Voilà deux ans passés que je converse sans interruption avec mes indulgents lecteurs, et je voudrais pourtant bien par moments, comme tout écolier émérite, prendre quelque semaine de congé. […] Ce château appartient à un financier, et la terrasse se trouve en ce moment peuplée du plus beau monde de Paris et de Versailles, du monde le plus fat et le plus élégant. […] Dès ce moment, Eugène a beau faire et se croire heureux, il est bien clair que sa Manon, même quand elle l’aimerait autant que l’autre Manon faisait pour Des Grieux, ne lui sera pas plus fidèle. […] En ce moment, une main légère frappait à la porte de l’humble colon […] Le xviiie siècle tout entier n’est pas un seul et même tourbillon ; il faut y distinguer bien des temps et des moments, et, dans chaque moment, distinguer encore les classes différentes de la société.
« C’est parce qu’il sentait qu’il avait en lui de quoi suffire à cette situation (au moins dans un grand moment) et de quoi y vibrer dans le tonnerre, que Lamartine a tout fait pour amener cette situation et pour la créer. — Le talent qui veut sortir est comme un fleuve qui creuse jusqu’à ce qu’il se soit fait un lit, fut-ce un lit de torrent. » « — Ce qui me frappe dans ces événements si étonnants, c’est, à travers tout, un caractère d’imitation, — et d’imitation littéraire. […] Il est curieux de relire en ce moment les Girondins. […] Lamartine s’y dessine à l’avance à tout moment, lui et son rêve. […] « — Dînant un jour chez la duchesse de Duras, vers 1820, il dit à Saint-Priest très-jeune : « Je n’aime pas l’aristocratie. » Et comme Saint-Priest remarquait que le lieu était singulièrement choisi pour cette confidence, Lamartine ajouta : « J’aime les personnes, mais je n’aime pas la chose. » — Moi, au contraire, un peu plus tard, je l’ai vu rattaché à l’aristocratie et nageant en pleine Restauration. » « — Quels que soient les torts et les fautes de Lamartine depuis quelques années, il les a rachetés par sa conduite au moment du péril : il a eu là un moment sublime, héroïque, — un moment immortel. « Lamartine a bien mérité de la patrie à un moment décisif, et la critique littéraire ou celle du moraliste n’a plus guère rien à faire avec lui : l’acclamation publique la ferait taire.
… Mais, dans le moment, il faut vous atténuer, vous amortir… Tenez, votre description du pape tout en blanc, tout au fond… Eh bien ! […] Un moment seulement, à l’interrogation du président, lui disant : « Vous avez joué le soir, suivant un témoin, avec une chance incroyable ? […] Malades comme nous le sommes en ce moment, gastralgiques, anémiques, insomnieux, nous succombons au supplice de notre existence. […] Le vague de ses yeux semble, par moments, se lever au plafond, comme au ciel. […] un moment… que cela n’atteigne pas ma santé !
« Nous avions beau nous attendre, écrivait-elle à sa mère, à l’événement devenu inévitable depuis deux jours, le premier moment a été atterrant, et nous n’avions pas plus l’un que l’autre de parole. […] Il est des moments où l’opinion publique est avide de mal et comme altérée d’infamie ; on était à l’un de ces moments de dépravation. […] Je ferai tout ce qu’il me dira, et on verra ce qui en résultera. » Vouloir et ne pas vouloir, s’abandonner et ne pas se confier, retirer au moral ce qu’on accorde en fait, triste rôle, rôle de perdition à certains moments critiques et aux heures où toute résolution est décisive ! […] Elle paye à tout moment de sa personne. […] À un moment, elle négocie avec Mirabeau ; elle prend sur elle et triomphe de ses préventions de femme en consentant à voir le monstre : elle le trouve de près plus séduisant qu’effrayant.
Je me bornerai en ce moment à donner mon impression finale sur les Mémoires. […] Ceci est pour dire qu’à aucun moment le goût de M. de Chateaubriand n’a été très mûr et tout à fait sûr, bien que, dans un temps, à juger par quelques-uns de ses écrits, il ait paru tel. […] Mais c’est à la partie politique que s’adresse surtout ce reproche, et j’ai plutôt en vue, pour le moment, la partie littéraire, celle qui s’étend jusqu’en 1814. […] Ginguené, et plus d’une fois il m’a fait passer d’heureux moments, lorsqu’il consentait, avec une petite société choisie, à accepter un souper dans ma famille. […] Le masque est en partie tombé ; mais l’auteur, à chaque moment, le reprend et se le rajuste sur le visage, et, tout en le reprenant, il s’en moque et veut faire comme s’il ne le mettait pas.
… » L’incrédule Julie a tort de vouloir chercher des raisons là où il n’y en a point pour elle ; elle parle en ces moments comme aurait pu le faire une platonicienne. […] Je crois que du moment qu’on se décide à faire des Confessions, il n’y a pas à marchander : il faut les faire vraies, fidèles, supprimer le moins possible, ne rien inventer, et surtout ne sophistiquer jamais. Or, on sent à tout moment dans Raphaël l’altération, le renchérissement subtil et sophistique de ce qui a dû exister à l’état de passion plus simple ; on sent la fable qui s’insinue. […] Si, à un certain moment, elle s’est convertie à Dieu, ce dut être au Dieu des chrétiens, au Dieu du crucifix, au seul Dieu enfin que confessât alors son amant. […] Arsène Houssaye, qui s’est fait leur interprète dans Le Constitutionnel, au premier moment de la publication de Raphaël.
Le roi de Pologne Poniatowski apparut un moment à une des stations de ce voyage. […] Le prince de Ligne est au moment des grandes choses ; il a cinquante-cinq ans, et sa constitution robuste, remise des suites de Belgrade, peut encore fournir à bien des fatigues. […] Cette inaction à laquelle sa cour le condamnait lui fut cruelle : « Apparemment, disait-il, que je suis mort avec Joseph II, ressuscité un moment pour mourir avec le maréchal Laudon, et être malade avec le maréchal Lacy. » Il y eut des moments où il aurait voulu être désigné pour commander en chef en Italie, et pour se mesurer avec le vainqueur de Rivoli ou de Marengo. […] Le prince de Ligne souffrait par moments de n’être pris que comme une curiosité, une simple utilité mondaine dans cette réunion de rois et de ministres qui allait trancher les destinées du monde. […] Ce qu’il considérait comme manqué dans sa carrière de soldat lui revenait à certains moments avec amertume.