’est pas une poésie froide et morte. […] Quand il fait dire à chaque portion souffrante de la société et de la famille, à l’enfant, à la jeune fille, à l’épouse indigente, à l’aïeule glacée, quand il leur fait dire tour à tour à chacun : Cherchez l’or, nous en avons besoin pour vivre, pour grandir, pour travailler même et avoir toutes nos vertus, pour vieillir et pour mourir, — il a touché les fibres de tous et il arrache des larmes. Ce passage éloquent et tout semé d’images poétiques a enlevé les suffrages du jury : qu’il enlève aussi les vôtres, messieurs ; car la pièce entière ne pouvant vous être lu, comme va l’être tout à l’heure la première, je demande au moins à vous en dire le plus bel endroit :     Cherchez l’or, dit l’enfant qui souffre ;     Au travail, joug prématuré,     Je meurs ; — ni le beau ciel doré Ni le bel arbre vert ne viennent, à ce gouffre.

639. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Fauris de Saint-Vincens, ami de Vauvenargues et de trois ans plus jeune que lui, était fils d’un conseiller à la Cour des comptes de Provence, et devint à son tour conseiller, puis président à mortier au parlement de la même province ; il ne mourut qu’en 1798 et était connu pour un érudit et un antiquaire des plus distingués, associé correspondant de l’ancienne Académie des inscriptions et belles-lettres. […] Dans une lettre à Saint-Vincens, après la maladie de ce dernier, et en réponse à un récit que le convalescent paraît lui avoir fait de ses dispositions et impressions en présence de la mort, on lit : Je ne suis point surpris de la sécurité avec laquelle tu as vu les approches de la mort ; il est pourtant bien triste de mourir dans la fleur de la jeunesse ! […] Une de ses amères douleurs renfermées fut toujours de ne pouvoir se relever et s’acquitter, avant de mourir, des obligations qu’il avait contractées.

640. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

 » En retournant aux Pyrénées en toute hâte pour y faire son métier et y mourir, Dagobert emportait un plan hardi qu’il avait fait agréer de Carnot, un projet de coup de main sur Gironne, qui aurait forcé les Espagnols, tournés et menacés sur leurs derrières, à rétrograder et à repasser les monts. […] Le mépris de la mort en était arrivé chez eux à ce point « qu’il n’en mourait guère, dit une Relation officielle, sans avoir sur les lèvres un bon mot qui renfermait un vœu pour la patrie » Tels étaient les soldats que Dagobert léguait en mourant à la France. […] Vivre et mourir comme ces hommes du devoir et de la patrie, cela ne vaudrait-il pas mieux que de se livrer, comme de nouveaux Byzantins, à des luttes académiques acharnées, à des douzième et treizième tours de scrutin sans résultat, qui obligent à la nuit tombante les deux armées à dormir en quelque sorte épuisées sur le champ de bataille ?

641. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Produit par Colbert, dont son père avait l’intime confiance, successivement intendant à Pau, à Poitiers et à Caen, puis conseiller d’État, il mourut en 1721 à l’âge de soixante-dix-huit ans. […] Quand il mourut, la Gazette de France parla de lui comme du plus vieux militaire de son temps et du plus ancien magistrat.  […] Le temple démoli, et privés de leurs ministres ordinaires, qui étaient relégués, par ordre, au moins à six lieues de là, les protestants de Montauban se voyaient obligés d’envoyer leurs enfants à quelque ville voisine pour y être baptisés, et souvent ces nouveau-nés mouraient en chemin.

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