Un portrait où éclate l’esprit de la physionomie, ce caractère tout moderne et qui se lit assez peu dans les portraits du temps de Louis XIV, et même dans la plupart des portraits, au type bovin de la Régence, peints par Nattier. Et à cette physionomie moderne se trouve alliée une grâce légère et volante dans l’arrangement du costume, et l’accommodement de la chevelure joliment frisée et relevée en deux cornes, qui lui font un diadème de déesse amoureuse : toutes choses dont il n’existe rien dans le portrait gravé de Vallée.
Samedi 12 avril Aujourd’hui, j’entre à La Vie moderne. […] Au fond dans les tableaux hippiques, il y a une convention pour le galop… On fait tous les chevaux galopants maintenant, à l’image de Pégase, les quatre pieds dans l’air, et le dévorant… et jamais le galop, à moins d’un éloignement infini, ne se présente ainsi… Enfin c’est la mode moderne… Le curieux, tu connais les bas-reliefs du Parthénon, eh bien, je les ai étudiés à fond, c’est extraordinairement juste… bien plus juste que tous les Horace Vernet du monde… Il y a là dedans une volte d’un cheval sur ses pieds de derrière… c’est d’une rouerie… Oui, dans ces bas-reliefs, c’est tout le contraire, du galop contemporain… toujours les deux jambes de derrière sont ramassées sous l’arrière-train… pourquoi cela ?
Les Poëtes modernes, les françois sur-tout, ont composé des chansons plus délicates, plus ingénieuses que celles de Pétrarque ; mais on les loue moins, parce qu’elles sont moins anciennes. […] On y remarquera un comique riant, fort éloigné du fade burlesque, des allusions satyriques, sans être offensantes, des plaisanteries hardies sans être trop libres ; & des railleries délicates sur le beau sexe, peut-être plus capables de lui plaire, que toutes les fleurettes de nos Madrigaux & de nos bucoliques modernes.
L’Europe moderne a reproduit en plusieurs points le développement historique de l’antiquité. […] Et qu’on ne dise pas que le nombre des connaisseurs est imperceptible, que la masse est ignorante et n’entend rien aux questions qui s’agitent autour d’elle : il y a dans le public, et surtout dans le nôtre, dans notre Athènes moderne, je ne sais quel sentiment délicat du beau et du vrai, qui semble deviner ce qu’il n’a pas appris et odorer ce qu’il ne voit pas.
Si les plus grands philosophes des temps modernes, comme Kant et Maine de Biran, sont de si maladroits écrivains, s’ils sont morts avant d’avoir trouvé l’expression limpide où chacun aurait pu lire sans équivoque leur vraie pensée, c’est que la grandeur même de l’œuvre entreprise imposait à leurs facultés d’expression une tâche qu’ils n’ont pas eu le loisir ou le courage ou la générosité d’entreprendre ; la plupart ont laissé à leurs disciples le soin de les vulgariser, moins par dédain de la postérité que par suite de cette loi de la nature humaine qui veut que l’on perde en souplesse ce que l’on gagne en profondeur et que la spécialité soit la rançon du génie. […] La citation d’Egger n’est pas le texte exact d’Aristote ou alors le texte d’Egger n’est pas celui qu’établissent les modernes.
Heureusement, vers la même époque, la poésie moderne, un moment si égarée par le dédain ou par la contrefaçon bizarre de l’antique, allait rentrer dans des voies plus hautes. […] À part cette richesse poétique des Chœurs, l’érudition moderne a cherché s’il n’avait pas existé, chez les Grecs et dans la perfection de leur art, une tragédie toute lyrique et une forme de comédie qui serait notre opéra-comique.
Mais comme de belles paroles d’un ancien viennent éclairer à propos les bonnes raisons d’un moderne !