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1346. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

J’ai nommé Victorin Fabre, et cet écrivain honorable, qui s’annonçait avec tant de promesses, que tant de bons juges désignaient sans hésiter à la gloire, et qui s’est éteint tout entier oublié, mérite bien un mot de moi. […] Si dans Tycho-Brahé qu’il effleure, dans Leibnitz, dans Gibbon, n’importe où, à côté de lui, il y a un mot, un détail qui prête à l’imagination, à l’émotion du critique, soyez sûr qu’il ne le manque pas ; il le dégage comme le point à faire saillir et à éclairer. […] Devant tous l’instinct l’emporte, la verve s’en mêle, le mot jaillit. […] En son bel article sur Byron, déjà cité, il offense, il évince presque en deux mots du rang des vrais poëtes le tendre et profond Cowper, le sublime Wordsworth ; il les rejette négligemment parmi les esprits singuliers et maladifs, êtres sans puissance sur l’imagination des autres hommes. […] (Ce dernier mot est de Salvandy.) » 116.

1347. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

» Ce mot est le seul de la lettre qui fasse allusion à l’état des événements publics. […] En un mot, Gustave réussit véritablement à laisser dans l’âme du lecteur, comme dans celle de Valérie, ce qu’il ambitionne le plus, quelques larmes seulement, un de ces souvenirs qui durent toute la vie, et qui honorent ceux qui sont capables de les avoir. […] Si l’on a pu dire de la conversion de quelques âmes tendres à Dieu : C’est de l’amour encore, il semble que le mot aurait dû être trouvé tout exprès pour elle. […] Quelques mots engagés à la rencontre, n’importe à quel sujet et en quel lieu, servaient de texte, et sur un escalier, sur un perron, au seuil d’un appartement, l’entretien tournait vite en prédication. […] » elle se contentait, après les premiers mots, de faire un geste vers Empeytas qui répondait : « Je vous expliquerai cela ; » et le vent de l’inspiration tournait, et de l’explication il n’en était jamais question davantage.

1348. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

En un mot, le processus psychique est toujours un processus triple. […] le mot organisation renferme une ambiguïté ; mais si l’on remarque que par ce mot on entend la totalité des conditions nécessaires, non moins que la constitution organique, on comprendra facilement que la vie est proportionnelle à l’organisation. […] Le mot conscience a un sens très vague ; le plus général est sensation. […] Lewes raconte que, étant entré dans un restaurant, il y trouva un garçon endormi au milieu du bruit ; qu’il l’appela vainement par son nom et par son prénom, mais dès qu’il eut prononcé le mot « garçon !  […] Carus disait ironiquement que le mot réflexe était une clef pour débrouiller toutes les serrures.

1349. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Les mots volent nombreux, serrés, rapides comme des flèches. […] Le langage même a varié ; les mêmes mots ne signifient plus les mêmes choses. […] A ce mot, le baron chancelle, comme si l’hôtel croulait sur sa tête. […] Elle peut la couper d’un geste ; elle peut, d’un mot, la siffler, comme une mauvaise bouffonnerie. […] Il y circule plus de calembours que de paradoxes, et les mots que servent ces dames ne sont pas précisément des primeurs.

1350. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quinet, Edgar (1803-1875) »

Il n’a jamais pris pour lui le mot insolent et cruel, trop accepté, comme tant de mots : « Les Français n’ont pas la tête épique ».

1351. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Trimouillat, Pierre (1858-1929) »

Alexandre Boutique Bon sens et logique, ces frère et sœur… syntaxe remarquable et, par conséquent, clarté… recherche du trait de caractère, de préférence à la charge vaudevillesque et aux ridicules de pure extériorité… Tous mots trouvant le mot et ne cousinant point avec le calembour, ce parent pauvre… enfin, ce que tant de chansonniers négligent — sans préjudice d’ailleurs pour leur succès à l’interprétation : une composition rigoureuse tenant compte de trois points, sans quoi il n’est pas d’œuvre en aucun genre, depuis l’article jusqu’au drame ; une facture éloignant toute idée de ces nuls couplets dits — ô ironie ! 

1352. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Ici, dans ses confidences politiques de chaque jour, il s’abandonne, il parle non seulement sa langue, mais celle qui se parle autour de lui, et, au milieu de ces révélations trop vraies et dont les tristes parties appelleraient le burin d’un Tacite, il a de ces mots qui trahissent le jargon des boudoirs de Bellevue ou de Babiole6, écaniller, trigauder, brûler la chandelle par les deux bouts, etc. […] Il y a là un sentiment de dignité avant tout et de haute convenance nationale, d’honneur de couronne, comme on disait alors, lequel sentiment est au cœur de Marie-Thérèse et que Bernis n’a pas : il raisonne dans toutes ses lettres à peu près comme Mme de Maintenon dans celles qu’elle écrivait à la princesse des Ursins, et où le mot de paix revient à chaque page. […] Et puis Bernis conclut par quelques mots, ou du moins il rend justice au génie, si plein de ressort, de la race française : « Il faudrait changer nos mœurs, s’écrie-t-il, et cet ouvrage, qui demande des siècles dans un autre pays, serait fait en un an dans celui-ci, s’il y avait des faiseurs. » Cette remarque est profondément vraie, en l’appliquant je ne dis pas aux mœurs, mais aux sentiments et à l’esprit de notre nation, qu’on a vue plus d’une fois se retourner tout d’un coup et en un instant sous une main puissante. […] En un mot, je ne réponds plus de mon travail si le roi n’a la bonté de me promettre de me soulager promptement. […] « Il n’y a qu’un ministre nouveau qui puisse prendre de nouveaux engagements. — Le duc de Choiseul est le seul qui puisse soutenir le système du roi ou le dénouer. » Telle est l’idée juste de Bernis ; mais, en tant qu’il se l’appliquait personnellement et qu’il la retournait contre lui-même, cette idée lui devenait un remords poignant et insupportable, et c’est ce qui explique ce mot de déshonneur qui revient si souvent sous sa plume : Souvenez-vous, écrit-il à Mme de Pompadour (dans la soirée du 26 septembre), qu’il est impossible que ce soit moi qui sois chargé de rompre les traités que j’ai faits.

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