La lumière, c’est l’intelligence du peintre. L’intelligence, c’est la lumière de l’écrivain. […] Avec la vision sans lumière va généralement d’accord la vision empaillée. […] Ou alors, c’était, comme le bergsonisme, une lumière artificielle, plus triste que ce bas crépuscule. […] En tout, il a donné le pas à l’erreur et mis sous le boisseau la lumière des causes efficientes.
Si vous parcourez toute la famille, vous y trouverez sans doute quelque plante marquante qui manifeste le type en pleine lumière, tandis qu’à l’entour et par degrés il va s’altérant, dégénère et finit par se perdre dans les familles environnantes. […] voilà que tu rétablis ton funeste empire ; la lumière meurt devant ta parole mortelle ; ta main, grand anarque, laisse tomber le rideau, et l’obscurité universelle ensevelit le monde1119. » Tapage final, cymbales et trombones, pétarades et feux d’artifice. […] Il marque tout dans le vol du faisan, le frou-frou de son essor, « ses teintes lustrées, changeantes, — sa crête de pourpre, ses yeux cerclés d’écarlate, — le vert si vif que déploie son plumage luisant, — ses ailes peintes, sa poitrine où l’or flamboie1121. » Il a la plus riche provision de mots brillants pour peindre les sylphes qui voltigent autour de son héroïne, « lumineux escadrons dont les chuchotements aériens semblent le bruissement des zéphyrs, — et qui, ouvrant au soleil leurs ailes d’insectes, — voguent sur la brise ou s’enfoncent dans des nuages d’or ; — formes transparentes dont la finesse échappe à la vue des mortels, — corps fluides à demi dissous dans la lumière, — vêtements éthérés qui flottent abandonnés au vent, — légers tissus, voiles étincelants, formés des fils de la rosée, — trempés dans les plus riches teintes du ciel, — où la lumière se joue en nuances qui se mêlent, — où chaque rayon jette des couleurs passagères, — couleurs nouvelles qui changent à chaque mouvement de leurs ailes1122. » Sans doute ce ne sont point là les sylphes de Shakspeare ; mais à côté d’une rose naturelle et vivante, on peut encore voir avec plaisir une fleur en diamants, comme il en sort des mains d’un joaillier, chef-d’œuvre d’art et de patience, dont les facettes font chatoyer la lumière et jettent une pluie d’étincelles sur le feuillage de filigrane qui les soutient. […] Cet objet lui-même a beau être abstrait, obscur, déplaisant, contraire à la poésie ; le style répand sur lui sa lumière ; de nobles images, empruntées aux spectacles simples et grands de la nature, viennent l’illuminer et le décorer. […] Il peint toutes les petites choses, il n’en a pas honte, elles l’intéressent ; il prend plaisir à « l’odeur de la laiterie » ; vous l’entendez parler des chenilles, et « de la feuille qui se recroqueville empoisonnée par leur morsure », des oiseaux qui, sentant venir la pluie, « lissent d’huile leur plumage pour que l’eau luisante puisse glisser sur leur corps. » Il sent si bien les objets qu’il les fait voir : on reconnaît le paysage anglais, vert et humide, à demi noyé de vapeurs mouvantes, taché çà et là de nuages violacés qui fondent en ondées sur l’horizon qu’ils ternissent, mais où la lumière se distille finement tamisée dans la brume, et dont le ciel lavé reluit par instants avec une incomparable pureté.
Je l’ai trouvé dans son cabinet de travail, causant sans lumière avec son fils et le conseiller aulique Rehbein, son médecin. […] On apporta bientôt de la lumière, et j’eus le bonheur de voir Goethe devant moi plein de vivacité et de gaieté. […] Si le chêne croît dans l’épaisseur d’un bois, entouré de grands arbres, il se dirigera toujours vers le haut, vers l’air libre et la lumière. […] Quant à l’exposition, il leur faut un endroit tel qu’ils puissent recevoir de tous les côtés lumière, soleil, pluie et vent. […] Enfin, j’étais sur le point de rentrer dans ma chambre solitaire, lorsque, en passant encore une fois devant sa maison, je ne vois plus de lumière.
Homère est la poésie de la lumière, Ossian est la poésie de la nuit. […] Mais, pour exprimer la nature entière, l’un n’est pas moins nécessaire que l’autre ; la pleine lumière est le jour d’Homère, l’ombre et les nuages sont le crépuscule d’Ossian. […] L’éclat de ses charmes l’environne comme des rayons de lumière ; le doux bruit de ses pas légers plaît à l’oreille comme une musique agréable. […] La joie s’épanouit sur le visage d’Oscar : ses joues se colorent ; ses yeux versent des larmes de plaisir : son épée paraît dans ses mains un rayon de lumière. […] J’ai brillé comme un rayon de lumière, mais j’ai passé comme lui ; je m’évanouis comme la vapeur que dissipent les vents du matin lorsqu’il vient éclairer les collines.
Ses seules dépenses connues étaient le pain bénit, la toilette de sa femme, celle de sa fille, et le payement de leurs chaises à l’église, la lumière, les gages de la grande Nanon, l’étamage de ses casseroles, l’acquittement des impositions, les réparations de ses bâtiments et les frais de ses exploitations. […] Un vieux cartel de cuivre, incrusté d’arabesques en écaille, ornait le manteau de la cheminée en pierre blanche, mal sculpté, sur lequel était une glace verdâtre, dont les côtés, coupés en biseau pour en montrer l’épaisseur, reflétaient un filet de lumière le long d’un trumeau gothique en acier damasquiné. […] La mère et la fille entretenaient tout le linge de la maison, et employaient si consciencieusement leurs journées à ce véritable labeur d’ouvrière, que, si Eugénie voulait broder une collerette à sa mère, elle était forcée de prendre sur ses heures de sommeil en trompant son père pour avoir de la lumière. […] Si la lumière est le premier amour de la vie, l’amour n’est-il pas la lumière du cœur ? […] « Elle avait une tête énorme, le front masculin, mais délicat, du Jupiter de Phidias, et des yeux gris auxquels sa chaste vie, en s’y portant tout entière, imprimait une lumière jaillissante.
Je me souviens aussi du jour et de l’heure où je vis, pour la première fois, au soleil levant d’Athènes, les bas-reliefs de Phidias resplendir et se mouvoir, pour ainsi dire, sous les rayons ambiants de la lumière dorée sur le fronton du Parthénon ! […] Une belle lumière du matin, un peu verdie par le reflet des marronniers en fleurs, se jouait sur les rideaux, sur les glaces et sur les reliures rouges des livres de son cabinet. […] Les gerbes de lumière, jaillissant des lustres, de la rampe, des candélabres, et répercutées par les diamants des femmes de la cour, m’éblouirent un moment comme d’une cécité lumineuse. […] Les rois des nations, devant toi prosternés, De tes pieds baisent la poussière ; Les peuples à l’envi marchent à ta lumière. […] L’un regarde en bas, l’autre en haut ; mais en bas sont les ténèbres, en haut la lumière, fille et splendeur de l’Éternel.
Il décrit avec complaisance cette âme charmante que Gassendi appelait « la fleur la plus vive et la plus pure du sang. » Il « subtilise un morceau de matière, un extrait de la lumière, une quintessence d’atome, je ne sais quoi de plus vif et de plus mobile encore que le feu. » Il met cette âme en l’enfant comme en l’animal, et nous fait ainsi parents de ses bêtes. Seulement il en ajoute chez nous une seconde « commune à nous et aux anges, fille du ciel, trésor à part, capable de suivre en l’air les phalanges célestes, lumière faible et tendre pendant nos premiers ans, mais qui finit par percer les ténèbres de la matière. » Ces gracieuses rêveries, imitées de Platon, vraie philosophie de poëte, peignent son sentiment plutôt que sa croyance. […] L’homme aujourd’hui ressemble à ces grandes capitales qui sont les chefs-d’oeuvre et les nourrices de sa pensée et de son industrie ; le pavé y couvre la terre, les maisons offusquent le ciel, les lumières artificielles effacent la nuit, les inventions ingénieuses et laborieuses encombrent les rues, les visages actifs et flétris se pressent le long des vitrines ; les souterrains, les égouts, les quais, les palais, les arcs de triomphe, l’entassement des machines étalent et multiplient le magnifique et douloureux spectacle de la nature maîtrisée et défigurée. […] Elles se lustrent, s’étalent, jouissent de toute la lumière du ciel, et répètent leur chant incessant et tranquille, jusqu’au moment où, une par une, elles tombent en tournoyant sur le gazon jauni. […] On ne peut contempler les grandes lignes des paysages, le calme des ombres et de la lumière, la large voûte du ciel, sans se conformer à la pensée sourde qui semble pénétrer toutes ces choses et les unir.