« L’avenir consiste dans la recherche des lois naturelles, révélation incontestable et sûre de la pensée divine. […] Le mariage est une loi dont les hommes, pauvres sacrilèges, ont voulu faire une institution… Si j’étais législateur, j’écrirais un seul article dans le code humain, L’Amour OU le mariage étant d’institution divine est nécessairement indissoluble. La loi civile ne peut l’établir. […] Pour qui croit que les lois naturelles sont encore à découvrir, il n’y a pas d’institution possible dont on puisse affirmer autre chose qu’une nécessité de fait, sans mortelle inconséquence ; et voilà pourquoi la petite théorie, religieuse et sentimentale de Mme André Léo, s’est brisée en quatre morceaux ! […] Elle ne se contente pas de peindre la campagne, elle la cultive et la fume… On est étonné dans ses œuvres de l’amour de la nature qui se voit, à côté de la nature qui rapporte… On est étonné de ces descriptions, romantiques et mièvres, sous la plume d’un écrivain si sérieux, quand tout à coup au milieu d’elles, dans le plus brillant de leurs draperies et de leurs déroulements de paysages, il se fait un trou ; et la tête de l’institutrice passe par ce trou et nous lâche des phrases de cette institution : « l’âme échappant aux lois dont elle fait partie, habite le monde absolu des idées où la durée s’absorbe dans l’éternité de l’être ».
Quand la Démocratie parut, on se rappelle avec quelle insistance on se demanda de toutes parts si l’auteur était pour ou contre la démocratie, pour ou contre le système américain, car il y avait dans son livre assez pour l’une ou pour l’autre de ces deux thèses, et ce fut, sans doute, la raison de l’immense succès d’un ouvrage qu’on ne craignit pas de comparer à l’Esprit des Lois ! Dans l’Esprit des Lois, en effet, l’éclectique Montesquieu acceptait aussi, sans le vanner, tout le pêle-mêle de l’histoire, mais c’était à la condition téméraire de donner la raison des choses et la loi des contradictions, tandis que son pâle imitateur, son faible descendant par les femmes, n’avait pas, lui, le mouvement d’idées, fussent-elles fausses, qui servaient à Montesquieu pour tout justifier. […] Quoique Tocqueville ne soit pas trempé pour le pamphlet, quoiqu’il soit parfaitement incapable de mettre en grisaille les Lettres persanes, s’il a pu y mettre l’Esprit des lois, on n’en sent pas moins dans son ouvrage la bonne volonté des attaques réfléchies et couvertes contre un gouvernement fort qui a su résoudre le problème, qu’on croyait insoluble depuis quarante ans, d’une grande autorité populaire. […] Or, de son propre aveu, à deux lignes de là, dans ce livre où toutes les affirmations se soufflettent, la liberté déréglée et malsaine des hommes du xviiie siècle les rendait moins propres qu’aucun autre peuple à fonder l’empire paisible et libre des lois… — En présence d’une liberté déréglée et malsaine, eh !
Revenons aux vrais modèles, et de leur examen découleront les lois du goût, qui ne semblent arbitraires qu’aux esprits qui les méconnaissent. […] Si vous y regardez attentivement, vous apercevrez qu’elle lui dicte ses lois impérieuses. […] On y voit que les lois fondamentales de l’imitation sont les mêmes pour tous les temps. […] L’empire d’un nom fameux doit céder aux lois du goût. […] On a recours aux digressions pour tenir l’attention éveillée ; et l’on perd de vue les lois positives qu’elle recherche.
Mais les lois de défense républicaine ne sont pas toute la République. […] L’un travaille dans un monde fait, où il trouve des lois. L’autre travaille dans un monde à faire, où il tourne des lois. […] Le protocole républicain est celui-ci : cadres, électeurs, Parlement, loi. Le citoyen est alors soumis à la loi, non la loi au citoyen.
Il entendait par nature ces ensembles et lois générales relatives à la matière par qui le monde est gouverné. […] Ce tableau est précédé de considérations sur les différents degrés de jouissance qu’offrent l’étude de la nature et la connaissance de ses lois. […] On croit que ces nébuleuses subissent graduellement des changements de forme, suivant que la matière, obéissant aux lois de gravitation, se condense autour d’un ou de plusieurs centres. […] Ce système, qui est aussi celui d’autres astronomes, paraît peu digne, peu vraisemblable ou peu conforme à la loi générale des astres. […] Des lois connues partiellement nous ont servi à classer tous ces phénomènes ; d’autres lois, d’une nature plus mystérieuse, exercent leur empire dans les régions les plus élevées du monde organique, dans la sphère de l’espèce humaine avec ses conformations diverses, avec l’énergie créatrice de l’esprit dont elle est douée, avec les langues variées qui en sont le produit.
. — Loi qui régit la localisation. — Nous situons notre sensation à l’endroit où nous avons coutume de rencontrer sa condition ou cause ordinaire. […] Toutes les singularités, toutes les erreurs, toutes les diversités du jugement localisateur s’expliquent par cette loi. […] Si presque toujours à l’illusion mentale correspond l’ébranlement du bout nerveux, c’est que tous les deux naissent en vertu de la même loi. […] La loi qui a fini par susciter en nous l’illusion amène d’ordinaire hors de nous la condition. […] La loi est générale, indépendante de ma présence, de mon absence, de mon existence.
De quelque côté qu’on se tourne dans les beaux-arts, on voit partout la médiocrité dictant les lois, et le génie s’abaissant à lui obéir. […] Nous examinerons d’abord les lois de la traduction, eu égard au génie des langues, ensuite relativement au génie des auteurs, enfin par rapport aux principes qu’on peut se faire dans ce genre d’écrire. […] Notre langue, au contraire, est la plus sévère de toutes dans ses lois, la plus uniforme dans sa construction, la plus gênée dans sa marche. […] chacune a ses lois, qu’il n’est pas permis de changer ; parler latin en français, serait plutôt une entreprise bizarre qu’une hardiesse heureuse. […] La troisième loi arbitraire que les traducteurs ont subie, c’est la contrainte ridicule de traduire un auteur d’un bout à l’autre.