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681. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

. — Madame, je n’ai pu m’imaginer qu’un pays où vous régnez ne fût pas un grand pays. » Ce sont là de ces mots qui posent un homme dans une cour. […] Il n’est pas inouï de voir des États hypothéquer leurs fonds pendant la paix même, et employer pour se ruiner des moyens qu’ils appellent extraordinaires, et qui le sont si forts, que le fils de famille le plus dérangé les imagine à peine. […] Il a considéré la législation politique comme un produit de l’histoire ; il a cru que la législation des peuples n’avait rien à demander à l’imagination ; seulement il a imaginé l’histoire.

682. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Ils imaginèrent une scène comique dans laquelle Gros-Guillaume, en femme, cherche à apaiser la colère de Turlupin, son mari. […] Le dénouement habile et imprévu imaginé par Thomas Corneille pour cette tragédie, est un des principaux motifs du succès qu’elle obtint. […] Probablement La Serre avait imaginé ce nouveau genre pour être sûr de tenir plus longtemps son public. […] Le poëte, ne se trouvant plus assez grand seigneur, imagina d’être quelque chose dans l’État. […] Ce petit aréopage imagina d’opposer à la Phèdre de Racine, une autre Phèdre.

683. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

S’aperçoit-il seulement qu’il se contredit soi-même dans cette sorte de scène qu’il imagine pour rendre son opinion piquante ? […] Bref la paix est signée par Lysistrate, et l’on en imagine les réjouissances. […] Qu’imaginez-vous de plus saillant, de plus vif et de plus comique ? […] Mes citations en chaque espèce de comédie confirment assez qu’une fable, convenablement imaginée, est la première règle en ce genre. […] Quantité de personnes s’imaginent que leur propre honneur tient à celui de leurs femmes ; et depuis que cette étrange idée s’est enracinée en leurs têtes, les voilà pleines, comme on le dit populairement, de visions cornues.

684. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Le style avait subi de petites épurations dans ces éditions successives ; il y avait pourtant dans le texte bien d’autres points plus essentiels, ce me semble, à éclaircir, à corriger : on ne saurait imaginer la négligence avec laquelle presque tous les noms propres, cités chemin faisant dans ces Lettres, ont été défigurés ; quelques-uns étaient devenus méconnaissables. […] J’ai imaginé un sire de Couci, qui est un très-digne homme, comme on n’en voit guère à la Cour ; un très-loyal chevalier, comme qui dirait le chevalier d’Aydie, ou le chevalier de Froulay. » Il avait dans le moment à se louer des bons offices de tous deux près du garde des sceaux ; il y revient dans une lettre du 13 janvier 1736, à Thieriot encore : « Si vous revoyez les deux chevaliers sans peur et sans reproche, joignez, je vous en prie, votre reconnaissance à la mienne. […] sa douleur fut ce qu’on peut imaginer ; il se consacra tout entier à cette tendre mémoire et à la jeune enfant qui désormais la faisait revivre à ses yeux. […] Je n’en sais pas la raison, ni n’en puis imaginer le prétexte : mais, pour en venir là, vous n’avez apparemment besoin ni de l’un ni de l’autre.

685. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Il y a de la gaieté dans les caractères de Plaute, de Térence et des comiques français ; il y a de l’invention dans les situations qu’ils ont imaginées, et surtout dans les intrigues du théâtre espagnol. […] Parce que je cite Les Femmes savantes, à titre d’exemple, je ne voudrais pas que personne, parmi mes auditeurs, pût s’imaginer que j’approuve Molière en aucune façon d’avoir écrit cette comédie. […] De guerre lasse, il imagine de répandre, comme par mégarde, un encrier sur la main du roi. […] Toutefois, bien d’autres en avaient fait autant avant lui, et je ne vois pas ce qui, dans ce genre, devrait l’ériger en créateur unique et entièrement original… Nous allons examiner brièvement si Molière a vraiment réussi à perfectionner les pièces qu’il a imitées, en tout ou en partie, de Plaute et de Térence… Plusieurs des sujets de Molière ont tout l’air d’être empruntés d’ailleurs, et je suis convaincu qu’il serait possible d’en découvrir la source si l’on parcourait les antiquités littéraires de la farce ; c’est ce qu’atteste formellement le savant Tiraboschi : Molière, dit-il, a tellement tiré parti des comiques italiens, que si on lui reprenait tout ce qu’il en a emprunté, les volumes de ses Œuvres ne seraient pas en si grand nombre… Notre Hans Sachs avait mis en œuvre avec assez de gaieté l’idée de la scène du Malade Imaginaire, où l’on met l’amour de la femme à l’épreuve en supposant la mort du mari… Dans les farces mêmes que Molière a véritablement inventées, il ne laisse pas de s’approprier des formes comiques imaginées chez les étrangers, etc.

686. (1925) La fin de l’art

Maintenant, c’est l’anecdote, une anecdote de morale en action, imaginée par des imbéciles et traduite par des acteurs sans talent ou d’un talent tout mécanique. […] C’est au point que les derniers spectacles imaginés par M. d’Annunzio tirent presque tout leur attrait de décorations russes. […] Le père pousse sa fille à se faire épouser par un jeune homme riche, puis voyant qu’il ne survient pas d’héritier, imagine de le procréer lui-même, et, à la grande joie du jeune monstre, devient son amant et la rend mère. […] Tuberculose Il n’y eut jamais plus de tuberculose sous toutes les formes que depuis qu’on a imaginé de s’en prémunir par tous les moyens possibles.

687. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Un grand nombre de spectateurs s’imaginent qu’une subvention impose au théâtre qui la reçoit la préoccupation constante d’une mise en scène luxueuse. […] La couleur locale n’a de prix que lorsque c’est celle-là même que peut imaginer le spectateur. […] Tout d’abord, si nous remontons le cours de notre propre histoire littéraire, nous verrons comment ce modèle imaginé a été long à se former en nous. […] Voyons maintenant la mise en scène imaginée par le poète. […] C’est pourquoi nous ne verrons jamais se produire une pièce naturaliste, telle que les adeptes de l’école l’imaginent dans leur naïveté esthétique.

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