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333. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

L’hébreu, concis, énergique, presque sans inflexions dans ses verbes, exprimant vingt nuances de la pensée par la seule apposition d’une lettre, annonce l’idiome d’un peuple qui, par une alliance remarquable, unit à la simplicité primitive une connaissance approfondie des hommes. […] L’hébreu veut-il composer un verbe, il n’a besoin que de connaître les trois lettres radicales qui forment au singulier la troisième personne du prétérit. Il a à l’instant même tous les temps et tous les modes, en ajoutant quelques lettres serviles avant, après ou entre les trois lettres radicales. […] Il faut considérer la caractéristique, la terminaison, l’augment et la pénultième de certaines personnes des temps des verbes ; choses d’autant plus difficiles à connaître, que la caractéristique se perd, se transpose ou se charge d’une lettre inconnue, selon la lettre même devant laquelle elle se trouve placée.

334. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Avant-Propos. » pp. -

On ne se propose ici de venger ni ses injures personnelles, ni celles des autres, encore moins d’avilir les gens de lettres. […] Il les justifie encore sur leur familiarité avec les auteurs Latins, dont ils prennent insensiblement le ton, les manières & le stile injurieux ; sur l’indépendance attachée à la profession d’homme de lettres ; sur le goût du public pour la satyre ; plaisantes raisons pour dispenser un sçavant de la première science dont tout homme doit se piquer, celle de sçavoir vivre. […] M. l’abbé d’Artigni a inséré dans ses mémoires une Chronique scandaleuse des sçavans : mais, outre que cette chronique ne remplit que deux ou trois articles, qu’elle n’est qu’un amas de faits rebattus qui déshonorent, à pure perte, la mémoire de quelques gens de lettres, la plupart obscurs, l’idée de cet auteur n’a rien de commun avec la nôtre. Nous pouvons en dire autant des Memoires secrets de la république des lettres. […] Au milieu de toutes ces disputes, soutenues de part & d’autre avec tant de chaleur, à travers ce fatras d’injures & de libèles, parmi ces révolutions continuelles de la république des lettres, le lecteur pourra suivre le fil de nos connoissances, les progrès du goût, la marche de l’esprit humain.

335. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Ses progrès dans les lettres et surtout dans la poésie furent rapides ; les vers écrits par lui avant l’âge de dix-huit ans peuvent rivaliser avec ceux de son fils. […] Nous possédons une lettre de Bernardo Tasso qui semble confirmer ces soupçons. […] Le porteur de cette lettre vous dira que Scipion Rossi, mon oncle, veut marier ma sœur avec un pauvre gentilhomme qui ne lui promet qu’une vie misérable. […] Une amitié qui survécut au malheur et à la mort du Tasse, et dont on trouve des traces touchantes dans les lettres du duc d’Urbin, ne tarda pas à éclore entre les deux adolescents. […] Il consentit à l’impression du poème, et autorisa son fils à renoncer à l’étude de la jurisprudence, pour se livrer tout entier à l’étude des lettres et à la philosophie.

336. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

La première lettre, que je reçois pour mes étrennes, est une lettre de Koning m’annonçant, que les recettes de Charles Demailly sont désastreuses, et que la pièce de Hugues Le Roux passera, le 18. […] Henry Standish, qui m’apporte le volume des lettres de son frère Cecil Standish. […] Mais il n’a pris aucune note, et ses souvenirs, seront plutôt des commentaires autour des lettres autographes qu’il possède : lettres très nombreuses, très curieuses, de Veuillot, de Proudhon, de Baudelaire, etc. […] Parmi ces lettres des contemporains amants ou amoureux de la femme, il y a tout un volume de lettres de Charles Hugo, de lettres très intéressantes, de lettres très belles, au moment, où Ozy, courtisée par le vieil Hugo, est prête à lui céder, et où le fils lui écrit, qu’il ne veut pas partager cet incestueux commerce, et qu’il se retire, le cœur déchiré. […] La lettre est polie, et je ne réponds pas.

337. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 208-210

Après avoir essayé de se rendre utile aux Lettres par un petit Ouvrage, intitulé, le Temple de la Critique, où, parmi des jugements assez sains & vivement exprimés, on en trouve quelques-uns de faux & d’outrés, il a rendu de vrais services au Public par la rédaction de la suite des Lettres édifiantes. En offrant aux Curieux & aux honnêtes Gens les monumens du zele & des lumieres consignées dans ces Lettres écrites par des Missionnaires de presque toutes les parties du Monde, on peut dire qu’il a fourni à la piété de quoi la consoler & l’instruire, & aux Sciences tout ce qui peut les éclaiter & les étendre. […] Si jamais la Religion s’éteignoit parmi nous, le Recueil de ces Lettres, parvenu au trente-deuxieme volume, suffiroit pour en faire déplorer la perte, & même y ramener les esprits raisonnables & les cœurs droits.

338. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Dans une lettre à un ami qu’elle supposait méditant une brochure en faveur des philosophes, elle lui demande spirituellement pourquoi une brochure ? […] C’est alors que celui-ci répondit au tout par une dernière et vigoureuse lettre qui s’élève à des accents éloquents. […] … Non, monsieur ; vous réserverez à des discussions, qui ne sont pas faites pour la multitude, des asiles plus inviolables, des voix plus incorruptibles…, etc… ; » et toute la fin de la lettre. […] L’auteur de la lettre non signée, et des articles qu’après quelque première difficulté elle agréa avec reconnaissance, était M. […] Dans tous ces ouvrages (les Lettres de Famille exceptées, qu’il faut considérer à part), une invention heureuse, réalisée, attachante, où l’auteur ne perce jamais, revêt un sens excellent.

339. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Marie Stuart, sans asile et sans espérance, s’enfuit en Angleterre, où les lettres d’Élisabeth lui faisaient croire à l’accueil que les rois doivent aux rois. […] Elle termine cette lettre ainsi : « Elle m’a dit que votre mort prochaine était prédite dans un vieux livre ; que le règne après le vôtre ne durerait pas trois années. […] Un de ces espions, nommé Giffard, dont le dévouement paraissait au-dessus du soupçon à l’ambassade de France, dépôt des correspondances, recevait les lettres, feignait de les faire parvenir à leurs adresses, mais les portait préalablement à Walsingham. Ces lettres attestent quelque hésitation des conjurés sur la légitimité de l’assassinat d’Élisabeth ; puis une résolution plus décidée du meurtre, d’après la consultation du père Ballard, le jésuite de Reims. […] Ces lettres remises par Giffard au conseil de cette princesse, Ballard et Babington furent arrêtés par Walsingham.

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