Ce fut du moderne plus réussi qui décapita du moderne moins réussi. Ce fut du moderne bien lui-même et bien chez lui qui décapita du moderne étranger, du moderne nouveau venu et parvenu. Ce fut du moderne plus compétent qui décapita du moderne moins compétent. […] Ils se représentent en modernes leur déplacement du moderne et leur déplacement du bergsonien. […] Il y a le monde moderne.
Ce n’est point à dire que la réalité historique soit autre dans les temps anciens que dans les temps modernes. […] Voilà ce qui explique pourquoi les grands hommes font tout autre figure sur la scène, selon le point de vue antique et selon le point de vue moderne. […] Les historiens modernes répondent à ces questions par une formule qui explique tout. […] L’ouvrage le plus curieux peut-être qui ait paru récemment comme spécimen de la méthode moderne, c’est un livre ingénieux et souvent profond où M. […] Les écoles politiques idéalistes s’instruisent, les tempéraments révolutionnaires se calment à un tel spectacle présenté par la science moderne.
Esprit moderne. […] Œuvre de la critique moderne. […] Grands résultats de l’érudition moderne. […] Les fondateurs de l’esprit moderne ont été des philologues. La philologie des modernes supérieure à celle des anciens.
La gloire moderne n’eût pas suffi pour récompenser de tels efforts ; il ne fallait pas moins que la gloire antique, pour donner la force de soulever de si grands obstacles. Les anciens philosophes ont obtenu, dans leur temps, une réputation beaucoup plus éclatante que celle des modernes ; mais il n’est pas moins vrai que les modernes, dans la métaphysique, la morale et les sciences, sont infiniment supérieurs aux anciens. […] Je ne crois pas que le mot de bonheur soit une fois prononcé dans les écrits des Grecs, selon l’acception moderne. […] Les anciens, et surtout Aristote, ont été presque aussi forts que les modernes sur de certaines parties de la politique ; mais cette exception à l’invariable loi de la progression, tient uniquement à la liberté républicaine dont les Grecs ont joui, et que les modernes n’ont pas connue. […] Si le régime républicain n’avait pas cessé d’exister depuis Aristote, les modernes lui seraient aussi supérieurs dans la connaissance de l’art social que dans toute autre étude intellectuelle.
Je ne crains pas d’exagérer en disant que la philologie, inséparablement liée à la critique, est un des éléments les plus essentiels de l’esprit moderne, que, sans la philologie, le monde moderne ne serait pas ce qu’il est, que la philologie constitue la grande différence entre le Moyen Âge et les temps modernes. […] Voilà pourquoi il doit être regardé comme le fondateur de l’esprit moderne en critique et en littérature. […] L’esprit moderne, c’est-à-dire le rationalisme, la critique, le libéralisme, a été fondé le même jour que la philologie. Les fondateurs de l’esprit moderne sont des philologues. […] Par la minutie des détails et la patience des rapprochements, les anciens ont égalé les plus absorbés des philologues modernes.
Causes générales qui ont empêché les écrivains modernes de réussir dans l’histoire. — Première cause : beautés des sujets antiques. Il se présente ici une objection : si le christianisme est favorable au génie de l’histoire, pourquoi donc les écrivains modernes sont-ils généralement inférieurs aux anciens dans cette profonde et importante partie des lettres ? […] L’histoire ancienne offre un tableau que les temps modernes n’ont point reproduit. […] Rien ne s’y détruit plus ; le plus petit État moderne peut se vanter d’une durée égale à celle des empires des Cyrus et des Césars. […] Comme elles sont véritablement des vertus, elles évitent la lumière et le bruit : il y a chez les peuples modernes un certain silence des affaires qui déconcerte l’historien.
« Il vous semblera passer de l’ardente montagne d’Œtne sur le froid sommet du Caucase. » Et cela est vrai également des modernes. […] Aux Anciens l’invention, soit : ç’a été leur lot et leur gloire ; aux Modernes l’imitation, puisqu’il ne leur reste que cela, mais du moins une imitation fine et rare. […] Nisard, ne veut même pas qu’on imite d’une langue moderne à une autre langue moderne : c’est le moyen de prendre avant tout les défauts les uns des autres. […] Il cesse par là d’être un classique, et il est bien près de devenir tout à fait un moderne. […] On comprend qu’après une telle exhortation les poètes modernes soient sortis en conquérants de l’école de Dorat comme les Grecs s’élancèrent du cheval de bois sous Ilion.