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432. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Il a des parentés évidentes avec les grands Gaulois de notre littérature ; Rabelais, Mathurin Régnier, tous ces braveurs d’honnêteté dans les mots, — La Fontaine lui-même, si on pouvait comparer quelqu’un à ce délicat de La Fontaine dans ce qui n’est pas délicat : la gauloiserie ! […] Richepin est Jean-le-Téméraire en littérature, Il a peut-être ru que la hardiesse, et la crânerie dans la hardiesse, seraient de l’originalité. […] Pour donner une idée de l’œuvre de M· Richepin, elle est obligée de renvoyer à son livre, à ce mastodonte qui, s’il disparaissait de la littérature, n’aurait pas de Cuvier ; car on ne reconstituerait pas avec les os de quelques pièces de vers isolées la gigantesque ossature du tout. […] Maintenant, cherchez (même dans la littérature européenne) une poésie d’une verve aussi violente et aussi continue ! […] J’ai mieux aimé les séparer, et puisque ma fonction, dans ce livre, est de faire de la littérature, j’en ai fait.

433. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

[Cours familier de littérature (1859).] […] Un vrai poète était né, un poète dont la littérature française devait s’honorer autant que la littérature provençale. […] La clarté de ses vers et le noble exemple de sa vie impressionnent tous les jeunes gens que le Midi produit en rangs pressés et qui, portant au cœur l’amour de la patrie natale, s’aventurent cependant dans la littérature française vivifiée et embellie de leur lumineuse vigueur.

434. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

Alors, j’ai fait d’la littérature, Mais le démon de la Vérité Sifflotait tout l’temps à mes côtés : « Pauvre ! […] Il reste préoccupé de l’écriture artiste, de cette littérature que Barbey d’Aurevilly appelle la littérature du tabac, littérature d’impulsifs, de sensitifs, d’impressionnistes, toute en nerfs aigus, vibrants.

435. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Le fameux Bayle, surpris de voir qu’en Hollande où il y avoit tant de Libraires & une si grande liberté d’imprimer, on ne se fût pas encore avisé de donner un Journal de Littérature, en publia un au commencement de 1684., sous le titre de Nouvelles de la République des Lettres. […] Freron & de Laporte, disciples de ce juge du Parnasse, donnerent des nouvelles feuilles, l’un sous le titre de Lettres sur quelques écrits nouveaux, l’autre sous celui d’Observations sur la Littérature moderne. […] Son ouvrage comprend la belle littérature, les productions agréables, telles que les histoires, les romans, les brochures, les piéces d’éloquence & de poésie, les ouvrages dramatiques, particuliérement la musique, la peinture, la sculpture, l’architecture, en un mot, ce qu’on entend par belles-lettres & beaux arts. […] Mathon de la Cour & Sautreau, s’occupe de tout ce qui peut intéresser le beau sexe dans la littérature & dans les arts agréables.

436. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Don Quichotte entrait dans la littérature nationale d’Espagne comme le Cid des Romanceros. […] Mais pour que rien ne manquât à la renommée de ce pauvre et charmant grand homme, à qui tout avait manqué pendant qu’il vivait, il lui naquit plus tard cette chose rare, ce hasard inouï, cette nonpareille des Florides en littérature, un traducteur, et un traducteur dans cette langue française, la langue polyglotte, qui universalise la pensée d’un homme en l’exprimant. […] Si Junius, ce masque de fer épistolaire de la littérature anglaise, cet impatientant inconnu, qui avait pour devise les mots latins : Nominis umbra, n’était pas un magnifique écrivain politique ; si, par le talent à la changeante physionomie, il n’avait pas désespéré l’hypothèse, et fait dire tour à tour : « Serait-ce Burke ? […] De tous les grands humouristes de la littérature européenne, Cervantes est celui qui a le plus de larmes dans la coupe de son sourire.

437. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Ce n’est plus l’Histoire de la Littérature anglaise, qui, nul dans l’idée générale sur laquelle il repose, n’en est pas moins un livre très intéressant dans sa partie littéraire, et d’un écrivain qui martèle son style, mais qui, à force de le marteler, le rend brillant et solide. […] Il y a plus : j’estimais que si un homme était capable de mettre de l’agrément dans un livre philosophique, c’était le philosophe qui s’était une fois si joliment moqué des philosophes, et si c’était ainsi pour moi, si raisonnable, comme vous voyez, dans mon amour pour Taine, qu’est-ce que cela devait être pour ses admirateurs, qui le prennent pour le Génie en herbe de la littérature et le considèrent comme un jeune dieu ? […] C’est lui-même, Taine, le critique littéraire qui s’était si agréablement balancé entre Tite-Live et La Fontaine ; lui, les lunettes professorales du palais des Beaux-Arts et le binocle des Musées d’Italie ; lui, le poète fantaisiste des petits cochons roses, c’est lui-même qui a renoncé à la littérature, au binocle, aux petits cochons, à la fantaisie, qui s’est changé en philosophe ardu et qui a pris pour nourrice la philosophie au lait d’ânesse ! On l’avait déjà dit, du reste, parmi ses amis, que Taine s’était définitivement arraché à la littérature pour se donner, cervelle, tripes et boyaux, à la science, à la grande science, à la science austère.

438. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Mais prenons garde : si mon article est trop bien composé et conçu, s’il met le lecteur au fait, s’il le dispense de recourir aux comptes rendus officiels, si, en un mot, cet article net et lucide se suffit à lui-même comme il est de règle en bonne littérature politique, en bonne rhétorique du genre, je suis en faute, en contravention, et me voilà condamné ipso facto. […] La littérature, messieurs, sous ses airs riants, est une rude carrière, et plus ingrate qu’on ne le croit pour ceux qui la cultivent, pour ceux-là mêmes qui parviennent à y acquérir de la renommée. Un homme qui la connaît bien et qui dirige avec habileté un des plus importants recueils périodiques (la Revue des Deux Mondes) me le disait encore l’autre jour : « La littérature toute seule ne fait pas vivre son homme. » Je ne vois d’exception que pour les grands succès au théâtre. […] Et plaignez-vous après cela qu’il y ait diminution du feu sacré dans la littérature ! […] Les familles, en général (sauf quelques exceptions bien rares), sont peu amies de la littérature.

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