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455. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Ils ont leurs défauts littéraires, mais ils sont ce qu’on appelle des écrivains de race, et cela seul couvre tout, si cela oblige à tout… Leur Renée Mauperin, republiée par Alphonse Lemerre, je ne la connaissais pas. […] Ils en ont dû prendre les mœurs, du moins dans le langage ; et ils ont pensé qu’en faisant entrer les mots de cette langue, spéciale aux ateliers, dans la langue littéraire, ce serait là un accroissement et une richesse de plus pour la langue et pour la littérature. […] Ils ont eu une jeunesse littéraire exubérante, comme tous ceux qui sont assez riches pour avoir à gagner en perdant. […] « Le classicisme et sa queue seront tués. » Et la révolution de la Vérité littéraire accomplie. […] — qui fait son train ridicule dans ce ridicule moment littéraire, et voilà pourquoi j’ai pesé sur ce que je n’aurais fait qu’effleurer dans un autre temps.

456. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Lyon, dans notre histoire littéraire, a eu des destinées particulières : l’Allemagne, l’Italie, la France y mêlent leurs génies ; l’activité pratique, l’industrie, le commerce, les intérêts et les richesses qu’ils créent n’y étouffent pas les ardeurs mystiques, les exaltations âpres ou tendres, les vibrations profondes ou sonores de la sensibilité tumultueuse : c’est la ville de Valdo et de Ballanche, de Laprade et de Jules Favre. […] Nous apercevons déjà un caractère de cette révolution littéraire : la volonté y a autant de part que la spontanéité. […] Dans la réforme de Ronsard, la critique accompagna et même précéda l’inspiration : Du Bellay lança en 1549 sa Défense et Illustration de la langue française, qui est tout à la fois un pamphlet, un plaidoyer et un art poétique, œuvre brillante et facile, parfois même éloquente et chaleureuse, le premier ouvrage enfin de critique littéraire qui compte dans notre littérature, et le plus considérable jusqu’à Boileau. […] Car la langue littéraire de Rome est une création artificielle, et peut-être aurait-il été mieux ici d’essayer de ne point répéter les procédés un peu factices des écrivains latins. […] 5° Légitime aussi est l’emploi des termes techniques et de métiers : et de hanter « toutes sortes d’ouvriers et gens mécaniques », c’est pour le poète un excellent moyen d’élargir le vocabulaire littéraire.

457. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Tu es le meilleur et le plus heureux. » [La Vie littéraire (1892).] […] [Entretiens politiques et littéraires (1893).] […] [Entretiens politiques et littéraires (10 décembre 1893).] […] Celle aussi toute abandonnée et naïvement enfantine, ou il fut si vrai de dire de lui ce que disait Schopenhauer : « Le génie a un caractère enfantin. » Et ne pourrais-je croire qu’il fut dans l’évolution littéraire comme le père spirituel d’un de vos deux plus grands poètes : M.  […] Quant à son rôle dans « l’évolution littéraire », il me semble qu’il est peut-être le génie le plus purement français, le plus primesautier et le plus doux depuis l’auteur de la fable des Deux Pigeons.

458. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Et, disons-le ici en passant, le pouvoir, par un assez lâche calcul, s’était flatté d’avoir pour auxiliaires, dans cette occasion, jusque dans les rangs de l’opposition, les passions littéraires soulevées depuis si longtemps autour de l’auteur. Il avait cru les haines littéraires plus tenaces encore que les haines politiques, se fondant sur ce que les premières ont leurs racines dans les amours-propres, et les secondes seulement dans les intérêts. […] Tout ce qu’il y a d’honorable et de loyal parmi les ennemis de l’auteur est venu lui tendre la main, quitte à recommencer le combat littéraire aussitôt que le combat politique sera fini. […] Ce n’est qu’un méchant petit coup d’état littéraire, qui n’a d’autre mérite que de ne pas trop dépareiller la collection d’actes arbitraires a laquelle il fait suite. […] L’état de siège sera levé dans la cité littéraire comme dans la cité politique.

459. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Le jugement littéraire est un rapport complexe de trois termes inégaux. […] L’histoire littéraire y périra d’abord ; la tradition ensuite, avec l’histoire littéraire ; et finalement, avec la tradition, le sentiment de la solidarité qui lie les générations les unes aux autres. […] « Analyser le rôle littéraire de Vinet, dit à ce propos M.  […] La volonté, en effet, a plus de part qu’on ne le veut bien dire aux révolutions littéraires. […] Il n’est pas nécessaire qu’un roman soit littéraire, non plus qu’un drame.

460. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Il est toujours mauvais, je le sais, en ces questions de goût et d’appréciation littéraire, de n’avoir pas M.  […] Que reste-t-il donc à dire de Pascal, au point de vue de l’histoire littéraire ? […] Se rejettera-t-on peut-être sur l’ignorance où le public littéraire aurait alors été de la langue espagnole ? […] Ce qui est à moitié vrai de l’invention scientifique l’est presque entièrement de l’invention littéraire. […] Ceci est caractéristique d’un moment important de notre histoire littéraire.

461. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

À cette date la vie littéraire de Chateaubriand est finie : sa vie politique va commencer647. […] Si l’on prend Chateaubriand hors de sa vie politique, hors des Mémoires d’outre-tombe, dans ses œuvres de création littéraire seulement, à peine le soupçonnera-t-on spirituel, et moins encore, peut-être, intelligent. […] Ce n’est pas que les idées littéraires de Chateaubriand valent beaucoup mieux que ses idées philosophiques. […] Avec les motifs d’inspiration, il a révélé la forme : il a rétabli l’art et la beauté, comme objets essentiels de l’œuvre littéraire. […] À consulter : Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire, 1860, 2 vol. in-8.

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