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313. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Coulmann pour venir nous entretenir ainsi, nous qui ne sommes pas de sa famille, et nous informer en détail de ses historiettes de société et de ses impressions de tout genre ? […] Toutes ces premières impressions, celles du toit domestique, de la maison du pasteur auquel d’abord on l’avait confié, la mort d’une mère, puis la première communion, et le sentiment pénible qu’éprouva le jeune garçon en passant de son Alsace riante et champêtre aux murs froids d’un collège, ces premières descriptions ne peuvent nous toucher que médiocrement : il y a du vrai, de la sincérité ; mais ces peintures de l’enfance, recommencées sans cesse, n’ont de prix que lorsqu’elles ouvrent la vie d’un auteur original, d’un poète célèbre. « Les souvenirs de ma première enfance sont bien vagues, nous dit M.  […] Vous y tracez le portrait le moins ressemblant de mon caractère et poussez l’erreur jusqu’à prendre le change sur mes impressions. […] La destination en fut changée à l’impression.

314. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Sa première carrière dramatique de vingt années ne put manquer toutefois de laisser en elle des impressions profondes, ineffaçables : en y aiguisant sa sensibilité, en y exerçant sur tant de sujets sa vive intelligence, elle y avait acquis une faculté douloureuse qui tenait à cette délicatesse même ; elle en avait gardé comme un pli d’humilité. […] Elle a exprimé dès ses premières pièces de vers64 l’impression de froissement pénible qu’elle en ressentait. […] De nombreux auteurs dont elle avait interprété les ouvrages et entrevu ou connu la personne, elle avait retenu, sans prétendre pour cela les juger, une impression prompte et juste, le trait le plus vrai de leur physionomie, et quand on l’interrogeait à leur sujet, elle en parlait à ravir. […] On conçoit que, sous l’impression que laissent de pareils élans, Michelet ait pu lui écrire un jour : « Le sublime est votre nature… » ; et qu’ayant sous les yeux son dernier recueil, il ait écrit à son fils (25 décembre 1859) : « Mon cœur est plein d’elle.

315. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Je suis constant dans mes goûts… Constant dans ses goûts, je le veux bien ; mais, certes, extrêmement mobile dans ses impressions, et il le dit lui-même en face de son portrait par Michel Van Loo, portrait dans lequel il avait peine à se reconnaître : « Mes enfants, je vous préviens que ce n’est pas moi. […] On en ferait un excellent chapitre de la force de l’unité. » Diderot en tout ceci est grand critique, et dans cet ordre de critique générale auquel aucun art, sous prétexte de technique, ne saurait se dérober : Il me semble, dit-il, que quand on prend le pinceau, il faudrait avoir quelque idée forte, ingénieuse, délicate ou piquante, et se proposer quelque effet, quelque impression… Il y a bien peu d’artistes qui aient des idées, et il n’y en a presque pas un seul qui puisse s’en passer… Point de milieu, ou des idées intéressantes, un sujet original, ou un faire étonnant. […] Cet homme excellent, cordial, élevé, chaleureux, ce critique si animé, si ingénieux, si fin, et qui a par-dessus tout la manie de prêcher les mœurs, ne sait pas, en présence d’un objet d’art, se contenter d’élever et de fixer notre idée du beau, ou de satisfaire même notre impression de sensibilité : il fait plus, il trouble un peu nos sens. […] J’y trouve mille idées hardies, profondes, vraies peut-être, folles et libertines souvent, une contradiction si faible qu’elle semble une complicité entre les deux personnages, un hasard perpétuel, et nulle conclusion, ou, qui pis est, une impression finale équivoque.

316. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Appelé un peu inopinément à l’honneur de venir ici entretenir nos lecteurs d’un homme de guerre aussi éminent, je dirai par quelle succession d’impressions j’ai passé moi-même à son égard. […] Thiers, l’ayant lu tout entier en quatre jours avec la plus grande attention, il écrivait de Hambourg, sous l’impression vive qu’il en avait reçue : Toutes les fibres de ma mémoire et de mes anciennes sensations se sont réveillées. […] Elles sont revenues à ma pensée après les événements d’Essonne, et m’ont fait alors une impression que l’on conçoit, et qui jamais ne s’est effacée de ma mémoire. […] Les récits de Marmont s’animent ainsi naturellement, et sans qu’il y vise, de ces impressions morales et guerrières ; on sent toujours l’homme en lui.

317. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Au reste, l’envoyé du ministre est allé, et a vu de ses yeux ; il a dû rapporter des impressions vives. […] Le nombre des personnes qui ont visité la Grèce s’accroît chaque jour, et leur impression à toutes est que ce jeune État régénéré est dans une veine croissante d’activité et de progrès ; nul autre État n’a eu plus à faire et n’a plus fait en vingt-cinq ans.

318. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

Mais on a l’impression que, dans ces deux états si différents, la valeur morale de don Juan reste pareille : c’est la même créature humaine, ici débridée, là terrorisée. […] Il nous dit, se peignant sous le nom de Saint-Clair : « Il était né avec un cœur tendre et aimant ; mais, à un âge où l’on prend trop facilement des impressions qui durent toute la vie, sa sensibilité trop expansive lui avait attiré les railleries de ses camarades.

319. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

J’ai laissé remonter d’eux-mêmes dans ma mémoire les livres dont j’avais reçu une impression un peu forte, et je les ai notés à mesure : voilà tout. […] Et l’impression du volume pourra bien être retardée parce qu’il y aura tant de citations, à chaque page, à chaque ligne, que l’imprimeur, à court, sera obligé de faire fondre plusieurs milliers de guillemets.

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