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614. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Elle croit l’avoir aimé un instant, autrefois, le jour où il a voulu lui faire violence. […] Il nous avertit à chaque instant que ce qu’il nous raconte est effrayant ou sublime. […] J’estime même qu’il faut être singulièrement naïf ou bien mal informé pour en douter un instant. […] On a demandé : — Pourquoi à cet instant-là précisément ? […] Si, au moins, il pouvait échapper un instant à cet énervant tête-à-tête, passer la soirée dehors !

615. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

À cet instant, il voit un spectre contre la porte : « Oh ! […] En sorte que, dans l’instant où elle le délivre, nous comprenons qu’elle se délivre surtout elle-même. […] J’ai tour à tour préféré chacun d’eux dans l’instant où il se montrait le plus adroit ou le plus fort. […] Constantin espère un instant qu’il s’est trompé. […] Chaque instant perdu le rend complice du crime paternel… Son devoir est effroyable, mais si impérieux et si net !

616. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

La beauté de sa femme est une gloire, un triomphe de tous les instants. […] La gaieté parle au nom de la colère et n’oublie pas un seul instant sa mission. […] Pour donner à ces tableaux quelque intérêt, il serait indispensable d’y jeter quelque variété, et M. de Lamartine ne paraît pas y songer un seul instant. […] Le poète prêche le pardon, la concorde, et l’auditoire, placé sur la scène, embrasse, quelques instants après, la guerre avec ardeur. […] Les vers qui ne se comptent pas par centaines sont dédaignés comme des ébauches sans importance et qui ne méritent pas d’arrêter un instant l’attention.

617. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

D’autant plus que c’est sur un autre aspect de ce même instinct combatif que je voudrais appeler un instant l’attention. […] Pendant une moitié du premier acte ce rapprochement se présente à chaque instant à l’esprit. […] Interrogeons Queiss. » Nous sommes tentés, un instant, de les trouver bâtes, ces juges militaires. […] Mais voici, pendant une courte absence de Mme Marèze, Juliette qui arrive et qui reste quelques instants avec Marèze. […] Vous allez voir précisément, dans un instant, les circonstances favorisantes.

618. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Armande et Henriette sont dessinées avec une précision qui ne permet pas un seul instant de les confondre. […] Le public a très bien pris son plaisir en patience ; il n’a pas murmuré un seul instant. […] Le dénouement prévu d’avance, la mort des deux enfants, n’effraie pas un seul instant. […] Les chroniques ne serviraient de rien, il n’y a pas songé un seul instant. […] Les rapides victoires de Charles VIII obscurcirent un instant sa fortune.

619. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Si sa passion manque de dignité tragique, comme le malheur l’ennoblit, comme elle s’élève à la hauteur de son rang par l’héroïsme qu’elle déploie à ses derniers instants ! […] Juliette, réveillée l’instant d’après, voyant Roméo mort et ayant appris du religieux, qui venait d’arriver, ce qui s’était passé, fut saisie d’une douleur si forte que, « sans pouvoir dire une parole, elle demeura morte sur le sein de son Roméo6 ». […] À coup sûr Othello n’est pas moins passionné qu’Orosmane, et sa passion ne sera ni moins crédule ni moins violente ; mais il n’abdique pas, en un instant, tous les intérêts, toutes les pensées de sa vie passée et future. […] Si cette confiance l’abandonne un instant à chaque nouveau revers, elle revient aussitôt, doublant de force à mesure qu’il lui en faut davantage pour suppléer aux appuis qui s’écroulent successivement. […] L’impétuosité presque puérile du bouillant Hotspur, la brutale originalité de son bon sens, cette humeur d’un soldat contre tout ce qui veut retenir un instant ses pensées hors du cercle des intérêts auxquels il a dévoué sa vie, donnent lieu à des scènes extrêmement piquantes.

620. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

À chaque instant une moquerie dure efface les gracieuses images qu’il commençait à éveiller. […] Cet esprit n’est pas de l’esprit ; tout y est calculé, combiné, artificieusement préparé ; on attend un pétillement d’éclairs, et au dernier instant le coup rate. […] et pourtant, par gageure sans doute, il a raconté dans la Boucle de cheveux une partie d’hombre ; on la suit, on l’entend, on reconnaît les costumes, « les quatre rois, majestés révérées, avec leurs favoris blancs et leurs barbes fourchues, les quatre belles dames dont les mains portent une fleur, emblème expressif de leur aimable puissance, les quatre valets en robes retroussées, troupe fidèle, une toque sur la tête, une hallebarde à la main, puis les quatre armées bigarrées, brillant cortége, rangées en bataille sur la plaine de velours vert1123. » On voit les atouts, les coupes, les levées, puis un instant après le café, la porcelaine, les cuillers, l’esprit de feu (entendez l’alcool) ; ce sont déjà les procédés et les périphrases de Delille. […] Il peint toutes les petites choses, il n’en a pas honte, elles l’intéressent ; il prend plaisir à « l’odeur de la laiterie » ; vous l’entendez parler des chenilles, et « de la feuille qui se recroqueville empoisonnée par leur morsure », des oiseaux qui, sentant venir la pluie, « lissent d’huile leur plumage pour que l’eau luisante puisse glisser sur leur corps. » Il sent si bien les objets qu’il les fait voir : on reconnaît le paysage anglais, vert et humide, à demi noyé de vapeurs mouvantes, taché çà et là de nuages violacés qui fondent en ondées sur l’horizon qu’ils ternissent, mais où la lumière se distille finement tamisée dans la brume, et dont le ciel lavé reluit par instants avec une incomparable pureté.

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