La croix de Saint-André dessinée par Carmen avec un couteau sur la joue d’une camarade de la manufacture n’est pas un incident vulgaire, choisi au hasard pour amener une nouvelle rencontre des deux personnages ; il permet de saisir immédiatement le fond de sauvagerie du caractère de Carmen ; c’est de la psychologie en action. […] Toute cette première partie est dominée par une scène très simple, impossible à rendre au théâtre : nous voulons parler de cette soirée où les contrebandiers poursuivis, après avoir achevé eux-mêmes un des leurs, s’arrêtent dans un hallier épuisés de faim et de fatigue ; quelques-uns d’entre eux, tirant un paquet de cartes, jouent à la lueur d’un feu qu’ils allument. « Pendant ce temps-là, moi, j’étais couché, regardant les étoiles, pensant au Remendado (l’homme massacré) et me disant que j’aimerais autant être à sa place. […] Les deux petites Thénardier se sont emparées d’un jeune chat, elles l’ont emmailloté comme une poupée ; l’aînée dit à sa sœur : Vois-tu, ma sœur, jouons avec. […] Cela amusait Cosette ; elle en remuait toutes les touffes et toutes les pierres, elle y cherchait « des bêtes » ; elle y jouait, en attendant qu’elle y rêvât66. […] Tout à coup il vit une joue qui s’appuyait à la vitre contre laquelle était son œil.
La question, assurément, est délicate ; mais elle revient à celle-ci : Jusqu’à quel point l’enfant qui joue de tout son cœur et l’acteur tout à son rôle se trompent-ils eux-mêmes et perdent-ils la notion de leur vraie personnalité ? […] Quand il a parlé de son démon, Socrate ne s’est pas décrit en psychologue, et souvent, sans doute, il a joué au merveilleux. […] Il rêve éveillé ; entre son rêve et ceux qu’il fait endormi, il n’y a d’autre différence que la vraisemblance ; les rêves du sommeil sont toujours incohérents, ils n’imitent pas vraiment la réalité, car, pendant la durée du sommeil, les lois de la nature sont suspendues ; tandis que les rêves de l’homme éveillé sont des drames analogues à ceux que le roman raconte ou que le théâtre représente aux yeux, avec cette différence que l’auteur même du drame y joue toujours le rôle principal. […] L’homme passionné éclate sans raison, et même contre la raison, malgré la pudeur et malgré la logique ; l’imaginaire joue un rôle : peut-il le jouer dans sa vérité sans faire aucun geste et sans parler ? […] Monvel jouait le vieil Horace, et il avait à répondre à la question de Sabine : « Que vouliez-vous qu’il fit contre trois ?
Au conseil, pendant qu’on exposait les affaires, il jouait avec son chien. […] ce jeu-là est trop insipide, Il en est blessant. — Et se jouer de mon honneur est encore plus blessant. — Quelle impudence admirable ! […] et vous l’êtes ; mais vous n’avez plus besoin de vous parjurer : autant jouer franc jeu. — Ô horrible ! […] Ils jouent avec les personnages. […] Le roi jouait au trictrac : arrive un coup douteux : « Ah !
S’il se résigne à demeurer parmi les vivants, il se réfugiera dans le passé ; inutile à la société, inutile à lui-même, il ne jouera aucun rôle : il se souviendra. […] Toutefois il a fallu un talent singulier pour écrire quatre mille vers où le cœur et l’intelligence ne jouent aucun rôle, et je comprends que M. […] Il y a tant de coquetterie et de caprice dans les comparaisons qu’il emploie, les mots jouent un si grand rôle, et l’idée un rôle si mince, que le cœur se refuse à toute sympathie. […] Il n’y a pas de poème lyrique, épique ou dramatique, sans l’intervention toute-puissante d’une faculté qui n’a pas de rôle à jouer dans l’histoire et qui s’appelle imagination. […] Pourtant nous savons qu’il n’en est rien et que le clergé de France a joué dans cette affaire un rôle important, un rôle actif et dont le poète devait tenir compte.
Je joue avec les ouragans. […] Si abstrait que soit son sujet, il l’anime, il en fait une tragi-comédie et il joue « la scène dans la salle ». […] Elle a joué supérieurement la farce du suffrage universel. […] Au contraire, il n’est pas de tours qu’on ne joue au peuple pour le faire tenir tranquille, tandis qu’on le gruge. […] Prenons l’impôt sur le revenu, farce nouvelle dont les politiciens sont en train de nous jouer le prologue.
Car on jouait la tragédie à Coppet, comme jadis à Ferney. […] On ne dit pas si madame Récamier jouait ce jour-là. […] Dans le ciel les anges Jouent du violon. […] Pour la bien jouer, il fallait du sang-froid. […] La grande artiste jouait ce soir-là le rôle de Marie Stuart dans une traduction italienne du drame allemand.
Le soir on jouait Tartufe et le Malade imaginaire à tous les théâtres ; c’était une fête populaire.