Vinet, en parlant du Recueil des Pleurs de Mme Valmore, n’a pu s’empêcher de voir, lui chrétien positif, une sorte de sacrilège dans cette confusion d’adorations par laquelle elle mêlait Dieu et les anges à ses divers amours, et même au plus orageux de tous : c’est qu’aucun amour, digne de ce nom et sincère, n’était profane à ses yeux72. […] « (8 mars 1847)… Un chagrin très grave vient de se mêler à mes malheurs, c’est la maladie dangereuse de M. […] Une fois je l’ai vue, et depuis ce temps je me trouve mêlée à sa triste étoile. […] Je comprends que ce brave Veyne ait ressenti une douce sensation en se trouvant si naturellement et si justement mêlé à cette biographie voilée.
Mais comme nous croyons aussi que, dans l’inventaire posthume, si les contemporains les plus immédiats et les mieux informés ne s’en mêlent promptement pour y mettre ordre, il s’introduit bien du faux qui s’enregistre et finit par s’accréditer, il nous semble qu’il y a lieu à l’avance, et sous les regards mêmes de l’objet, dans l’observation secrète et l’atmosphère intelligente de sa vie, d’exprimer la pensée générale qui l’anime, de saisir la loi de sa course et de la tracer dès l’origine, ne fût-ce que par une ligne non colorée, avec ses inflexions fidèles toutefois et les accidents précis de son développement. […] Soit que des plumes ingénieuses et sagaces nous aient déjà dérobé heureusement ce qui nous eût attiré peut-être ; soit que cette prédilection vive que nous apportons dans l’étude des modèles et qu’on a pu blâmer, mais à laquelle nous tenons, ne s’étende pas à l’infini ; soit qu’enfin l’espèce de détails que l’indulgence ou la convenance prescrit de taire, les faiblesses qui enchaînent, les vanités qui rapetissent, ces sentiments mêlés et attristants, nous semblent, dans plusieurs des cas que nous excluons, à la fois trop essentiels et trop impossibles à dévoiler ; par tous ces motifs, nous serons plus que jamais sobre de choix à l’avenir. […] Ce fut le temps où il se mêla de plus près à toutes les classes et à toutes les conditions de la vie, où il apprit à se sentir vraiment du peuple, à s’y confirmer et à contracter avec lui alliance éternelle ; ce fut le temps où, dépouillant sans retour le factice et le convenu de la société, il imposa à ses besoins des limites étroites qu’ils n’ont plus franchies, trouvant moyen d’y laisser place pour les naïves jouissances. […] Ainsi, sans guide et vers des buts lointains, Chemin faisant, accosté de Lisette, Entre Clovis et les amours mutins, Par complaisance égayant la musette, Génie heureux, facile aux contre-temps, Tu te cherchais encore après trente ans ; Tu te cherchais… quand la France foulée Te laissa voir deux fois dans la mêlée Ce sein de feu que Thersite conquit !
Il mêlait dans une admiration, dans une apothéose qui peut paraître même aujourd’hui singulière par l’assemblage, M. […] L’exception a presque toujours été, et, dans des temps mêlés comme les nôtres, elle est plus que jamais la ressource des littératures, en ce qu’elles offriront d’éminent. […] n’enflez pas tant votre voix pour mêler tous ces hommes et Carrel ensemble au même moment, pour saluer l’un comme prince, pour parler de l’autre comme d’un père, et proclamer celui-là devant tous comme votre seconde conscience ; pour Dieu ! […] Cet article a soulevé des récriminations diverses et animées : peut-être, en effet, pour qu’on pût en écrire alors, la mémoire de Carrel était trop incandescente ; le biographe a eu beau y employer beaucoup de phrases et mêler beaucoup d’eau dans son encre, il n’a pas réussi.
Il serait piquant, mais extrêmement difficile, de retracer la confusion de cette mêlée ; chacun prenait la plume, ou du moins la parole, pour ou contre Pascal. […] Je ne parle pas des excès, excès superstitieux d’une part, excès révolutionnaires de l’autre ; on était, dans ces derniers temps, un peu à bout des théories en divers sens ; c’est alors que se lève quelqu’un qui nous dit : « Ces grands auteurs, Messieurs, que vous, les uns, vous croyez imiter et continuer, que vous, les autres, vous vous attachez à combattre, à éloigner de vous comme s’ils étaient d’hier, il y a quelque chose de mieux peut-être à en faire pour le présent ; car, pendant que vous discutez, le temps passe, les siècles font leur tour, pour nous ces auteurs sont déjà des anciens ; et ils le sont tellement, prenez-y garde, que leur texte nous échappe, que l’altération s’y mêle, que nous ne les possédons plus tout entiers. […] Des adeptes, le goût a passé au public, à un certain public ; nous sommes entrés dans une veine d’éditions : on compare, on revise, on retrouve la bonne leçon : qu’un peu d’inédit s’y mêle, on n’y tient plus, et on est tenté de s’écrier : Sublimi feriam sidera vertice. […] Tu n’as plus ton chasseur, ton fidèle serviteur… Et le dialogue continue sur ce ton ; Thésée s’y mêle, et la déesse réconcilie le père désolé avec son fils : « Je ne connais point, dit M e Schlegel, de scène plus touchante dans aucune tragédie ancienne ou moderne. » Au moment où elle profère les nobles et clémentes paroles, Diane, qui s’aperçoit qu’Hippolyte va trépasser, termine ainsi : « … Et toi, Hippolyte, je t’exhorte à ne point détester ton père ; c’est ta destinée qui t’a fait périr.
Un double caractère de cette petite école est d’être à la fois en arrière et en avant, de tenir à l’âge qui s’en va et au siècle qui vient, d’avoir du précieux et du hardi ; enfin, de mêler dans son bel-esprit un grain d’esprit fort. […] Disons seulement qu’elle fut fidèle aux souvenirs et aux admirations de sa jeunesse, à l’ancienne et galante cour, comme elle l’appelait ; elle remontait ainsi en idée jusqu’aux Bellegarde et aux Bassompierre : tout ce qui survenait de nouveau, même à Versailles, lui paraissait peu poli ; elle ne s’y mêlait que malgré elle, et se croyait au moment de perdre les seuls derniers auditeurs auxquels volontiers elle s’adressait : Que ferez-vous alors ? […] Des noms graves s’y mêlaient, et sous un reflet très-radouci Elle a écrit à Mascaron une épître badine datée des bords mêmes du Lignon. […] Vous pouvez y mettre ordre, et nos intérêts sont si fort mêlés qu’on ne peut me faire une affaire, sans détruire celle qui vous donne tant d’impatience, et qui se terminera bientôt.
Elle aime la nature, et par là ses lettres mettent une note originale dans la littérature classique : mais elle ne mêle à cet amour ni sentimentalité ni rêverie. […] Elle écrit cette langue riche, pittoresque et savoureuse, que parleront tous ceux qui auront formé leur esprit dans la première moitié du siècle, et sans quitter jamais le simple ton de la causerie, elle y mêlera les mots puissants, qui évoquent les grandes idées ou les visions saisissantes. […] Elle se mêla aussi directement aux affaires où les princes qu’elle avait élevés, ceux qu’elle aimait, avaient intérêt : de là son rôle dans celles d’Espagne. […] Éditions :Oeuvres mêlées, Amsterdam, 1706, 6 vol. in-12.
De même la race des humains naît et s’écoule. » — Dans une de ces odes de Pindare, hérissées de lauriers et drapées de pourpre, retentissantes du chant des clairons, qui ressemblent à des processions triomphales, apparaît l’image et rapide et voilée d’une jeune femme blessée par une douleur mystérieuse : — « Elle n’avait plus le courage de s’asseoir à une table nuptiale ni de mêler sa voix aux chants d’hyménée. […] De la fantaisie franche, elle est passée à la comédie grave ; des traits sérieux se sont mêlés aux francs éclats de son rire. […] En revanche, — et les exemples sont bien plus nombreux, — que de femmes bien nées, entourées de toutes les protections de la famille et de la fortune, n’aspirent qu’à descendre pour se mêler aux saturnales du monde inférieur ! […] Ils affectent peut-être un peu trop les idiotismes et les tournures de Molière, et, comme ils sont mêlés, dans ce drame qui se souvient aussi de la Marion Delorme de Victor Hugo, aux rythmes et aux formules de la poésie moderne, il en résulte parfois de singulières dissonances.