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731. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

En chantant le passé, l’épopée glorifie, justifie l’action présente ; en racontant les siècles disparus, elle y met, ainsi que Joseph Bédier l’a montré avec force, les mœurs et les notions du présent ; elle dégage une ligne de ce qui avait semblé une anarchie. […] Les lois ne font que consacrer une étape dans l’évolution des mœurs ; jamais un arrêt du Parlement n’aurait mis fin aux mistères, si ceux-ci avaient encore répondu à un besoin de l’esprit général (on l’a bien vu au xviiie  siècle dans la guerre des théâtres) ; de fait, les mistères végéteront, malgré la loi, pendant une cinquantaine d’années, et s’ils meurent, c’est d’épuisement, de mort naturelle. […] Naturellement la poésie lyrique continue à avoir des amateurs ; elle en a même beaucoup ; elle n’est plus qu’une forme figée où des esprits bourgeois accommodent tant bien que mal des idées dépourvues de lyrisme, mais souvent fort intéressantes pour l’histoire des mœurs ; ces « poètes » s’appellent Guillaume de Machaut, Eustache Deschamps, Christine de Pisan, Alain Chartier, Coquillart. […] Puis la farce tend à s’introduire dans la comédie, comme le roman dans la tragédie ; on donne souvent l’appellation plus noble de « comédie » à ce qui n’est qu’une farce, une sotie, à ce que nous appellerions une revue, une pochade, un simple tableau de mœurs. […] Pour l’esquisse de chaque période je suivrai le même plan : 1º les conditions générales au point de vue politique, social et moral, avec indication des œuvres littéraires, de valeur relative, qui sont d’un intérêt particulier pour ce tableau de mœurs ; 2º le « genre » qui est l’expression littéraire de l’époque ; 3º les autres genres, dont l’un est en décadence et l’autre en devenir.

732. (1874) Premiers lundis. Tome II « Sextus. Par Madame H. Allart. »

L’auteur de ce roman a longtemps vécu en Italie et y a beaucoup aimé le séjour de Rome, l’impression majestueuse et sévère des ruines, le profil encore conservé des caractères antiques sous la frivolité des mœurs et l’épicuréisme des sentiments.

733. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 100-104

Très-volontiers je consens qu'il dénigre Tous mes Ecrits ; mais la griffe du tigre, En me rangeant parmi les froids Rimeurs, Trop lâchement s'acharne sur mes mœurs.

734. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XX. Des Livres de facéties, des recueils d’anecdotes & de bons mots. » pp. 381-385

De graves commentateurs ont chargé de notes ce tas de sottises bouissonnes ; des éditeurs les ont abrégées ; mais nous n’indiquerons pour l’intérêt du goût & des mœurs aucun de ces commentaires, ni aucune de ces éditions.

735. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Édouard Fleury »

On dirait des sceptiques de ce temps aux mœurs douces, qui ont l’horreur du sang et le dégoût de la fange, comme il sied à des naturels honnêtes et à des esprits cultivés, mais qui, ce sang montré dans sa vermeille couleur et cette fange dans son infamie, ont tout dit, à l’honneur de l’art et du style, et ne savent pas tirer de cette effroyable peinture, faite avec de véritables pourlècheries de pinceau, un enseignement ou une conclusion.

736. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Il compare les mœurs simples de nos pères avec les nôtres. […] Quelles sont ces mœurs efféminées ? […] Sous prétexte d’épurer les mœurs est-il permis d’en renverser les appuis ? sous prétexte d’éclairer les esprits faudra-t-il pervertir les mœurs ? […] 62 Les sciences servent-elles à épurer les mœurs ?

737. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Si les hommes sont libres et par conséquent responsables, rien de changé à nos mœurs judiciaires. […] Il y a de grandes contradictions dans nos mœurs ; il y en a de grandes dans nos lois. […] » Evidemment, et depuis seulement un siècle, nos mœurs, au moins nos mœurs judiciaires, se sont adoucies. […] L’amour n’adoucit pas leurs mœurs. […] Elle n’a point, d’ailleurs, apporté dans les mœurs générales de changement appréciable.

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