Les Mémoires de M. […] J’ai retrouvé dans ma mémoire un vers qui va à ces deux si différentes humeurs : Le malheur est partout, mais le bonheur aussi. […] Voici une strophe que j’ai placée dans ma mémoire. — Je la trouve très belle : vous direz si j’ai tort ou raison ; je vous croirai. […] Chateaubriand, dans ses Mémoires, en dit quelque chose. […] Villemain (Mémoires d’outre-tombe, tome VIII, page 369).
4º Enfin un volume que je ne mentionne que pour ne pas être incomplet, un roman historique intitulé : La Cour de Marie de Médicis, mémoires d’un cadet de Gascogne (1830). […] Bazin, les Mémoires d’un cadet de Gascogne ou la cour de Marie de Médicis, indique qu’à cette époque de 1830 il s’occupait déjà de son grand travail historique ; il en détachait par avance quelques hors-d’œuvre, quelques tableaux en marqueterie comme on les aimait alors. Mais quand ces prétendus Mémoires parurent en 1830, la veine ouverte il y avait déjà dix ans, et où avaient fait trace des hommes d’esprit et de talent (MM. […] Ainsi, quand le comte de Soissons se rapproche de son neveu le prince de Condé en 1611, et unit ses intérêts aux siens, cette association est si bien liée, que les mémoires du temps font remarquer avec surprise que rien ne put la rompre jusqu’à la mort du comte de Soissons, « qui arriva un an après ». […] Il m’eût été facile de donner de lui un portrait en apparence plus favorable de tout point, et aussi plus effacé ; mais je crois que la plus grande faveur qu’on puisse faire à un homme distingué et qui a de belles et hautes parties, le plus vrai service à rendre à sa mémoire d’homme de Lettres, c’est-à-dire d’homme qui veut, en définitive, qu’on se souvienne de lui, c’est de le montrer le plus au vif qu’on peut, et le plus saillant dans les lignes de la vérité.
Petitot eut obtenu de publier les Mémoires mêmes du cardinal, déposés depuis longtemps et jusque-là ensevelis dans les archives du ministère des Affaires étrangères, et qui ne formèrent pas moins de dix volumes in-octavo de sa collection. […] Ainsi donc, pour qui veut connaître aujourd’hui et avoir sous la main tous les écrits politiques et historiques de Richelieu (je ne parle pas de ses écrits de controverse comme évêque et théologien dans son diocèse), il convient d’avoir : 1º son Testament politique, précédé de la Succincte narration (édition de 1764)31 ; 2º ses Mémoires, imprimés dans la collection Petitot (1823), et depuis dans celle de MM. […] On voit poindre dans les lettres de Richelieu les premières lueurs de sa faveur en cour, sans pourtant en apprendre beaucoup plus que n’en disaient là-dessus ses Mémoires. […] Richelieu, dans ses Mémoires, a peint admirablement la misère de cette époque antérieure à sa venue, et ce qu’il appelle la lâcheté et la corruption des cœurs : Ce temps était si misérable, que ceux-là étaient les plus habiles parmi les grands qui étaient les plus industrieux à faire des brouilleries ; et les brouilleries étaient telles, et y avait si peu de sûreté en rétablissement des choses, que les ministres étaient plus occupés aux moyens nécessaires pour leur conservation qu’à ceux qui étaient nécessaires pour l’État. […] On a dans ses Mémoires une lettre adressée au jeune roi, dans laquelle un bon Français, que ne désavoue pas Sully, s’indigne de voir le maréchal d’Ancre, sa femme et Mangot, « ces trois créatures, avec leur Barbin et Luçon, régir tout le royaume, présider aux conseils d’État, disposer des dignités, armes et trésors de France, etc. » L’ancien ministre de Henri IV méconnaît et renie le successeur qui maintiendra et accroîtra l’œuvre de Henri IV.
Je m’imagine que s’il revenait au monde, lui, le superbe de son esprit, il regarderait comme une impertinence envers sa mémoire cette manière d’agir, littéraire ou commerciale, avec ses œuvres, — si on peut appeler de ce nom d’œuvres les improvisations d’un homme qui, en produisant, a si peu travaillé ! […] Qu’est-ce que le Petit Almanach des grands hommes, sinon des épigrammes fixées pour mémoire, qui avaient été parlées avant d’être écrites ? […] VI Après ce livre insuffisant sur Rivarol où ils se sont mis quatre, comme pour une contredanse, ces pauvres biographes, paillettes d’un or dont Rivarol était le lingot, on aurait pu avoir l’idée qu’il ne fallait pas toucher aux œuvres de Rivarol laissées comme elles l’étaient dans la pénombre du passé, et que rien ne valait, pour sa mémoire, l’espèce de gloire sans œuvres et sans preuves dont il avait été brillamment et vaporeusement enveloppé. […] Chateaubriand, le rêveur ennuyé qui dans le monde ne disait mot, le rencontra et put juger, un jour, des derniers et magnifiques rayons de l’astre de conversation qu’était Rivarol, et il en a parlé dans ses Mémoires d’outre-tombe, mais avec la sécheresse d’un esprit jaloux· Ce n’était pas Chateaubriand, ce muet de génie, qui était fait pour jouir de l’esprit solaire de Rivarol et pour en être le Memnon ! […] Qui n’a lu ses Mémoires, personnels et passionnés ?
Je pourrais, sans doute, aujourd’hui reproduire ces objections, afin de les discuter : ce serait une occasion que j’aimerais à saisir de rendre hommage à la mémoire d’un homme qui eût pu laisser un nom s’il eût voulu se mettre en rapport avec le public, et dont d’inexprimables chagrins ont causé la mort prématurée ; mais il faudrait discuter de nouveau les grandes et immenses questions relatives à l’institution du langage, à la formation des sociétés, aux traditions, aux castes : au point où j’en suis, je dois abandonner à ma pensée le soin de se compléter elle-même, et ensuite de se défendre. […] Le concours de 1826 n’ayant pas répondu aux espérances de la commission chargée d’examiner les mémoires, le prix fut prorogé à 1828 ; et de nouveaux développements furent ajoutés au programme, pour mieux expliquer les conditions du problème à résoudre. […] Massias fait imprimer son mémoire ; M. […] J’avoue que j’ai besoin de connaître ces deux mémoires pour saisir la question proposée, qui sans doute a reçu son sens de celui que lui ont donné les deux concurrents couronnés.
Quand on a lu l’histoire, et surtout les mémoires de ce temps, qui sont le vrai dessous de cartes de l’Histoire, on ne prend pas le change. […] Tous les préjugés protestants qui ont tenu la plume sur sa mémoire l’ont accusé d’étroitesse d’esprit, d’aveuglement, de ténacité. […] Cette injustice de l’Angleterre, qui charge la mémoire de Jacques après deux siècles, et qui prouve bien l’acharnement du sentiment protestant contre lui, il appartenait peut-être à un homme aussi éclairé que Macaulay de la réparer. […] Nul plus que lui, et d’une main plus perfidement ingénieuse, n’a travaillé à allonger la claie sur laquelle on traîne la mémoire du malheureux roi d’Angleterre.
Par malheur, il n’en est point absolument ainsi ; ce qu’on recueille dans de gros volumes n’est pas sauvé par là même, et ce qui reste dans des feuilles éparses n’est pas tellement perdu que cela ne pèse encore après vous pour surcharger au besoin votre démarche littéraire, et, plus tard, voire mémoire (si mémoire il y a), de mille réminiscences traînantes et confuses… Il convient donc de ne répondre littérairement que de ce qu’on a admis, et, sans avoir à désavouer le reste, de le rejeter au fond. […] Article sur la cérémonie expiatoire en mémoire des Quatre Sergent de la Rochelle (20 septembre 1830).