comme il s’en est bien corrigé, et que ceux qui lisent aujourd’hui son livre Du vrai, du bien et du beau, auraient peine à comprendre qu’il ait pu hésiter à se montrer à tous si naturellement éloquent ! […] Ernest Renan, avec toute sa science, son élévation et sa finesse, se renfermant dans une langue toute théologique, opérerait-il cette merveille de faire lire à nos légers Français, et dans un journal, des morceaux de si neuve et si forte conception ? […] Il est érudit, il sait, beaucoup, il a beaucoup lu et dévoré ; mais tout cela est à une fin déterminée d’avance ; il tire à lui les textes et les détourne ; ses étymologies sont dérisoires et sentent le calembour. « Il a de l’érudition, il n’a point de science : on ferait une longue liste de ses bévues. » M. […] En un mot, quand je lis Mme Swetchine, ce subtile et fidèle élève de De Maistre, il me semble que M. […] Scherer est à lire (pages 368-370 et page 343), et si dans cette conclusion l’impression morale qui surnage semble un peu en contradiction avec la conséquence intellectuelle, si on s’étonne de trouver l’une beaucoup plus favorable que l’autre, je me l’explique très bien par la situation personnelle du critique lui-même, qui fait un retour sur son propre passé, et qui, lui aussi, a osé se modifier, varier (toute proportion gardée) dans le degré de sa foi, et l’avouer sincèrement à son monde. — Et je me rappelle à ce sujet un dernier entretien que j’eus avec Lamennais.
Quand je lis ce signe, j’entends très bien le sens qu’il a, c’est-à-dire j’imagine très nettement ce qu’il remplace : 36, c’est par définition 35 plus 1. […] Pareillement encore, quand nous le lisons ou que nous l’entendons, nous n’avons qu’à insister pour évoquer intérieurement, comme en présence du mot chat ou du mot bouleau, l’image d’un cas où il s’applique ; nous imaginons un jeton à côté d’un jeton, une pierre à côté d’une pierre, un son après un son, comme tout à l’heure nous imaginions un museau fin avec un poil gris ou blanc, un mince tronc blanc avec de petites feuilles frissonnantes. — Il en est de même pour les mots trois, quatre ; cela est plus difficile pour les mots cinq, six ; la difficulté va croissant pour les nombres supérieurs, et il y a toujours un chiffre plus ou moins élevé où tout esprit s’arrête ; nous ne pouvons pas percevoir ou nous représenter distinctement ensemble au-delà d’un certain nombre de faits ou d’objets ; d’ordinaire, c’est cinq ou six, plus souvent quatre. — Pour remédier à cet inconvénient, nous négligeons le groupe qui correspond au mot ; nous ne donnons plus d’attention qu’au mot substitut ; après avoir vu ensemble quatre objets, nous les oublions pour ne plus songer qu’au mot quatre, et nous pouvons les oublier, parce que plus tard, revenant sur le mot et appuyant dessus, nous les reverrons intérieurement, sans méprise ni confusion. […] Quand nous apprécions une distance, il faut bien qu’elles soient présentes ; et pourtant nous ne les démêlons plus, quelque envie que nous en ayons ; elles sont pour nous comme si elles n’étaient pas ; il nous semble que nous connaissons, directement et sans leur entremise, la position que seules elles dénotent ; si parfois elles nous frappent, c’est en s’exagérant, par exemple lorsque, obligés de lire de trop près ou de trop loin, nous éprouvons dans les muscles de l’œil une fatigue notable ; hors de ces cas, elles sont invisibles et comme évanouies. — Pareillement, un compositeur qui vient de lire un air d’opéra ne se souvient pas des croches, des blanches, des clefs, des portées, et de tout le barbouillage noir sur lequel ses yeux se sont promenés, mais seulement de la série des accords qu’intérieurement il a entendus ; les signes se sont effacés, les sons seuls surnagent. — Quand il s’agit de mots, nous pouvons marquer les divers degrés de cet effacement. […] Rien, sinon qu’elle est une action ; par l’évanouissement des mots, nous l’avons vidée de ce qui la constitue ; nous la posons à part, pure et simple, ou, comme nous disons, spirituelle ; l’ayant dépouillée, nous la croyons nue ; et, remarquant plus tard que pour la produire nous avons lu des signes, nous croyons que le signe n’est pour elle qu’un aide préalable et un excitateur séparé.
On n’avait que le temps de lire ; car celui-là on le prenait. On aurait lu sur la pointe des clochers ces choses légères, qui marchaient elles-mêmes — bien souvent — sur cette pointe. […] Il faut lire et relire les conversations de cet homme épris de plus en plus, au point de renoncer à ce qu’il aime, avec cette pauvre femme qui, en l’écoutant, se désenchante plus elle l’écoute ! C’est délicieux et au fond poignant ; c’est du pathétique et du génie là où il n’y en a presque jamais : c’est du pathétique et du génie dans la finesse… IV Il faut lire… Mais à cela près des connaisseurs, qui font pour moi le seul succès dont on puisse avoir la fatuité, la supériorité d’un talent comme celui de madame de Molènes sera-t-elle sentie ? […] Toutes les femmes qui ne sont pas des Bas-bleus voudront lire ce livre d’une femme qui n’est pas une bleue, et se plonger dans cette mousse qui a pourtant sa goutte amère, puisque, il faut bien le dire !
Lu une fois, Diderot mérite-t-il d’être relu ? […] » se contenta de dire : « Je ne le prendrai ni ne le lirai, car je ne suis plus un jeune homme », et, en s’abstenant, il ne perdit que la fatigue de l’avoir pris et que l’ennui de l’avoir lu… On n’a pas besoin d’être roi de Prusse. […] Il avait cependant lu et admiré Richardson. […] … Il avait lu ses romans, ses contes et ses paradoxes, et il arlequina là-dessus. […] Personne, personne, au fond, n’avait lu et ne connaissait Diderot dans son intégralité, effrayante et assommante.
Il contenait les poésies d’Émile Deschamps, accompagnées d’une lettre que Goethe me donna à lire. […] Il lut un peu dans les Études d’Émile Deschamps. […] Ces jours-ci j’ai lu Notre-Dame de Paris, et il ne m’a pas fallu peu de patience pour supporter les tortures que m’a données cette lecture. […] Étendu sur le dos, il reposait comme un homme endormi ; la fermeté et une paix profonde se lisaient sur les traits pleins d’élévation de son noble visage. […] Quand on l’a lu avec bonne foi, on change sa manière de voir sur ce grand homme.
C’est le style haché par trop menu de l’homme qui lire à la ligne (joli style de Paris !). […] L’auteur à fond de train et ventre-à-terre des romans les plus lus et les plus aimés de ce siècle, qui a la fringale des romans, s’est rassis dans ce petit volume. […] L’Histoire des Jésuites ne fut guères lue que par ceux qui n’avaient pas besoin de la lire et d’être édifiés sur le compte de ceux qu’elle défend ou qu’elle innocente. […] On veut des romans qui n’en finissent pas, mais un livre de raison, de faits graves et de discussion, doit être court pour être lu. […] J’ai parlé de Voltaire, mais lisez l’introduction étincelante de Jésuites !
C’est la faute d’un genre faux, la conférence lue. […] Il avait lu à peu près tout ce qu’on pouvait lire de son temps sur Carthage » ? […] Des hommes qui lisent. […] L’un sait écouter et voir comme l’autre sait lire. […] Lettre suit. » (Lisez Où nous en sommes ?