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1544. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Souffrant d’excès de travail, il dut faire une promenade aux Pyrénées, et ce fut l’occasion de ce Voyage écrit par lui, illustré par Doré, et où il se montrait lui-même un paysagiste du premier ordre. […] Après avoir montré avec beaucoup d’art et de finesse en quoi le langage employé dans la Princesse de Clèves est parfaitement délicat et comment il ressemble fort peu à ce qui, chez des poëtes ou des romanciers spirituels de nos jours, a été salué de la même louange ; après avoir reconnu l’accord et l’harmonie des sentiments et des émotions avec la manière de les exprimer, et avoir donné plus d’un exemple des scrupules et des exquises générosités de l’héroïne jusque dans la passion, M. 

1545. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Le roi ne reçut la lettre qu’au retour de la chasse ; il se montra affligé, pensif, voulut être seul ; l’enfant et le roi se combattaient en lui, ou plutôt s’accordaient en ce moment pour vouloir une seule et même chose. […] Pour la première fois qu’elle se mêlait de politique, elle s’était montrée bien faible et médiocre.

1546. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Corrompue et affaiblie, la société s’écroule dans d’immenses catastrophes ; la herse de fer des révolutions brise les hommes comme les mottes d’un champ ; dans les sillons sanglants germent des générations nouvelles ; l’âme éplorée croit de nouveau, etc… » En présence de semblables pronostics, dans la bouche d’hommes aussi respectés, toute discussion devient difficile ou, pour mieux dire, elle est impossible ; et, pour concilier à mon tour ma sincérité avec les convenances, je ne trouve rien de mieux que de venir montrer, ne serait-ce que comme preuve à l’appui de la thèse de M.  […] Caton défendait à César de se montrer épicurien en plein Sénat.

1547. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Et pourtant il y avait sous ces douceurs une épine cachée, et pas trop cachée ; le maréchal était mécontent, et ne le dissimulait pas, de la patente de généralissime accordée la veille au prince de Conti qui, ne pouvant être son émule, se montrait son envieux de gloire : et à ce propos, que l’on me permette une digression d’un moment. […] Or la société moderne française est loin de là: les sommités officielles d’un état dit égalitaire et démocratique se montrent fort jalouses de ce même titre qui faisait les rebuts de la cour de Louis XV.

1548. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Ces projets de réforme radicale dans l’orthographe, mis en avant par Meigret et par Ramus, ont échoué ; Ronsard lui-même recula devant l’emploi de cette écriture en tout conforme à la prononciation : il se contenta en quelques cas d’adoucir les aspérités, d’émonder quelques superfétations, d’enlever ou, comme il disait, de racler l’y grec : il avait d’ailleurs ce principe excellent que « lorsque tels mots grecs auront assez longtemps demeuré en France, il convient de les recevoir en notre mesnie et de les marquer de l’i français, pour montrer qu’ils sont nôtres et non plus inconnus et étrangers. » — Et pour le dire en passant, cette règle est celle qui se pratique encore et qui devrait prévaloir pour tout mot ou toute expression d’origine étrangère. […] Et formuler (car je me fais en ce moment, par supposition, l’avocat de toutes les causes sinon mauvaises, du moins douteuses, non pas tant pour les faire prévaloir que pour montrer dans quel sens elles peuvent être défendues) : on abuse aujourd’hui de ce mot formuler, on l’emploie indifféremment pour exprimer, énoncer.

1549. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

J’ai désormais des devoirs plus simples et plus clairs ; le reste de ma vie sera, je l’espère, consacré à les remplir, selon la mesure de mes forces… Qu’on ne s’y trompe pas, le monde a changé : il est las des querelles dogmatiques. » Telle est la déclaration formelle que M. de La Mennais exprime aux dernières pages de ce livre ; les termes seuls dans lesquels elle est conçue montrent assez que, si le nouvel écrit est destiné à clore la série de ceux que l’auteur a publiés à partir des Réflexions sur l’État de l’Église, datant de 1808, il ne leur ressemble ni par les principes ni par le ton, et que, sinon pour le sujet et la matière, du moins dans les pensées et les conclusions, il se rattache déjà à cette série d’écrits futurs que nous promet l’illustre auteur. […] Les maximes qu’on rejetait avec horreur ou avec dégoût s’établissent sans contradiction, et comme les vérités les plus simples ; elles sont défendues par ceux même qui se montraient les plus ardents à les attaquer.

1550. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

s’adresse encore plus particulièrement dans notre pensée à ces anciens amis qui, longtemps groupés au Globe, ne se sont plus retrouvés depuis en littérature, ou ne s’y sont rencontrés qu’un peu au hasard et pour se montrer la brèche déserte, pour regretter les lacunes des absents. […] Est-ce donc se montrer naïf que de s’y adresser tout haut et d’y croire ?

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