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16. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Or les inventions procèdent de tendances intellectuelles, de désirs de l’esprit souvent très forts. […] Tarde, en faisant remarquer toutefois que l’émotion en ce cas n’a pas été, sans doute, purement intellectuelle. […] La volonté s’oppose à l’instinct comme l’invention à la routine intellectuelle. […] Mais il est sûr qu’une grande partie de la création intellectuelle reste souvent mal connue du créateur. […] Et le développement d’un sentiment ressemble beaucoup à celui d’une création intellectuelle.

17. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Chapitre deuxième Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. […] Ribot conclut que l’attention, comme tous les états intellectuels, est quelque chose de surajouté, d’artificiel, etc. […] Les jugements deviennent intellectuels dès qu’il y a réflexion sur les sensations et sur les réactions qu’elles provoquent. C’est l’attention volontaire et l’aperception intellectuelle qui créent le jugement proprement dit. […] L’attention, ou réaction intellectuelle, en est la conséquence.

18. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Par une transformation opérée en vertu des lois merveilleuses de l’analogie, l’on s’est servi de ces mêmes sons vocaux pour représenter soit nos perceptions intellectuelles, soit les rapports intellectuels, les volontés, les actes de l’esprit, que faisaient naître nos sensations et nos besoins. […] « Tant que l’on conserve, comme cela a lieu dans les langues primitives, la double intelligence du sens physique et de son analogie avec le sens intellectuel, les mots restent des peintures à double fonction ; les langues sont figurées et poétiques. […] « En Europe, où nos langues ne sont que des langues dérivées, la valeur des mots qui peignent à la fois le rapport physique, ou l’être physique, avec le rapport analogique intellectuel ; s’est presque totalement perdue. […] Si j’eusse dit, toujours dans cette hypothèse, que les mots ne sont plus l’expression nette, significative de nos idées, de nos perceptions de rapports intellectuels ; que l’analogie de ces rapports intellectuels avec les êtres physiques et les rapports physiques n’est plus sentie ; que le langage a cessé d’être figuré, pour former comme une classe de signes purement abstraits lorsqu’ils frappent notre entendement, j’aurais dit une grande vérité. […] Il faut donc chercher la gradation intellectuelle de l’homme dans l’espèce humaine ; cette gradation s’est manifestée dès l’origine : j’apporterai en preuve le système contenu dans la langue latine, où j’ai trouvé, ainsi qu’on le verra, le dogme enveloppé et simultané de la déchéance et de la réhabilitation ; ce dogme est le véritable lieu de l’infini pour l’espèce humaine.

19. (1890) L’avenir de la science « XX »

Le grand malheur de la société contemporaine est que la culture intellectuelle n’y est point comprise comme une chose religieuse ; que la poésie, la science, la littérature y sont envisagées comme un art de luxe qui ne s’adresse guère qu’aux classes privilégiées de la fortune. […] Celui donc qui songe à vivre de la production intellectuelle doit songer avant tout à deviner la demande du riche pour s’y conformer. Or, que demande le riche en fait de productions intellectuelles ? […] Cela posé, je soutiens que tous les vices de notre développement intellectuel viennent de la ploutocratie et que c’est par là surtout que nos sociétés modernes sont inférieures à la société grecque. […] Remarquez, en effet, que quand un homme vit de son travail intellectuel, ce n’est pas généralement sa vraie science qu’il fait valoir, mais ses qualités inférieures.

20. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

La réaction intellectuelle et sa part dans la synthèse mentale. […] Selon Hume, cette loi a la même importance dans la vie intellectuelle que l’attraction dans les mouvements des astres. […] La classification, qui, au premier abord, paraît une fonction tout intellectuelle et rationnelle, renferme ainsi un côté sensitif et mécanique, et fonctionne d’abord comme une merveilleuse machine à calculer. […] Nous avons donc là plus qu’un contraste intellectuel : c’est un rythme organique et une alternative, comme celle de la respiration ; c’est un contraste réel, essentiel au mouvement de la vie. […] La loi de conservation, sous une forme d’abord appétitive, puis intellectuelle, joue ainsi le principal rôle dans la sélection des idées comme dans celle des espèces.

21. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Ainsi se dessinent dans votre esprit les idées les plus générales de votre penseur, celles qu’il a eues avant toutes les autres et dont toutes les autres ont découlé ; — ou celles qu’il a eues tout à la fin, comme conséquences et comme synthèse d’une foule d’idées particulières ; — ou (plus souvent) celles qu’il a eues au milieu de sa carrière intellectuelle et qui étaient le résumé d’un grand nombre d’idées particulières et qui à leur tour ont produit, ont créé des idées particulières en très grand nombre. […] Par « l’évidence » c’est-à-dire par la nécessité où nous serons de croire à moins de renoncer à notre intellect lui-même, par la nécessité où nous serons de croire sous peine de suicide intellectuel. […] On n’est point fâché que la liberté d’esprit, que la spontanéité, que le jaillissement intellectuel se marque à ceci que le penseur n’a pas toujours pensé la même chose et n’a pas tiré toutes ses idées les unes des autres comme des formules algébriques. […] Je crois pourtant que c’est à distance égale ou à peu près de ces deux heureux qu’il faut être et tâcher de se maintenir, pour garder cette liberté d’esprit qui est le bonheur intellectuel véritable. En choses intellectuelles, il ne faut ni abdication ni triomphe.

22. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Sous ces deux formes, elle tend à réduire la diversité intellectuelle et à assurer le conformisme. […] On arrive ainsi à une sorte d’ascétisme intellectuel, à ce mandarinisme béat que Nietzsche symbolise dans le parfait philologue. […] Pour l’individu l’instruction peut être nuisible, soit au point de vue de la réussite dans la vie, soit au point de vue même du développement intellectuel. Au point de vue de la réussite dans la vie, en encombrant l’esprit d’idéaux scolaires auxquels la vie donne souvent un démenti : ou point de vue du développement intellectuel, en soumettant l’intelligence à une discipline pour laquelle elle n’est pas faite. […] Comme il y a plusieurs mémoires, il y a plusieurs intelligences, et chacune de ces intelligences modifiée par les physiologies propres, détermine les individus intellectuels.

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