On la suit dès le berceau, on assiste à ses jeux, à ses rêveries d’enfance, à son mariage, à sa première vie diplomatique, à ce premier débordement d’imagination qui cherchait un objet idéal, même dans son sage mari ; on la voit, à Venise (1784-1786), laissant s’exalter près d’elle la passion d’Alexandre de Stakieff, le jeune secrétaire d’ambassade, dont elle fera plus tard le Gustave de Valérie, ne favorisant pas ouvertement cette passion, ne la partageant pas au fond, mais en jouissant déjà et certainement reconnaissante. […] » Elle cherchait évidemment l’amour ; elle cherchait à le ressentir, surtout à l’inspirer ; elle en aimait la montre et le jeu. […] La tête commençait, le cœur après entrait en jeu. […] Eynard nous montre que s’il avait voulu appliquer dans tout son ouvrage le même esprit de critique, il s’en fût acquitté très-finement ; mais dès qu’il aborde la vie religieuse de Mme de Krüdner, lui qui a été si adroit à pénétrer la personne mondaine, il croit tout d’abord à la sainte : il s’arrête saisi de respect, n’examinant plus, et ne voulant pas admettre que, même sur un fond incontestable de croyance et d’illusion, c’est-à-dire de sincérité, il a dû se glisser bien des réminiscences plus ou moins involontaires de ce premier jeu, bien des retours de cet ancien savoir-faire.
La Poésie, la Peinture, la Sculpture, l’Architecture, la Musique, la Danse, les différentes sortes de jeux, enfin les ouvrages de la nature & de l’art, peuvent lui donner du plaisir : voyons pourquoi, comment & quand ils les lui donnent ; rendons raison de nos sentimens ; cela pourra contribuer à nous former le goût, qui n’est autre chose que l’avantage de découvrir avec finesse & avec promptitude la mesure du plaisir que chaque chose doit donner aux hommes. […] C’est par-là que les jeux de hasard nous piquent ; ils nous font voir une suite continuelle d’événemens non attendus ; c’est par-là que les jeux de société nous plaisent ; ils sont encore une suite d’évenemens imprévûs, qui ont pour cause l’adresse jointe au hasard. […] Le jeu nous plaît parce qu’il satisfait notre avarice, c’est-à-dire l’espérance d’avoir plus.
La Branche surtout se flatte d’être rentré dans la bonne voie ; il sert un jeune homme appelé Damis : « C’est un aimable garçon, dit-il : il aime le jeu, le vin, les femmes, c’est un homme universel. […] À part cette comédie de Turcaret, qui fut comme une bataille livrée, et dans laquelle Lesage, piqué au jeu, s’attacha à rendre le vice haïssable, la satire chez lui, dans tous ses autres écrits, garde un caractère aimable autant qu’amusant, et c’est ce qui en fait le charme et l’originalité même. […] L’auteur, dans ce récit étendu, développé et facile, a voulu représenter la vie humaine telle qu’elle est, avec ses diversités et ses aventures, avec les bizarreries qui proviennent des jeux du sort et de la fortune, et surtout avec celles qu’y introduit la variété de nos humeurs, de nos goûts et de nos défauts. […] [NdA] Sa surdité presque complète ne l’avait nullement empêché, durant des années, de suivre la représentation de ses pièces : il n’en perdait presque rien, et disait même qu’il n’avait jamais mieux jugé du jeu et de l’effet que depuis qu’il n’entendait plus les acteurs.
Non, il ne disait pas de bêtises ; mais, à Naples, le genre de talent qu’il avait au plus haut degré était plus commun ; on y remarquait moins le jeu, l’action, chose plus habituelle, et on ne savait pas y discerner tout ce que Galiani mettait là-dessous d’excellent et d’unique. […] Pour peu que le jeu dure, mon ami Diderot, qui perdrait ainsi son argent, dira sans hésiter, sans en douter un seul moment : “Les dés sont pipés, je suis dans un coupe-gorge.” […] parce que dix ou douze coups de dés sont sortis du cornet de manière à vous faire perdre six francs, vous croyez fermement que c’est en conséquence d’une manœuvre adroite, d’une combinaison artificieuse, d’une friponnerie bien tissue ; et, en voyant dans cet univers un nombre si prodigieux de combinaisons mille et mille fois plus difficiles et plus compliquées, et plus soutenues, et plus utiles, etc., vous ne soupçonnez pas que les dés de la nature sont aussi pipés, et qu’il y a là-haut un grand fripon qui se fait un jeu de vous attraper, etc. » Morellet ne fait qu’indiquer le canevas de ce développement, lequel, dans la bouche de Galiani, était, assure-t-il (et on le croira sans peine), la plus piquante chose du monde et valait le spectacle le plus amusant. […] Au milieu de ces distractions d’esprit et des jeux avec sa chatte qui lui fournit mille sujets d’observations philosophiques et folâtres, Galiani remplit exactement ses devoirs d’homme public et ceux de chef de famille.
Les armées sont en présence ; il faut négocier ou se battre ; le gouvernement, qui ne fait ni l’un ni l’autre, joue un jeu très dangereux. […] Les trois principaux personnages en jeu sont la reine, Mirabeau et le comte de La Marck lui-même, ce dernier bien digne d’être associé aux deux autres par son jugement excellent, sa finesse et sa fermeté d’observation, sa connaissance des hommes et des choses, par son dévouement au malheur d’une reine et à l’amitié d’un grand homme, et qui justifie pleinement aujourd’hui aux yeux de la postérité ce qu’il écrivait un jour à Mirabeau : « Dieu ne m’a mis sur la terre que pour aimer et surveiller votre gloire. » Rien, en effet, de plus honorable pour la réputation politique de Mirabeau que le contenu de ces diverses notes et l’esprit général qui les anime. […] Mais ce qu’il était surtout en ces jours où il échappait aux autres et à lui-même, c’était un orateur sincère, impétueux, piqué au jeu et entraîné, un orateur qui avait promis d’être sage, et qui tout d’un coup faisait explosion. […] Mais dans toutes ces variantes de moyens, c’est toujours l’opinion qu’il veut mettre en jeu comme le grand levier : « L’opinion publique a tout détruit, c’est à l’opinion publique à rétablir. » Ce n’est ni un coup de main ni un coup d’État qu’il souffle, c’est un roi constitutionnel qu’il veut créer.
Ainsi des hommes froids ayant expérimenté leur virilité abandonnent un jeu qui pour eux n’était que la recherche d’une preuve. […] Le besoin de comprendre explique de tels jeux, mais résoudre une question n’est pas la même chose que de traiter une question. […] Ceci n’est pas un jeu d’allusions : j’écris des figures dans l’espace. […] le jeu est le jeu et la mort est la mort, mais pas davantage. […] Ou, si je l’admets, ce sera comme jeu ; or, l’art ne joue pas ; il est grave, même quand il rit, même quand il danse.
Il avait à peine atteint dix-sept ans lorsqu’il envoya son ode sur le rétablissement de la statue de Henri IV au concours des jeux floraux : l’églantine lui fut décernée, à la seule lecture, au milieu des applaudissements et des larmes d’admiration. […] Né dans les camps, élevé au milieu de nos guerriers, il avait de bonne heure parcouru l’Europe à la suite de nos drapeaux ; son jeune cœur était déjà oppressé d’une foule d’ineffables sentiments, à l’âge ordinaire des jeux et de l’insouciance.