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335. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Vous vous souvenez de l’étudiant Grantaire, des Misérables, qui était laid démesurément. « La plus jolie piqueuse de bottines de ce temps-là, Irma Boissy, indignée de sa laideur, avait rendu cette sentence : Grantaire est impossible ! […] Ces excès de langage ont aussi le tort de rendre le dénouement impossible. […] Au cinquième acte, la comédie perd la tête et cherche son dénouement sans y voir, en se heurtant à toute sorte d’incidents choquants et de péripéties impossibles.

336. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Je sais bien, en effet, que l’idée de Claude est de rendre la guerre impossible par l’exagération de ses moyens meurtriers : mais cette prétention n’est pas sérieuse ; on dut en dire autant quand on fondit, au quatorzième siècle, la première bombarde. […] Comment un esprit si net et si lucide autrefois, a-t-il pu concevoir cet être impossible, moitié monstre et moitié fantoche, et qu’on dirait issu du commerce incestueux de M.  […] J’ai tout dit, j’ai tout discuté, et il m’a été impossible d’être moins sévère.

337. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Autant il serait périlleux et coupable de l’aller ériger en idéal romanesque et en modèle, autant il est impossible, quand on la rencontre dans la vie, et même au milieu de tout ce qu’on déplore, de n’en pas être touché. […] Souffrez que je voie le soleil, que je respire plus au large, que j’envisage des humains, que j’aie des ressources littéraires, depuis si longtemps unique soulagement à mes maux, que je sache si mon fils respire et ce qu’il fait… Telle est cette admirable et douloureuse page qu’il est impossible de lire sans émotion et sans larmes. […] Il est impossible de lui parler raison, prudence, qu’il ne dise cent fois mieux, et tout cela ne passe pas l’épiderme.

338. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

la guerre à tout prix, puisque la paix est impossible !  […] On parlait de l’expédition d’Alger ; bien des personnes en haut lieu paraissaient la croire impossible. […] On a vu depuis de grandes mesures de salut, et que les prudents eussent jugées impossibles, réussir et se réaliser.

339. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

J’en ai pris l’exemple dans un vieux journal et j’estime que, de telles phrases ayant, sous leurs diverses variantes syntaxiques, été imprimées, depuis quarante ans, des centaines de fois, il est à peu près impossible de découvrir le feuilleton où je les ai copiées. […] Cela est impossible, du moment qu’on suppose que l’écrivain est sincère et qu’il est doué, comme cela fut d’abord convenu, des deux mémoires, visuelle et verbale. […] Des hommes voient avec génie : rien de ce qui a passé sous leurs yeux ne leur est impossible à évoquer.

340. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Ainsi les écrivains latins, et particulierement les poetes latins qui n’ont pas été gênez autant que les nôtres, ont pû tirer de leur langue des agrémens et des beautez qu’il est presque impossible aux nôtres de tirer de la langue françoise. […] Voilà pourquoi quelques critiques ont pensé qu’il étoit comme impossible de faire un poëme épique françois de dix mille vers qui réussît. […] Après cela je suis bien éloigné de penser qu’il soit impossible aux poëtes françois de faire des vers harmonieux et nombreux.

341. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

… Pour notre part, nous en doutons, mais, en supposant un silence absolu qui paraît impossible, est-ce que la réflexion d’un moderne pouvait oublier, elle, l’âme générale de ce soulèvement prodigieux, et dans un livre, fait à la distance de tant de siècles, ne devions-nous donc rencontrer que la plume d’un courtisan d’Attila, et sans qu’on pût jamais deviner sous la dictée de quelle religion ce singulier et tardif courtisan s’est avisé d’écrire la biographie de son maître temporel ? […] IV Ainsi toujours et pour tout, dans ce livre, on est obligé de revenir à l’idée chrétienne, sans laquelle il est impossible de voir une minute à travers la période d’histoire que M.  […] le monde, qu’il ne voit plus, prend dans sa tête les couleurs furieuses de l’impossible, qui valent mieux que tous les outre-mers et tous les vermillons !

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