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1915. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Qu’elle me passe les operas que j’ai faits, pour les traductions qu’elle a faites de l’eunuque et de l’amphitrion, de quelques comedies grecques d’aussi mauvais exemples, et des odes d’Anacréon, qui ne respirent qu’une volupté dont la nature même n’est pas toûjours d’accord : soyons raisonnables ; il me semble que cela vaut bien quelques operas, qui sont des ouvrages très-modestes, et presque moraux, en comparaison de ceux que je cite. à l’égard des romans qu’elle suppose que j’ai lûs, mettons-les pour les deux cens fois qu’elle a lû avec plaisir quelques pieces du cynique Aristophane. […] Il y en a de raisonnables et de vrai-semblables, où l’on fait parler les dieux et les hommes ; il y en a de morales sans vraisemblance, où l’on fait parler les animaux et les plantes, en leur prêtant les moeurs et les sentimens des hommes ; et enfin, il y en a de mixtes, où l’on mêle ensemble ces deux sortes de personnages.

1916. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il est comme un Sphinx moral que chacun veut deviner, ou du moins étudier. […] Il y avait aussi les injures morales, plus insolentes et plus cruelles, parce qu’elles atteignaient plus encore l’homme que l’acteur.

1917. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Ce sont donc des domaines séparés dans lesquels chaque chose doit rester en sa place ; c’est la seule manière d’éviter la confusion et d’assurer le progrès dans l’ordre physique, intellectuel, politique ou moral. […] Mais il n’en est pas de même pour les philosophes ; ils repoussent encore le déterminisme physiologique, et pensent que certains phénomènes de la vie lui échappent nécessairement : par exemple, les phénomènes moraux. […] Les relations de ce que l’on appelle le physique avec le moral ne seraient plus soumises à l’empire de lois précises, mais seraient dans un état de tiraillement anarchique, ou de caprices, dans un état contraire à l’harmonie de la nature, sans vérité et sans grandeur. Le déterminisme n’est donc que l’affirmation de la loi, partout, toujours, et jusque dans les relations du physique avec le moral : c’est l’affirmation que, suivant le mot connu de l’antiquité : « Tout est fait avec ordre, poids et mesure. » La loi du déterminisme physiologique ne saurait gêner la liberté morale, tandis que, tout au contraire, le fatalisme, c’est-à-dire le déterminisme philosophique, la conteste et la nie.

1918. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Nous avons appris un art qu’ils ignoraient ou du moins qu’ils ne pratiquaient guère : l’art de vivre dans le lointain des temps, et, par la sympathie de l’imagination, de nous faire les contemporains des civilisations disparues ; art dangereux, qui mène promptement à l’indifférence critique, au scepticisme moral ; art mortel aux convictions fortes ; art d’ailleurs et heureusement difficile, légitime toutefois dans une certaine mesure, puisqu’enfin nous lui devons quelques-unes des plus belles œuvres de ce siècle. […] Molière est Gaulois ; c’est le secret de sa popularité : Gaulois de race, qui va droit et d’instinct aux sources, un peu dédaignées par ses contemporains, de l’antique malice et de la gaberie traditionnelle ; Gaulois de tempérament, qui n’aime pas à perdre terre, également éloigne du romanesque, en dépit de Mélicerte, et de l’héroïque, en dépit de Don Garde de Navarre, somme toute ne s’élevant jamais au-dessus d’un certain niveau moral ; Gaulois d’allure, qui ne s’effarouche ni d’une parole franche ou même crue, ni d’un geste hardi, pour ne pas dire libertin ; — je parle de l’œuvre et non de l’homme, puisque ce grand moqueur vécut triste et mourut hypocondriaque. […] Ce sont des cas psychologiques, des singularités morales que l’on essayerait en vain de définir et de caractériser d’un mot.

1919. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

C’est qu’elles seront en partie calculées sur les exigences des Français de 1670, et non sur les besoins moraux, sur les passions dominantes du Français de 1824.

1920. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Allons, il faut qu’il y ait bataille autour de notre nom, jusqu’au bout de la vie du dernier des deux frères, et que je ne puisse, à la faveur et sous le bénéfice de mes soixante ans bien sonnés, remporter un succès, où je n’aie la bouche amère, un succès qui ne soit une meurtrissure de mon être moral.

1921. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

L’Abbé Tailhié a profité de ce qu’il y avoit de meilleur dans Rollin & dans Catrou & en a composé son Histoire Romaine avec des réfléxions critiques, politiques & morales, en 4. vol.

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