Herbert Spencer expose (Principes de psychologie, § 124) que toute impression médiocre et salutaire est agréable, toute impression extrême et nuisible, douloureuse. Un système sensoriel délicat, qui implique la prédominance d’impressions très vives, est cause d’un excès de sensations pénibles, les excitations ressenties comme faibles et agréables par des nerfs obtus, devenant excessives et pénibles en des nerfs hypéresthésiés. […] L’artiste descriptif, exercé à contempler minutieusement les impressions que lui causent le monde extérieur, est entraîné à analyser les réactions qu’elles suscitent en lui. […] L’appareil sensoriel même, plus solidement parfait, subit sans fléchir la multitude d’impressions qui le traversent et le secouent. […] Ses Histoires extraordinaires se vendent si lente-ment malgré leur prix modique, qu’en 1882, on pouvait en acheter en librairie des exemplaires, dont l’impression remontait à 1875.
Cette littérature palpable n’en produit pas moins des impressions, des sensations et des pensées ; elle est la plus naturelle, la plus simple et la plus réelle des reproductions de la nature par la main de l’homme, et par cela même il est vraisemblable qu’elle a été le premier des arts inventés par l’espèce humaine. […] J’étais ivre de marbre ; j’avais dix-huit ans, âge où les impressions sont des vertiges ; je n’osais pas me faire présenter à Canova ; j’adorais en silence et de loin son génie. […] Qu’on me pardonne de la relever telle qu’elle est, de cette page déchirée, pour justifier par l’impression naïve d’un ignorant tel que moi l’impression érudite et critique d’un adorateur tel que M. de Ronchaud, qui sait la langue de l’idéal. […] Je ne sentais que ce qu’on éprouve à la vue d’une œuvre sans défaut, un plaisir négatif ; mais une impression réelle et forte, une volupté neuve, puissante, involontaire, point ! […] Or, voyager, c’est traduire ; c’est traduire à l’œil, à la pensée, à l’âme du lecteur, les lieux, les couleurs, les impressions, les sentiments que la nature ou les monuments humains donnent au voyageur.
« Tant que l’on s’en tint aux extrêmes dans les variations de la couleur et de la figure, et qu’on se laissa prévenir à la vivacité des premières impressions, on fut porté à considérer les races, non comme de simples variétés, mais comme des souches humaines, originairement distinctes. […] Mais ce spectacle de la nature ne serait pas complet si nous ne considérions comment il se reflète dans la pensée et dans l’imagination disposée aux impressions poétiques. […] « En énumérant les causes qui peuvent nous porter vers l’étude scientifique de la nature, nous devons rappeler aussi que des impressions fortuites et en apparence passagères ont souvent, dans la jeunesse, décidé de toute l’existence. […] Chez tous les peuples qui possèdent une traduction du livre de Job, ces tableaux de la nature orientale ont produit une impression profonde. […] Que l’on veuille bien me pardonner ce rappel d’impressions toutes personnelles.
Selon lui, les larmes sont une sécrétion destinée à protéger l’œil contre les insultes mécaniques, parce qu’elles débarrassent l’œil des corps irritants ; les impressions pénibles de la vue, puis les impressions générales de tristesse, même morale, se sont liées peu à peu à la sécrétion des larmes. […] Au point de vue mécanique, cette sympathie est une réelle communication de mouvements, comme lorsque les vibrations d’une cloche font vibrer la cloche voisine ; au point de vue psychologique et social, elle est une réelle solidarité de sensations, d’impressions et de volitions. […] Dans le téléphone, deux instruments sont placés on communication électrique avec une batterie : les vibrations de la voix qui ont produit impression sur le disque récepteur du premier instrument sont conduites à l’autre instrument, qui les exprime. Il y a ainsi une partie qui reçoit l’impression, un conducteur qui la transmet, semblable au système nerveux, enfin une partie où se produit l’expression. […] Maintenant, supposez une communication établie entre un plus grand nombre de disques, de manière à y produire une série d’impressions et d’expressions, vous aurez l’image mécanique de la sympathie qui relie les organismes divers et qui établit entre eux une solidarité de sentiments.
On a ici, en suivant Dangeau pas à pas, une impression bien nette de ce qu’était un de ces fameux sièges classiques de Louis XIV, solennels, réguliers, un peu courts à notre gré, toujours sûrs de résultat, pleins d’éclat pourtant, de nobles actions, de dangers et de belles morts. […] C’est l’impression générale seulement que je veux donner. […] Valeur et politesse, discipline et humanité, l’impression qui nous reste de, tout cela, sans aller jusqu’à l’enthousiasme lyrique de Boileau, est celle de quelque chose de noble, d’honorable et de bien royal. […] Il est temps, c’est l’impression qu’on a, que la paix se fasse, et que le traité de Riswick arrive pour procurer à la France un intervalle de repos qui, malheureusement, ne sera pas assez long.
Quoi qu’il en soit, l’impression que laisse la lecture parallèle de ces lettres de M. de Montmorency et de M. de Chateaubriand est toute favorable au premier ; sa belle et bénigne figure ressort à nos yeux par le contraste ; et dans les générations modernes, ceux qui auront quelque souci encore de ces choses pourront dorénavant se faire une idée de ce dernier homme de bien des grandes races, de ce dernier des prud’hommes (comme on disait du temps de saint Louis), dont la renommée de vertu avait été jusqu’ici renfermée dans un cercle aristocratique tout exclusif. […] Je ne veux point vous faire meilleure que vous n’êtes ; l’impression que vous produisez, vous la sentez vous-même ; vous vous enivrez des parfums que l’on brûle à vos pieds. […] Pasquier, alors ministre des Affaires étrangères, qui, en lisant sa correspondance, la trouva aussi spirituelle que sensée, et fit revenir le roi de l’impression qu’on lui avait donnée. […] On le voit assez, aujourd’hui encore, à la place qu’il tient dans ces volumes : l’impression des lecteurs les plus favorables est qu’on a un peu trop mis de lui ; il remplit trop de pages de son impérieuse et inévitable personnalité.
. — Comme toutes les impressions qu’un homme peut recevoir du dehors passent nécessairement par ses sens, pi est bon de se demander tout d’abord à quels sens une œuvre parle, quel genre de sensations elle traduit. […] Nous n’avons parlé jusqu’ici que d’un seul de nos sens ; il est vrai que c’est, dans l’enquête que nous poursuivons, le plus important par la multitude et la diversité des impressions qu’il nous fournit. […] Il faut noter avec soin cette particularité et j’en dirai autant du toucher, qui peut être plus ou moins sensible aux impressions de chaud et de froid, de douceur ou de dureté, de rudesse ou de poli, etc. […] Plus d’une fois, sans doute, un ouvrage est fait pour laisser une impression double ou multiple, comme telle fable de La Fontaine qui se termine par deux morales.