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357. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Tel est, aux bons endroits, le mérite littéraire et moral de d’Aguesseau. […] Porté par son mérite, et par l’autorité que lui conférait la vertu paternelle, à la charge d’avocat général à vingt-deux ans, il fit, disent ses biographes, une révolution dans le palais par le caractère nouveau de son éloquence. […] Pour se rendre compte de cet effet, et même en le réduisant à sa valeur, il convient de se rappeler que le Parlement, à cette date comme toujours, était un peu en retard sur le reste du siècle : aussi, en y apparaissant avec sa bonne mine, sa gravité tempérée d’affabilité et décorée de politesse, sa diction facile, nombreuse et légèrement fleurie, son élégance un peu concertée, l’élève adouci et orné de Despréaux fit une sorte de révolution relative ; il eut le mérite d’introduire et de naturaliser au parquet ce qui régnait déjà partout ailleurs ; et lui, le moins novateur des jeunes gens, il entra si à propos dans la carrière, que son premier pas fit époque. […] Sa majesté paisible tenait à un ensemble de mérites et de vertus, difficiles à définir quand on ne veut pas excéder cette mesure qu’il observait si bien.

358. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Trois hommes, dans le dernier tiers du xviiie  siècle, se distinguèrent comme à l’envi l’un de l’autre par un esprit fin, piquant, satirique, moqueur, et donnèrent en même temps des preuves d’un esprit sérieux ; ce furent Chamfort, dont nous parlions la dernière fois, Rivarol, dont nous parlerons peut-être un jour, et Rulhière, dont quelques ouvrages intéressants sont restés, dont on a retenu quelques jolies pièces de vers, et qui mérite certainement une étude. […] Il fut fidèle jusqu’à la fin à cette manière de voir, et, quelque parti qu’on prenne soi-même en le jugeant, il mérite l’estime du moins par cette suite dans la conduite et par cette tenue. […] Pourtant cette histoire mérite-t-elle, comme Daunou l’a soutenu et comme Chénier d’après lui l’a répété, d’être placée au rang des monuments modernes comparables à ceux de l’Antiquité ? […] Daunou, dans son analyse des mérites de Rulhière, est allé jusqu’à remarquer que, dans les phrases courtes comme dans les plus longues, l’auteur varie sans cesse le ton, le rythme, les constructions, les mouvements : Il y a des livres, ajoute-t-il ingénieusement et en rhéteur consommé, où la plupart des phrases ressemblent plus ou moins, si l’on me permet cette comparaison, à une suite de couplets sur le même air ; et ce n’est pas sans quelque effort qu’un écrivain se tient en garde contre ce défaut ; car l’esprit ne s’habitue que trop aisément à un même genre de procédés, le style aux mêmes formes, l’oreille aux mêmes nombres.

359. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Il se lia fort pendant son séjour à Toulouse avec un Polonais, homme de mérite et d’érudition, M.  […] Pour moi, m’est avis que cet enchaînement de sottises et d’atrocités, qu’on appelle histoire, ne mérite guère l’attention d’un homme sensé. Plutarque, avec          …………………… l’air d’homme sage,          Et cette large barbe au milieu du visage, me fait pitié de nous venir prôner tous ces donneurs de batailles dont le mérite est d’avoir joint leurs noms aux événements qu’amenait le cours des choses. […] Son mérite est tout dans le style ; il se moque des faits, et n’en prend que ce qui lui plaît, n’ayant souci que de paraître habile écrivain.

360. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

I Qu’on le prenne comme on le voudra, et quels que soient les mérites individuels de son auteur, voici un livre qui devrait faire son bruit dans le monde ! […] Tel est son mérite fondamental, plus grand, plus important qu’un mérite littéraire qui, dans le train des choses, importe toujours assez peu !

361. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

En voici de littéraires : « Paul de Kock éclabousse la modestie et la pudeur pour faire rire. » « Tacite est merveilleux dans l’antithèse, lorsqu’il n’y est pas ridicule. » En voici de morales : « Peu aiment beaucoup ; beaucoup aiment peu. » « Un despote n’a pas d’amis. » « L’époux qui frappe sa compagne mérite-t-il le nom d’époux ? Je dis plus : mérite-t-il le nom d’homme ? 

362. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

Théophile Gautier Dans son premier volume, qui date de 1865 et qui porte le titre de : Stances et poèmes, les moindres pièces ont ce mérite d’être composées, d’avoir un commencement, un milieu et une fin, de tendre à un but, d’exprimer une idée précise… Dès les premières pages du livre, on rencontre une pièce charmante, d’une fraîcheur d’idée et d’une délicatesse d’exécution qu’on ne saurait trop louer et qui est comme la note caractéristique du poète : Le Vase brisé… C’est bien là, en effet, la poésie de M.  […] Sully Prudhomme, avec ses poèmes, la Justice, le Bonheur, a voulu, et cet effort mérite tous les éloges, faire entrer dans les solides cadres de ses dogmes moraux et de ses conceptions sociales, la matière frémissante d’une riche sensibilité que tout ébranle, que tout froisse et meurtrit.

363. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Le vulgaire des courtisans comprend les hommes dénués de mérite et pétris de vanité, qui, tourmentés du besoin d’importance à défaut de considérai ion, sollicitent, et se contentent de recevoir à genoux quelques reflets de la puissance suprême. […] Ils n’ont pas voulu plaire au roi ambitieux et guerrier ; c’est leur mérite.

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