Mais la pensée d’où il est éclos a un tel caractère de beauté morale, et en même temps les circonstances extérieures où il se déroule ont un tel air de réalité, qu’on est tenté de se demander : Pourquoi pas ?
Et, sans doute, le critique « impressionniste » semble ne décrire que sa propre sensibilité, physique, intellectuelle et morale, dans son contact avec l’œuvre à définir ; mais, en réalité, il se trouve être l’interprète de toutes les sensibilités pareilles à la sienne.
Or, il est évident que par tout le reste de son œuvre, Attila, Saint Paul, Mahomet et les poèmes couronnés par l’Académie, M. de Bornier est « un monsieur bien sage », je veux dire un excellent littérateur de plus de noblesse morale que de puissance expressive, poète par le désir et l’aspiration, mais un peu inégal à ses rêves.
C’était l’ennemi du faux en toutes choses, du faux goût, du faux savoir ; du faux en morale, en politique, en littérature, en conversation ; l’ennemi des esprits faux et des cœurs faux.
Celui que ce livre nous confesse est atteint plus profondément que dans son intelligence ; il est malade de la volonté et de la sensibilité, il se sait vaguement frappé au centre de son être et s’entend à démêler dans la contemplation de sa ruine morale les plus secrets symptômes.
Les esprits bornés, dit Aristote dans sa Morale, font une maxime, une règle générale, de chaque idée particulière.
Pourquoi voir une crise morale, une dévastation de conscience, dans un état d’âme qui est après tout la seule manière raisonnable de juger la vie ? […] De là la dissonance morale que produit la passion d’Atala et surtout l’incroyable histoire de René. […] On s’en plaint tout haut, et personne n’ose plus reprocher à la morale d’être monotone, depuis que le vice lui-même rabâche. […] Ce que voulait faire l’auteur relève de la littérature ; ce qu’éprouve le lecteur relève de la morale. […] La vie morale et la vie physique sont des manifestations égales qui se transforment et se mêlent.