/ 1933
256. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Dans l’Ile-de-France, « soit un habitant taillable de village, propriétaire de vingt arpents de terre qu’il exploite lui-même et qui sont évalués à 10 livres de revenu par arpent ; on le suppose aussi propriétaire de la maison qu’il habite et dont le prix de location est évalué à 40 livres661 ». […] Dans la Haute-Guyenne662, « tous les fond de terre sont taxés, pour la taille, les accessoires et les vingtièmes, à plus du quart du revenu, déduction faite seulement des frais de culture, et les maisons au tiers du revenu, déduction faite seulement des frais de réparation et d’entretien ; à quoi il faut ajouter la capitation, qui prend environ un dixième du revenu, la dîme qui en prend un septième, les rentes seigneuriales, qui en prennent un autre septième, l’impôt en remplacement de la corvée, les frais de recouvrement forcé, saisies, séquestres et contraintes, les charges locales ordinaires et extraordinaires. […] La mansarde et la chaumine, aussi bien que la métairie, la ferme et la maison, connaissent le collecteur, l’huissier, le garnisaire ; nul taudis n’échappe à la détestable engeance. […] Contre le collecteur et le receveur il n’a qu’une ressource, sa pauvreté simulée ou réelle, involontaire ou volontaire. « Tout taillable, dit encore l’assemblée provinciale du Berry, redoute de montrer ses facultés ; il s’en refuse l’usage dans ses meubles, dans ses vêtements, dans sa nourriture et dans tout ce qui est soumis à la vue d’autrui. » — M. de Choiseul-Gouffier683 voulant faire à ses frais couvrir de tuiles les maisons de ses paysans exposées à des incendies, ils le remercièrent de sa bonté et le prièrent de laisser leurs maisons comme elles étaient, disant que, si elles étaient couvertes de tuiles au lieu de chaume, les subdélégués augmenteraient leurs tailles. » — « On travaille, mais c’est pour satisfaire les premiers besoins… La crainte de payer un écu de plus fait négliger au commun des hommes un profit qui serait quadruple684 » — «… De là, de pauvres bestiaux, de misérables outils et des fumiers mal tenus, même chez ceux qui en pourraient avoir d’autres685. » — « Si je gagnais davantage, disait un paysan, ce serait pour le collecteur. » La spoliation annuelle et illimitée « leur ôte jusqu’au désir de l’aisance ». […] Mais les commis sont alertes, soupçonneux, avertis, et fondent à l’improviste sur toute maison suspecte ; leurs instructions portent qu’ils doivent multiplier leurs visites et avoir des registres assez exacts « pour voir d’un coup d’œil l’état de la cave de chaque habitant691 ». — À présent que le vigneron a payé, c’est le tour du négociant.

257. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Il avait une mère affaissée par les années, qui toutefois, par une mort opportune, échappa, peu de jours avant, au spectacle de la catastrophe de sa maison, n’ayant gagné elle-même à la souveraineté de son fils que des chagrins et une estime générale. » XVIII « Le 15 des calendes de janvier, à la nouvelle de la défection des légions et des cohortes à Narni, Vitellius sort de son palais, vêtu de deuil et entouré de sa famille éplorée ; on portait près de lui, dans une petite litière, son fils en bas âge comme dans une pompe funèbre. […] « Le consul ayant refusé de la recevoir, et les spectateurs l’engageant à la déposer, avec les marques du pouvoir impérial, dans le temple de la Concorde, il se dirigea vers la maison de son frère. […] « Rome forcée, Vitellius, s’échappant par les derrières du palais, se fait transporter en litière au mont Aventin, à la maison de sa femme, et on le dépose dans une chambre retirée de la maison. » XXIV « Il espérait, en restant caché le reste du jour dans cette retraite, pouvoir se réfugier la nuit à Terracine, auprès des cohortes et de son frère. […] « Néron s’avance jusque sur la grève, à la rencontre de sa mère qui venait d’Antium, la prend par la main, la serre dans ses bras, et la conduit à Baules ; c’est le nom de la maison de délices qui s’élève entre le promontoire de Misène et le golfe de Baïes, formé par une inflexion de la mer. […] Voyez, pendant qu’Agrippine blessée nage vers la côte, le tumulte de toute cette multitude qui sort de toutes les maisons avec des torches, qui s’appelle, qui se répond en cris inintelligibles, qui tend les mains, qui s’avance jusque dans les flots pour recueillir la nageuse dans les ténèbres.

258. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Saint-Mauris fut le premier : Il était le seul, dit la marquise, qui pouvait pénétrer dans ma maison. […] Pourtant des bruits vagues commencent à se répandre parmi les gens de la maison, et il devient urgent de lui chercher un autre asile. […] La femme de chambre affidée devait seule l’attendre et l’introduire ; elle manque le moment : dans la cour il rencontre et accoste brusquement une autre domestique, qui donne l’alarme et rentre à l’office en criant qu’un voleur est dans la maison. […] Il avait pris l’heure du souper de nos gens pour s’introduire dans la maison, afin de n’avoir aucun domestique dans sa confidence. […] Remarquez avec quel art il saisissait le seul moyen de mettre les apparences de mon côté et de légitimer aux yeux de tant de témoins son entrée nocturne dans ma maison.

259. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Il traite des bâtiments dans leurs rapports avec la campagne : autre doit être une résidence et un palais, autre un château, autre une maison de plaisance, une maison de campagne, une maison de chasse, une maison des champs, une maison des vignes, etc. ; mais quels que soient les bâtiments, « j’exclus, dit-il, tous ceux qui ont une façade bourgeoise, sans mouvement dans le toit ou la bâtisse, sans milieu, sans saillant sur les ailes, ou en plâtre avec un air vulgaire ; et je recommande encore le beau ou le simple, le magnifique ou le joli, et toujours le propre, le piquant et le distingué. » Pourquoi dit-on jardins anglais, plutôt que jardins chinois, plutôt que jardins naturels ? […] Si vous n’êtes pas riche vous aurez tout ce qu’il vous faut, avec une maison à un étage, simple, propre, un toit caché, un enduit de couleur, quelques bas-reliefs en plâtre, ou un encadrement rustique, un ruisseau large et rapide, s’échappant d’un vrai rocher, un pont tremblant comme celui d’Aline, quelques bancs, peut-être une table de pierre ; une cabane de berger, salon ambulant, monté sur quatre roues ; quelques pins, fiers sans orgueil, quelques peupliers d’Italie, élevés, sans faste, lestes et obligeants ; un saule pleureur, un arbre de Judée, un acacia, un platane, trois plates-bandes de fleurs jetées au hasard, des marguerites sur une partie de votre pelouse, un petit champ de coquelicots et de bluets… Je supprime ici le chapitre des allégories, inscriptions, hiéroglyphes, dont il ne veut pas qu’on abuse, mais que toutefois il accorde, tribut payé au goût du temps : Avec tout cela, dit-il, et un haha 36 environnant et ignoré, qui fait jouir des coteaux, des plaines, des bois, des prairies, des villages et des vieux châteaux des environs, je surpasserais et Kent et Le Nôtre, et, avec vingt mille francs pour tout l’ouvrage et deux cents francs d’entretien, je détournerais de dix lieues tous les voyageurs.

260. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Il était depuis 1805 intendant général de la maison de l’Empereur, ce qui, de la part du souverain, indiquait le désir de le tenir habituellement rapproché de sa personne et de l’admettre à toute heure à son entretien. […] Daru lorsque sa charge fut complète et après que l’Empereur eut pris en lui toute confiance, il suffit de remarquer qu’il cumulait une triple administration : 1º l’intendance générale de la maison de l’Empereur et des domaines privés de la Couronne ; 2º l’intendance générale de ses armées qui prirent à dater de 1805 un développement de plus en plus considérable, croissant comme les projets mêmes et les plans du maître, tellement que partant de l’effectif d’Austerlitz, qui était de cent à cent vingt mille hommes, les armées en vinrent à s’élever en 1812 au chiffre de six cent mille ; 3º à cette double administration M.  […] Daru était investi en ces années, une seule, celle de l’intendance de la maison de l’Empereur, était fixe et déterminée dans sa circonscription ; les deux autres s’étendaient incessamment et élargissaient vers la fin leur cercle dans une mesure qui dépassait les forces d’un seul homme, si athlétique qu’il fût. […] Daru ; il lui envoyait à Vienne, dans la campagne de 1809, son poème de La Maison des champs. […] En reconnaissant des défauts de goût et peut-être de caractère chez Alexandre Duval, il faut pourtant honorer en lui le producteur courageux et fécond qui, au milieu des hasards de sa veine, a trouvé des inspirations heureuses dans des genres différents (Maison à vendre, Édouard en Écosse, Le Tyran domestique, La Fille d’honneur).

261. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Unwin, cet aimable fils de la maison, qui était devenu pasteur dans un autre lieu ; il écrit à M.  […] Les candidats, en Angleterre, font bruyamment leurs visites, accompagnés d’amis et ayant à leurs trousses une bande d’enfants et de peuple : la maison était donc envahie. Cette entrée tumultueuse, la sollicitation du candidat, l’assurance donnée à Cowper, qui s’en défend de son mieux, qu’il a de l’influence, beaucoup d’influence, l’espoir qu’il voudra bien en user en faveur de celui qui l’en remercie à tout hasard ; les poignées de mains et les embrassades à toute la maison, y compris la servante ; tout ce petit tableau compose une page des plus piquantes, et qu’on cite ordinairement quand on a à parler de la correspondance de Cowper20. […] Par malheur le cheval ne songeait guère à s’arrêter déjà, et la raison, c’est que son maître, à dix bons milles de là, avait une maison. […] car j’ai aimé les promenades rurales à travers les chemins creux d’un vert sombre, que tond de près la dent grapilleuse des brebis, et que borde un épais entrelacement de branches épineuses ; j’ai aimé la promenade rurale sur les collines, à travers les vallées et le long des rivières, depuis le temps où, enfant vagabond, je franchissais mes limites pour faire une école buissonnière sur les bords de la Tamise ; et toujours je me souviens, non sans regretter ces heures que le chagrin, depuis, m’a rendues bien plus chères, combien il m’arriva souvent, ma provision de poche épuisée, mais affamé encore, sans argent et loin de la maison, d’apaiser ma faim avec des baies d’églantier sauvage et avec le fruit pierreux de l’aubépine, ou de petites pommes rouges, ou la mûre noire comme le jais qui garnit la ronce, ou l’âcre petite prune qui se cueille dans la haie !

262. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

L’orateur ne montrait pas seulement la maison d’Autriche abaissée et réduite aux abois, mais encore les éléments soumis et assujettis par ce génie supérieur des quatre éléments, toutefois, un seul était pris au propre, l’eau de la mer retenue par la digue de La Rochelle ; les autres éléments ne figuraient qu’à l’état métaphorique : c’était le feu de la rébellion éteint avec celui de l’hérésie ; c’était l’air devenu plus serein, et la terre étonnée de tant de prodiges. […] s’écriait-il aussitôt ; son air charmant et majestueux se répand sur toutes ses actions ; sa maison royale emprunte quelques rayons de sa gloire ; son âge est mûr et parfait ; le travail infatigable lui est devenu naturel… Son amour extrême pour nous sacrifie toutes ses veilles à notre repos, et s’il abrège et méprise le temps du sommeil, c’est parce qu’il le passe sans nous… Ne vous étonnez pas, messieurs, du zèle de ce discours : chaque mot est un trait de flamme… Cela paraissait ridicule, dit de ce ton, même alors, — surtout alors62. […] Nous connaissons ce sang illustre en qui toutes les grandeurs de la terre se trouvent assemblées, et qui tient par tant d’endroits à tant de maisons souveraines ; nous vous voyons revêtu du titre auguste qu’un de nos rois a dit être le plus glorieux qu’on pût donner à un fils de France (le titre de pair) ; nous respectons en vous le sacré caractère que le fils de Dieu a laissé dans son Église comme le plus grand de ses bienfaits ; et cependant, monsieur, ce n’est pas à toutes ces qualités éclatantes que vous devez les suffrages de notre compagnie ; c’est à un esprit plus noble encore que votre sang, plus élevé que votre rang. […] Il était si incurable qu’en 1698, quatre ans après sa mystification d’Académie, il se fit adresser et dédier par le président Cousin L’Histoire de plusieurs saints des maisons des comtes de Tonnerre et de Clermont. […] L’éclat d’une maison qui a donné par ses alliances augustes tant de princes à la France, tant de saints à l’Église, tant de souverains à de grands pays, semble encore au-dessous de la gloire d’avoir acquis un si rare mérite par votre propre application.

/ 1933