Est-ce que tous les arts ne sont pas des langues ? Est-ce que les sons, les formes, les couleurs, les notes, la lyre, le ciseau, le pinceau, la toile, le marbre ne sont pas les lettres à l’aide desquelles le musicien, le peintre, le sculpteur, l’architecte écrivent ces langues parfaitement intelligibles de la musique, de la peinture, de la sculpture, de l’architecture ? […] Enfin est-ce que vous n’avez pas, dans tous ces artistes de l’oreille, de l’œil ou de la main, des écrivains en langue non alphabétique, mais des écrivains parfaitement analogues aux écrivains ou aux orateurs qui écrivent en lettres de l’alphabet ou qui parlent en paroles retentissantes ? […] Tout art véritable a pour objet le beau ; celui qui en approche le plus dans les actes est le héros, le saint, le martyr ; celui qui en approche le plus dans l’éloquence ou dans la poésie est le maître de la raison, du cœur ou de l’imagination des hommes ; celui qui en approche le plus dans la langue des sons est le sublime musicien ; celui qui en approche le plus dans la langue des formes et des couleurs est le plus grand peintre ou le plus grand sculpteur. […] Gérard parle une langue morte, Robert parle une langue vivante et vulgaire.
Parlez-moi plutôt de la langue de Regnard que de son style. Vraie dans tout ce qui est esquisse vraie, spirituelle et correcte dans les choses de bon sens, presque sœur de la langue de Boileau dans les traits de satire contemporaine, la langue de Regnard dans tout le reste est de la langue facile. […] La langue de Collin d’Harleville est saine, si c’est être sain que de n’avoir ni vigueur ni coloris. […] Il n’est pas besoin d’aller chercher la prose de Collin pour trouver sa langue en défaut. […] La langue de Diderot vaut ici sa critique.
LAPLACE, [Pierre-Antoine de] de l’Académie d’Arras, né à Calais en 1709, Traducteur du Théatre Anglois, Ouvrage qui manquoit à notre Langue, & par lequel M. de Laplace s’est rendu utile à notre Littérature. […] M. de Laplace a encore fait passer dans notre Langue plusieurs bons Romans Anglois, en les corrigeant d’une certaine prolixité, de certains détails minutieux, qui n’auroient pas été de notre goût.
Robert Burns, par exemple, est un admirable poète, mais quelle idée singulière de faire d’un écrivain de patois un chef d’école dans la langue littéraire ! […] Mais, chez beaucoup, cette manie des longues descriptions vient soit d’une impuissance à sentir, soit d’une ignorance de la langue. […] Il n’y a réellement pas de mot dans une langue qui soit banal ni inutile, pas de mot usé, avili, qui ne puisse servir une fois, et il n’est pas d’image si belle, d’expression neuve et juste, qui ne soit ridicule dans certaines occasions. […] Ils s’imaginent que pour traduire un poète ou un philosophe d’une langue dans une autre, il suffit de les savoir passablement toutes les deux. […] Quand créera-t-on pour les philosophes une langue inaccessible aux traducteurs de commerce et aux lecteurs d’occasion !
C’est toujours ça de gagné, pour parler sa langue élégante. […] Faguet, à moins qu’il ne s’agisse de défendre la bourgeoisie, dit rarement — pour parler sa langue — blanc ou noir. […] L’universitaire est une langue qui comprend, comme le grec, plusieurs dialectes ; mais ils sont plus difficiles à classer. […] Pierre Brun, voilà pour le fond de l’œuvre la note dominante. » Quant à la langue, « c’est un gros et lourd assemblage de phrases boursouflées et engorgées de superlatifs ». […] Mais ton tour viendra, et tu verras comme c’est bon. » La langue est pourtant maladroite et chatouille d’une façon qui serait désagréable à un épiderme sensible.
Dès les premières phrases, on se sent jeté dans une langue toute nouvelle, qui n’est ni celle de Voltaire ni celle de Rousseau, dans une troisième langue qui finira par s’introduire et par s’accréditer en France, par s’y perfectionner même, mais qui n’en était encore qu’à ses premiers tâtonnements : Il est des hommes, disait en commençant M. […] Il y avait, d’ailleurs, quelques belles pensées, mais rendues dans une langue gênée et contrainte : « À chaque instant le bien public, disait-il, lui demande le sacrifice de son intérêt, de ses affections et même de sa gloire. […] Mais lui, il n’est pas de cet avis : « Les facultés de l’esprit qui doivent former le génie de l’administrateur, pense-t-il, sont tellement étendues et diversifiées, qu’elles semblent pour ainsi dire hors de la domination de la langue. » En parcourant toutes les qualités qu’il jugeait nécessaire à l’administrateur des finances, il n’en négligeait aucune de celles qu’il croyait posséder lui-même, et il n’avait garde d’omettre « ce tact aussi fin que rapide ; ce talent de connaître les hommes, et de les distinguer par des nuances fugitives, plus subtiles que l’expression ; cet art de surprendre leur caractère lorsqu’ils parlent et lorsqu’ils écoutent… ». […] Je pourrais relever bien d’autres singularités de pensée et d’expression dans ce discours ; je me hâte d’ajouter que, malgré tout, il réussit fort tant à l’Académie que devant le public ; les juges les plus difficiles, en s’accordant à reconnaître « que la langue semblait manquer à tout moment à l’auteur », le lui passèrent en faveur de ce qu’on appelait l’énergie ou la nouveauté de ses pensées. […] La langue, cette fois, a servi l’écrivain observateur avec une précision rare ; il était en face de son objet, et il a fait son dessin trait pour trait
Ce sabir contient en puissance le patois futur de l’A.O.F. dont le français restera — nous y comptons — la langue officielle et littéraire. […] DELAFOSSE, Essai sur la langue agni. […] FROGER, Etude sur la langue mossi. […] DE GUIRAUDON,Manuel de langue foule. […] Delafosse, Essai de manuel de la langue Agni.