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209. (1891) Esquisses contemporaines

Une part trop large avait été faite à la libre initiative de l’homme ; on ne pouvait la restreindre qu’en accentuant celle de Dieu. […] Il écarte la doctrine de la chute originelle par le dilemme bien connu : ou le péché est un acte libre et alors il ne saurait être transmissible par la génération ; ou il est un état héréditaire, et alors il cesse d’être libre et, par conséquent, responsable. […] Je me sens libre parce que je suis libre ; moi, dis-je, c’est-à-dire l’être donné, déterminé, qui porte ce nom, et dont la détermination constitue précisément le moi. Je me sens libre, parce que ce qui est déterminé en moi c’est moi-même, et que je ne puis me distinguer de moi-même. […] Si l’homme n’est pas libre, Dieu ne l’est, pas davantage, et le monisme absolu préside à l’évolution cosmique.

210. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Éphémérides poétiques, 1891-1900 » pp. 179-187

. — L’Idée libre (Émile Besnus). — La Joute (Masson Darboy). — Le Livre d’art (Paul Fort). — Le Mouvement littéraire (Fernand Roussel). — Le Saint Graal (Emmanuel Signoret). — Psyché (V.-Émile Michelet). — La Syrinx (Joachim Gasquet). — La Revue jeune (Maurice Pujo). — L’Art et l’Idée (Octave Uzanne). — L’En dehors (Zo d’Axa). — Les Essais d’art libre (Edmond Coutances). — Les Essais des jeunes (Emmanuel Delbousquet). — Floréal (Paul Gerardy). — Le Réveil, Flandre et Wallonie (Max Elskamp-Gerardy-Maeterlinck).

211. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

Il fit contr’eux une épigramme, dans laquelle il assure que l’Histoire des flagellans condamne, non l’usage de la discipline, mais l’abus qu’on en peut faire Cette histoire, dit-il, laisse les plus grands pécheurs libres de se meurtrir de coups. […] Le livre de l’abbé Boileau n’a pas le mérite du stile ; il est mal écrit, &, par-là, moins dangereux que celui de Chorier, qui n’a que trop réuni, aux idées les plus libres, l’élégance & la finesse de l’expression.

212. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

ils étaient tous non-seulement libres, mais souverains dans leur domestique… La puissance ? […] C’est dans ce sens que l’on peut dire, comme lui, que les républiques se sont formées d’hommes libres et d’un caractère sévère.

213. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

… ô rêve, tu rayonnais enfin sans voiles, fleuri en chair sous de libres cieux ! […] Indignation de Floris : il était plus libre dans sa misère. […] poèmes plus libres, plus capiteux et plus fantasques. […] Un salut qui ne serait pas libre, quel intérêt cela aurait-il ? […] Ce qu’il veut, c’est d’être aimé par des hommes libres.

214. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Et cependant Jean-Jacques veut garder l’allure d’un homme libre, que les grandeurs n’éblouissent point. […] qu’il en a assez de ces femmes émancipées, de ces femmes philosophes et athées et qui croient avoir l’esprit libre ! […] Je l’ignore… Qu’est-ce qui peut le rendre légitime (« le », c’est-à-dire ce changement de l’homme né libre en homme qui n’est plus libre, c’est-à-dire, au bout du compte, le gouvernement, l’institution sociale) ? […] Mais on demande comment un homme peut être libre et forcé de se conformer à des volontés qui ne sont pas la sienne. […] La volonté constante de tous les membres de l’État est la volonté générale ; c’est par elle qu’ils sont citoyens et libres.

215. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Ils n’en sont pas moins libres ; notre domination n’a de prise sur eux que comme la pluie et l’orage. […] A mesure que l’on descend d’un degré, l’être devient plus libre. […] Nous aussi, enfin, nous voilà libres ; nous ne sommes plus déterminés à désirer ou à craindre. […] Ses longues jambes flexibles se détendent d’elles-mêmes comme un ressort, et, quelque part qu’elles le jettent, avec ses quatre mains et sa queue il a toujours de quoi s’accrocher et se balancer, et garder libres deux ou trois membres pour s’agiter en contorsions bizarres. […] Que le savant n’aperçoive dans ce loup qu’un animal nuisible, le poëte, d’un esprit plus libre, y distinguera les autres traits.

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