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1008. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Il était chrétien, et meilleur chrétien que le roi son frère, avec une foi sincère, une conviction profonde, et, partant, il était cher aux nouveaux porteurs de la parole divine, à M. l’évêque d’Hermopolis, à M. l’abbé de Lamennais, au digne interprète des Pères de l’Église grecque et latine, M. l’abbé Guillon. […] Le latin appelle l’écho une image qui jase. — Le latin a parfaitement défini la renommée comme on la fait de nos jours. […] Plus tard, elle apprit le grec, le latin, l’allemand, l’anglais ; si elle eût vécu, elle eût appris le sanscrit ! […] La première plaisanterie de Caveyrac fut de dédier sa thèse en latin à la ville de Rhodez : Almæ parenti ! […] Par exemple, voyez ce Fontenilles (c’est le nom du troisième Monteil) : enfant, il apprend à peine un peu de latin, qu’il oublie à boire comme un sonneur en compagnie de cordeliers.

1009. (1927) Des romantiques à nous

Si, jadis, quand j’avais dix ans, mon professeur de latin ri eût déchiré sans pitié les messes et les opéras qu9il me surprenait à écrire, si je ri avais été élevé dans un milieu où l’on croyait que la musique ri est bonne qu’à faire danser et à permettre aux demoiselles de jouer du piano, je serais probablement devenu musicien de profession. […] L’histoire de nos lettres depuis cette époque aurait, à l’entendre, pour trait principal cette progressive submersion de l’esprit français par ses deux rivaux septentrionaux, submersion sans cesse endiguée, tempérée par la personnalité française, le tempérament français de nos plus vigoureux génies littéraires, sans cesse activée et remise en marche par le poids torrentiel de l’esprit anglo-germanique poussant ses gros flots vers les vieilles rives latines. […] Au regard de l’historien, les restaurateurs de la muse « populaire » russe sont les cousins slaves du latin Mistral relevant dans le même temps la muse provençale. […] Nous demeurions tous deux au quartier latin. […] Sa table attira les jeunes barbes du quartier latin.

1010. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Ce digne religieux, de son propre aveu, n’avait jamais lu, encore moins vu, aucune comédie, ni de Molière, ni de Racine, ni de Corneille ; seulement, quand il était jeune, il s’était fait une idée métaphysique d’une bonne comédie, il avait raisonné là-dessus en latin, et c’est cette même dissertation latine du P.  […] Depuis longues années il avait oublié cette innocente dissertation, il la retrouvait augmentée, arrangée, corrigée, dans un français qui l’a plus étonné que tout le reste : « Ne sachant écrire qu’en latin et honteux du méchant français dans lequel j’écris à Votre Grandeur. » Rien n’est amusant à lire comme la justification du digne théatin, et son embarras écrivant au plus illustre des évêques de la chrétienté ! […] Le Donec gratus d’Horace défrayait tout Le Dépit Amoureux, cette charmante comédie qui a produit tant de charmantes bouderies ; L’Avare du théâtre latin, apparaissait sur notre scène, agrandi, complété, renouvelé, — admirable ! […] On sait que Virgile a voulu brûler l’Énéide, et qu’à l’exemple du poète latin Voltaire a jeté au feu La Henriade : « À telles enseignes qu’il m’en a coûté une belle paire de manchettes, pour la retirer du feu » disait le président Hénault.

1011. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Ils étaient tous là, dans leur langue originale, les français, les italiens, les anglais, les allemands, et les latins aussi, et les grecs eux-mêmes ; et ce n’étaient point des « livres de bibliothèque », comme disent les Philistins, des livres de parade, mais de vrais bouquins d’étude fatigués, usés, lus et relus. […] Je puis dire maintenant que je parle le russe, le français, l’anglais, l’italien ; j’apprends l’allemand et le latin, j’étudie sérieusement. […] Les Latins et les Grecs ont tort, ce sont des idolâtres, qui adorent des statues et des peintures. […] J’ai complimenté Gaillard sur son Chant des races latines publié dans la revue de Mme Adam. […] Tous les peuples latins sont frères et il me serait doux de voir la France extirpant le dernier vestige de… dans le pays en question.

1012. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Gaubil et Benoît ont traduit le Chou-king, l’un en français et l’autre en latin. […] L’orateur, le poète, le moraliste, le philosophe s’appuient sur ce livre, et tout ce que nous pouvons dire de plus fort à sa gloire, ajoutent-ils, c’est que, après l’invasion des superstitions indiennes, tartares ou thibétaines en Chine, si l’idolâtrie, qui est la religion des empereurs et du peuple, n’est pas devenue la religion du gouvernement, c’est ce livre de Confucius qui l’a empêché, et si notre religion chrétienne, disent-ils enfin, n’a jamais été attaquée par les savants lettrés du conseil impérial, c’est qu’on a craint de condamner, dans la morale du christianisme, ce qu’on loue et ce qu’on vénère dans le livre de Confucius. » Il commence par des maximes de sagesse que nous traduisons ici du latin, dans lequel les jésuites ont traduit, il y a un siècle, ces passages : « C’est le Tien, Dieu, le Ciel, trois noms signifiant le même grand Être, qui a donné aux hommes l’intelligence du vrai et l’amour du bien, ou la rectitude instinctive de l’esprit et de la conscience, pour qu’ils ne puissent pas dévier impunément de la raison…… En créant les hommes, Dieu leur a donné une règle intérieure droite et inflexible, qu’on appelle conscience : c’est la nature morale ; en Dieu elle est divine, dans l’homme elle est naturelle… « Le Tien (Dieu) pénètre et comprend toutes choses ; il n’a point d’oreilles, et il entend tout ; il n’a point d’yeux, et il voit tout, aussi bien dans le gouvernement de l’empire que dans la vie privée du peuple.

1013. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Le caractère éminemment pensif de cette race germanique lui donne le temps de mûrir ses idées ; elle est lente comme les siècles et patiente comme le temps ; jamais cette race pensive et même rêveuse n’a été assimilée aux idées et aux langues de ces races grecques et latines comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal et nous, qui dérivons d’Athènes ou de Rome ; l’Allemagne dérive de l’Inde et du Gange ; elle parle une langue consommée, savante, circonlocutoire, mais d’une construction et d’une richesse qui la rendent propre à exprimer toutes les images et toutes les idéalités de la poésie ou de la métaphysique. […] Plus nous nous éloignons des Grecs et des Latins, plus nous nous rapprochons de l’Allemagne, fille de l’Inde ; on dirait que le génie littéraire veut aussi faire le tour du monde comme le fil électrique, et revenir à cet Orient d’où tout est parti.

1014. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

C’est un phénomène qu’on n’a pas assez étudié, et qui ne s’explique, selon nous, que par deux causes : d’abord la prodigieuse fécondité morale de la race italienne ; ensuite la sève nouvelle, vigoureuse, étrange, que les lettres grecques et latines, renaissantes et greffées sur la chevalerie chrétienne, donnèrent à cette époque à l’esprit humain en Italie. […] Le chanoine nous quitta tout pensif pour aller dire ses vêpres dans la longue allée de lauriers ; la comtesse fit dételer les chevaux et descendit avec sa fille et moi de la terrasse vers une pente d’herbes en fleurs d’où l’on voyait plus librement la mer Adriatique traversée çà et là de quelques voiles latines blanches ou peintes en ocre, semblables à des oiseaux à divers plumages.

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