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279. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Brumoi paroît faire trop de cas des plaisanteries fades & puériles qui naissent des jeux de mots, lesquelles sont ordinairement très-froides. […] Anacréon, ce Poëte des jeux & des ris, fut le rival de Sapho dans la Poésie érotique. […] Nous n’avons de Pindare que les quatre Livres d’Odes que les Anciens ont appellé les Livres de la Période ; il y célébre les victoires remportées aux différens Jeux de la Grèce. […] Plaute formé sur Aristophane, donna dans les bouffonneries, les turlupinades, les jeux de mots de ce Poëte Comique. […] Les pointes & les jeux de mots font son principal mérite.

280. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

S’il n’avait pas eu ce goût d’instinct pour le théâtre et ses jeux les plus divers, depuis la comédie anecdotique d’Andrieux jusqu’aux Burgraves, depuis les drames chrétiens de Hrotsvitha jusqu’aux marionnettes, on aurait droit d’être sévère sur sa qualité d’érudit ; on pourrait le définir le contraire d’un Letronne ou d’un Fauriel, et soutenir sans trop d’injustice qu’il n’y apportait aucune initiative personnelle. […] Il ne voyait pas que, comme dans les jeux des courses, celui qui va toujours et sans s’arrêter un seul instant, n’avançât-il que peu à peu, ira plus loin que celui qui s’élance d’abord, qui extravague et bondit à l’aventure, M.  […] Pour apprécier la finesse et l’utilité de ses travaux en ce genre, il faut avoir lu, il faut avoir eu besoin de lire (quand on a été professeur et obligé soi-même de traiter les mêmes sujets) la série de ses articles sur l’ancien théâtre français dans le Journal des Savants de 1846 et de 1858, les analyses détaillées et spirituelles qu’il donne des anciens jeux, des anciennes farces, sa discussion raffinée sur la principale et la reine de toutes, la farce de Patelin (1855-1856). […] Dans le jeu de Robin et Marion, on a déjà l’opéra-comique presque tout formé.

281. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Rien donc ne manqua, ni au collége, ni au logis, pour mettre en jeu des facultés naturelles si vives dès le premier jour. […] Son esprit à ressources excellait à ces jeux de circonstance, à ce travail en commun de quelques matinées. […] Ce ne sont pas celles qui ont pour titre et pour sujet un de ces noms tirés au sort, comme c’était d’usage dans les réunions du Caveau, la neige, la plume, le noir, le long ; il s’agissait de broder là-dessus quelques couplets, vraie gageure de société et pur jeu d’esprit. […] Métaphore empruntée des Jeux olympiques.

282. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Quelquefois Trolliet s’excuse de tant d’esprit et de tant de grâce : « Je ne voudrais pas fonder une appréciation sur un jeu de mots pourtant je ne peux lire les vers de Rivoire, sans qu’ils me donnent l’impression d’une rivière. » Un chapitre s’intitule : Le Bataillon des Symbolistes. […] Rassurez-vous : les professeurs savent l’art des parenthèses et celui-ci s’interrompt pour déclarer, très grave : « Je vous prie de croire que je ne fais pas de jeux de mots. » Non, Trolliet, nous n’aurons pas la cruauté de vous croire. […] Même quand le pastiche est adroit — et c’est le cas de ceux de M. le professeur Gebhart — il reste un bien pauvre et facile jeu de société, — de mauvaise société. […] Le professeur supérieur pourrait faire autre chose aussi bien ou aussi mal que ce qu’il fait, dire le contraire de ce qu’il dit, et il trouverait un égal plaisir à se plier aux règles d’un autre jeu.

283. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Dans le demi-sommeil qui l’envahit, elle sent son Américain se remuer, s’agiter sourdement, entrer en colère pour les fautes qu’elle a faites, pour son manque d’attention, pour sa cervelle oublieuse de Française ; elle s’endort tout de même, mais au bout d’une demi-heure, d’une heure d’un silence furibond et dans lequel il se dévore, l’Américain la secoue et la réveille pour lui dire : « Si tu avais posé le cinq trois au lieu du deux trois, nous aurions gagné… Et il lui défile tout le jeu. […] Je vois la tombe d’un fils, que le père a eu l’idée d’entourer de deux étages de sonnettes percées de petits trous, qui doivent, par les grands vents, bercer le mort de leur musique éolienne… C’est beau tout de même cette nécropole polonaise, sur laquelle toutes ces âmes, veuves de la patrie, ont jeté ce cri posthume : Exoriatur nostris ex ossibus ultor … Puis le marquis de Bouillé à côté d’Alcide Tousez, les jeux de la Mort et du Hasard. […] Il semblait vraiment ordonnancé pour les jeux d’enfants, cet ancien couvent devenu un château bourgeois, et ce jardin tout coupé de bosquets et de méandres de rivière. […] Je n’oublie pas le très bénin Jupiter de notre bande, le roi constitutionnel de nos jeux, « le père Pourrat », le précepteur de Louis, qui avait l’intelligence de nous montrer parfaitement à jouer et le bon esprit de s’amuser avec nous, autant que nous, — affligé du seul défaut de nous lire sa fameuse tragédie intitulée : Les Celtes.

284. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Pindare ne pouvoit choisir d’occasion plus éclatante pour ses vers, ni plus utile pour lui, que les jeux olympiques. […] Les pointes et les jeux de mots qui avoient été inventés pour suppléer au défaut du vrai, ont cessé de plaire, dès qu’il a reparu. […] Pour donner une idée de Pindare avec moins de risque d’ennuyer, j’ai substitué des héros de nos jours aux vainqueurs des jeux olympiques, et la flûte que nous connoissons, à celle que décrit Pindare, et qui n’est plus en usage. […] Le Parnasse, les fanatiques, Astrée, l’homme, le poëme des apôtres, et celui du plaisir sont déja connus par le jugement qu’en a porté l’académie des jeux floraux ; et l’ode de la gloire et du bonheur du roi dans les princes ses enfans, et celle de la sagesse du roi supérieure à tous les événemens, ont aussi pour elles le jugement de l’académie françoise.

285. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Le sujet de ce prologue est la célébration des jeux séculaires. […] Ainsi, peut-être, pourrait-on conserver la vraisemblance et faire un beau jeu de théâtre ; mais alors, il faudrait éviter de confier ces rôles à ces acteurs présomptueux et ignorants, qui s’imaginent faire tout admirablement, et qui, quoiqu’ils ne sachent rien faire bien, ne prennent conseil que de leur insuffisance. […] La lune tout entière de Jodelet est encore plus comique ; c’est une naïveté excellente, et l’on sent bien que ce n’est pas là un de ces jeux de mots que l’on condamne avec raison dans le dialogue. […] Dans la comédie, il faut s’en servir pour produire des jeux de théâtre, comme lorsqu’un acteur fait en deux mots, tout bas, une réflexion plaisante sur ce que l’autre dit tout haut, etc.

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