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283. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

, chez ce premier modèle du genre trop affectionné par Bussy, il y a des vers aussi, mêlés à cette prose et qui en font une composition farcie ; mais ces vers sont d’un poète, ils étincellent, ils ont la blancheur du Paros, ou la verte fraîcheur des bocages Idaliens : Emicuere rosae violaeque et molle cyperon, Albaque de viridi riserunt lilia prato ; … Candidiorque dies secreto favit amori. […] Paul Boiteau a été pour lui un annotateur comme il s’en voit peu, d’un éveil, d’un entrain, d’une verve mêlée à l’esprit, et jusqu’à mettre de la poésie même, dans un genre qui n’en demande pasq. […] Paul Boiteau a été pour lui un annotateur comme il s’en voit peu, d’un éveil, d’un entrain, d’une verve mêlée à l’esprit, d'une poésie même, dans un genre qui en comporte peu.

284. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Le salpêtre brut n’est pas propre à faire de la poudre ; il est mêlé de sels et de terres qui le rendent humide et diminuent son activité. […] On suppléa aux moulins en faisant tourner par des hommes des tonneaux où le charbon, le soufre et le salpêtre pulvérisés étaient mêlés avec des boules de cuivre. […] Biot, répétant les vers connus : Hoc erat in votis… et tecto vicinus jugis aquæ fons, y mêlait son petit commentaire, et il laissa voir imprudemment qu’il prenait jugis pour des sommets de colline.

285. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

etc. » Sans doute il y a bien des obscurités mêlées aux douces lumières qui sortent de ces paroles. […] ne sentez-vous pas la réalité, la personnalité vivante, vibrante, saignante et compatissante qui, indépendamment de ce que la croyance et l’enthousiasme ont pu y mêler en surplus, existe et palpite sous de telles paroles ? […] Les oiseaux de l’air, depuis si longtemps, y ont fait leurs nids ; les abeilles y ont déposé leur miel, quoiqu’il s’y mêle aussi des frelons ; bien des couloirs et des cellules pacifiques ont été pratiqués entre les racines, quoique aussi des renards y aient établi leurs terriers.

286. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Il fallait alors, renonçant à des habitudes recueillies et solitaires, dépouillant, pour ainsi dire, les bandelettes et les voiles antiques, se mêler aux flots de cette génération active, mouvante, orageuse, s’y plonger hardiment, et n’en sortir aux instants de méditation que pour bientôt s’y replonger encore. […] Aussi qu’est-il résulté pour le poëte de cette position équivoque et de cette audace mêlée de timidité ? […] O champs de Pressagni, fleuve heureux, doux coteaux, Alors, peut-être, alors mon humble sépulture Se cachera sous les rameaux Où souvent, quand mes pas erraient à l’aventure, Mes vers inachevés ont mêlé leur murmure Au bruit de la rame et des eaux.

287. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Quand on ne cherche que le vrai, on ne mêle pas son émotion à ses arguments ; on respecte trop la vérité universelle pour y empreindre ses sentiments personnels ; c’est une lumière pure, dont on s’écarte pour ne pas l’offusquer. […] Il mêle ses sentiments à son récit ; il juge ses personnages, il a oublié qu’ils sont des fictions ; il les raille ou en prend pitié, les gourmande ou les admire ; il monte avec eux sur le théâtre, et devient lui-même le principal spectacle ; nous connaissons dorénavant ses goûts, ses habitudes, son histoire même ; nous suivons à chaque ligne les mouvements de son imagination ou de son âme. […] Elles sont devenues des êtres particuliers et complexes, et se sont mêlées à des sentiments complexes et particuliers.

288. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Au petit drame touchant se mêlent les jolis détails d’un paradis d’enfant de chœur, de petit clerc de la manécanterie de Saint-Nizier : « Mes yeux et mon cœur l’ont aussi reconnu, ce petit chérubin vêtu de mousseline, à ceinture d’azur, qui agite dans l’air, de toutes les forces de ses petits bras dodus et roses, une bannière à fleurs d’or aussi grande que lui ; c’est ma sœur, ma petite sœur Anna, que j’ai tant pleurée. » Surtout il y a dans ce rêve bien humain une tendresse profonde, un don de faire monter aux yeux de petites larmes chaudes, don précieux que M.  […] Alphonse Daudet, s’y insinue encore çà et là, mêle de l’émotion à l’exactitude des peintures et impose à l’observation un choix de détails si rare et si délicat que, sans autre artifice, elle fait jaillir à chaque instant la fantaisie de la réalité même. […] C’est, dans Tartarin de Tarascon, la jolie esquisse — et combien vraie pour ceux qui ont vu les choses   de l’Algérie française, de ce cocasse et fantastique mélange de l’Orient et de l’Occident…, « quelque chose comme une page de l’Ancien Testament racontée par le sergent La Ramée ou le brigadier Pitou »  Au reste, le conteur n’a pas besoin de mêler aux continents pour obtenir d’amusantes ou tristes antithèses.

289. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Eugène en prend malaisément son parti ; Louison, qui a en elle ce fonds de coquetterie naturelle, propre à toute fille d’Ève, est bientôt consolée et plutôt orgueilleuse de ce triomphe mêlé de malice et d’insolence. […] Janin a imité l’idylle avec bonheur, et, pour que ce passage de son roman soit plus remarqué, il ne lui manque que d’être moins mêlé aux autres imitations mythologiques et de fantaisie qui précèdent et qui suivent. […] Je commence par dire à l’auteur : N’entrez pas, ne vous en mêlez pas ; allez produire encore, ne vous retournez jamais en arrière.

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