Les élèves s’assemblent autour de Sénèque, et le supplient de ne pas tourmenter leur maître. […] La philosophie du courtisan, ainsi que la religion du prêtre ambitieux, est celle du maître. […] Cependant le soldat veut un maître, pour n’en avoir qu’un ; le sénat veut la liberté, pour être le maître : Cassius Chéréa crie (JOSEPH. […] Il semble que la cruauté du maître avait accru celle des bourreaux. […] Mais Agrippine apprit, avec le temps, qu’on ne travaille pas impunément à rendre son maître sot et méchant.
Il avait déjà des vers en portefeuille, dont, sans doute, beaucoup, peut-être très intéressants biographiquement, et déjà beaux, furent sacrifiés par le goût impérieux du jeune maître. […] Mais parlons après Sainte-Beuve, son compatriote et notre maître, avec Baudelaire, son frère en génie, et notre maître, à la suite de Barbey d’Aurevilly, son contemporain illustre et notre maître, de Mme Marceline Desbordes-Valmore que le conférencier, qui a si bien choisi son sujet, a exalté en tout enthousiasme délicat. […] Symbolique ou non (à coup sûr pas symboliste), ce maître morceau vous prend par sa toute-beauté de forme et vous courbe sous sa toute-puissance d’originalité. […] Après avoir ordonné le silence, ce qui fut obtenu, non sans peine, par un jeune homme d’environ seize ans, un élève destiné à devenir maître à son tour, Mr Andrews lut à haute voix les prières. […] Racine, par contre, pour tracasser ses maîtres, apprit un jour par cœur, et écrivit de mémoire une nouvelle grecque, « Théogène et Chariclée » !
Virgile, introduit dans la maison d’Auguste et pénétré de reconnaissance pour son bienfaiteur, avait voulu réconcilier le poète et le neveu ; les deux poètes, admis familièrement chez Auguste et chez Mécène, n’y formèrent bientôt qu’une libre et douce domesticité du génie : Horace amusait le maître du monde ; Virgile, moins aimable, l’enthousiasmait. […] Le poète justifiait à ses propres yeux son ralliement au maître du monde par les salutaires inspirations qu’il lui insinuait en si beaux vers. […] A-t-elle des champs assez pour nourrir son maître ? […] Les soupers de Frédéric avec Voltaire et ses amis à Sans-Souci, ce Tibur soldatesque de la Prusse, donnaient une idée assez exacte des soupers d’Auguste, où Mécène, Pollion, Virgile et Tibulle soupaient avec le maître du monde. Le seul vrai maître, là, c’était la liberté amicale des convives.
Nous nous figurions que nous avions du succès lorsqu’un des maîtres du journalisme, Aurélien Scholl ou Henry Fouquier, nous complimentait légèrement. […] ceux-ci comme les autres avaient un fonds commun et les mêmes maîtres, un Taine, un Flaubert, un Sainte-Beuve, un Renan, un Claude Bernard. […] Il était notre aîné, il jouissait déjà d’une grande notoriété, il était un des maîtres de la chronique, il en fut le rédacteur en chef. […] Henry Simond, est un des maîtres de la presse actuelle et a fait de l’Écho de Paris, fondé par son père, un des plus importants journaux politiques. […] C’était le lendemain d’une première représentation et l’on fêtait le triomphe de l’étoile, laquelle n’était autre que l’amie en titre du maître de la maison.
Mais il importe de discerner pour chaque auteur célèbre son vrai public naturel, et de séparer ce noyau original qui porte la marque du maître, d’avec le public banal et la foule des admirateurs vulgaires qui vont répétant ce que dit le voisin. […] Le disciple, d’ordinaire, charge, ou parodie le maître sans s’en douter : dans les écoles élégantes, il l’affaiblit ; dans les écoles pittoresques, et crues, il le force, il l’accuse à l’excès et l’exagère : c’est un miroir grossissant. […] Quand le maître se néglige et quand le disciple se soigne et s’endimanche, ils se ressemblent ; les jours où Chateaubriand fait mal, et où Marchangy fait de son mieux, ils ont un faux air l’un de l’autre ; d’un peu loin, par derrière, et au clair de lune, c’est à s’y méprendre. Tous les disciples ne sont pas nécessairement des copies et des contre-façons ; tous ne sont pas compromettants : il y en a, au contraire, qui rassurent et qui semblent faits tout exprès pour cautionner le maître.
Baudry est un maître. […] On ne dit pas si le maître, et possesseur de la garde-robe le sut et y consentit. […] Pourvu dès lors du bonnet de maître des arts, il étudia même en théologie. […] Le roi ayant créé par édit (janvier 1674) huit charges de maîtres des requêtes ; Colbert, qui était le-patron des Foucault, conseilla au père d’en prendre une pour son fils, promettant de le faire nommer à une intendance.
Ce ministre, si maître dans l’art de la société, « et qui en a su si bien user, tantôt pour imposer à ceux qu’on voulait détruire, et pour les déconcerter, tantôt pour attirer à lui ceux dont on voulait se servir », le reçut assez froidement. […] C’était lui sans doute qui avait le plus fait dans le principe pour l’asservissement de l’Allemagne, et ayant préparé par une politique artificieuse l’immense prépondérance de la France sur le continent, il s’était ôté lui-même les moyens d’arrêter l’ambition insatiable de celui qui gouvernait… Néanmoins, au risque même de déplaire au maître, il s’opposa toujours aux projets qui, au milieu de la paix, tendaient à engager la France dans de nouvelles guerres interminables. […] Il avait des connaissances et de l’aptitude au travail ; mais il manquait quelquefois de ce calme d’une tète froide qui ne se laisse point accabler sous le poids des affaires, et son âme n’était pas de la trempe qu’il aurait fallu pour soutenir toujours les mouvements nobles et justes de son cœur contre les volontés absolues de son maître. […] Pendant que M. de Senfft, à la veille de l’éclatant démenti de l’histoire, se montre ainsi à nous un peu la dupe des confidences de Fouché qui, évidemment (comme l’abbé de Pradt, et avec plus de malice), était entré dans ses vues, avait médit du pouvoir qu’il servait et ne s’était pas fait faute de gémir sur les folies du maître, il m’a paru curieux de citer une lettre de Napoléon adressée, vers ce temps, à son ministre de la police, et qui, dans sa sévérité encore indulgente, va droit au défaut de l’homme, rabat fort de cette haute idée trop complaisante et remet à son vrai point ce prétendu génie du duc d’Otrante, un génie avant tout d’ingérence audacieuse et d’intrigue.