Est-ce que nos littérateurs modernes ont la prétention d’avoir peint la nôtre ? […] Ici encore, nos romanciers se sont évidemment inspirés du socialisme moderne. […] Or, écoutons maintenant nos modernes ennemis de la société. […] Notre littérature moderne n’a pas reculé devant ce crime social. […] Regardez ces jeunes disciples du matérialisme moderne.
Or, c’est inévitablement dans ces dîners que MM. de Goncourt, qui en sont les fidèles, ont trouvé, en s’y asseyant entre Sainte-Beuve et Renan, cet art délié de frapper sûrement le catholicisme, avec cette rouerie de sérénité qui est l’hypocrisie moderne. […] Il est vrai qu’Edmond de Goncourt fait une réserve : C’est « la jeune fille moderne, dit-il, telle que l’éducation artistique et garçonnière des trente dernières années l’a faite ». […] MM. de Goncourt se sont trop souvenus qu’ils sont poètes en voulant faire de la réalité moderne, de la réalité prosaïque. […] Est-ce encore pour être plus vrais, plus réels, plus modernes, qu’ils ont oublié la miraculeuse influence de la croix sur cette orgueilleuse, simplifiée seulement par la douleur ? […] Le jeune bourgeois moderne, ce n’est pas Louis-Philippe qui l’a fait.
Certes, l’unité de la vie universelle est une vérité depuis longtemps pressentie, et que les révélations de la science moderne confirment chaque jour. […] Telle est la nécessité logique des méthodes et des idées que la science moderne, avec ses incessants et admirables progrès, ne conclut pas sur ces points de haute philosophie autrement que la science ancienne, si imparfaite et si incomplète. […] C’est toujours l’hypothèse du mécanisme universel, avec toute la différence que la science moderne a mise entre le de Natura rerum de Lucrèce et le Système du monde de Laplace. […] La mauvaise physique et la mauvaise psychologie de l’école cartésienne ont conduit la philosophie de l’unité à cette doctrine de la nécessité universelle qui a fait une renommée si équivoque au plus puissant esprit des temps modernes. […] La société moderne, qui veut toutes les libertés, ne peut laisser se perdre dans les âmes le sentiment de celle qui les porte toutes dans son sein, le sentiment de la liberté morale, principe du devoir et du droit.
Comment cette critique professionnelle s’est-elle établie dans les nations modernes ? […] C’est avec ses écrits en prose et la querelle des Anciens et des Modernes que Boileau débute vraiment dans la critique. […] Il y avait un Homère « moderne » : celui des précieuses et de la « traduction » de La Motte. […] Il y a eu deux Eschyle, l’Eschyle ancien, Eschyle, et l’Eschyle moderne, Shakespeare. […] Nos pyrrhoniens modernes ont parlé avec dégoût de l’« horrible manie de la certitude ».
Pour des yeux modernes, un État grec semble une miniature. […] Nos sciences les admettent aujourd’hui, et l’idée grecque de la destinée n’est rien déplus que notre idée moderne des lois. […] Nos sens modernes n’y atteignent point ; nous ne parvenons qu’à demi et par degrés à deviner combien leur invention était parfaite. […] Les peuples modernes sont chrétiens, et le christianisme est une religion de seconde pousse qui contredit l’instinct naturel. […] Cela fait un singulier contraste avec le style moderne qu’elle emploie lorsqu’elle parle en son propre nom ou fait parler des personnages cultivés.
Je ne me figure jamais mieux cette convenance du Chœur dans les pièces des Grecs qu’en voyant son à-propos moderne si heureux, mais unique, dans cette ravissante pièce d’Esther, jouée et chantée par les filles de Saint-Cyr. […] Mais il est vrai de dire qu’à mérite littéraire égal, il n’est pas indifférent pour une œuvre moderne de vivre ou de ne pas vivre de la vie moderne en naissant : cela se sent encore, même après que l’heure est passée. […] C’est que cela vit, que cela est essentiellement moderne et actuel, et dans nos mœurs, dans notre caractère français. […] Un écrivain normand qui, bien que d’une très moderne école, sait rendre à Malherbe ce qu’on lui doit, a très bien dit de lui : « Malherbe fut d’un génie qui sentait vraiment cette noblesse dont il tirait vanité si grande. […] Les langues modernes sont plus sobres de ces effets dus à un heureux et naturel arrangement ou conflit de syllabes ; elles semblent même plutôt en avoir peur.
L’art primitif essayait d’embellir la réalité ; il la faussait souvent ; l’art moderne essaie de l’approfondir. […] Dans la musique moderne, l’effet profond des dissonances ne s’explique suffisamment que par leur valeur expressive. […] L’art moderne doit être fondé sur la notion de l’imparfait, comme la métaphysique moderne sur celle du relatif. […] On se rappelle la scène de la fontaine, une des plus chastes, des plus poétiques et pourtant des plus osées de la littérature moderne antérieure à Zola. […] Et pourtant le détail a pris une importance considérable pour fart moderne.