Ce mélange d’imagination et d’histoire, d’enthousiasme et de sévérité, de récit idéal et de prophétie sensée, de personnification symbolique en Napoléon et de réalité vivante, de carnage des camps, de ruse dans les conseils et d’équité démocratique, demanderait, pour être réduit en œuvre et conduit à bien, la vie entière d’un Virgile, d’un Dante ou d’un Milton. […] Il est vrai qu’il faut lui tenir compte, en le comparant avec l’un, du souffle et de l’ampleur continue qu’il déploie ; et en le comparant avec l’autre, de la pensée et de la moralité idéale, qui, bien que parfois nuageuse, tend toujours à racheter ces imperfections de forme. […] Et aussi, Napoléon était plus positif que Béatrix ; et tout en fondant savamment les vues accessoires et idéales avec la réalité, il aurait fallu que le principal du dessin portât sur celle-ci.
Avons-nous une destinée, un idéal, un devoir, ou bien nous agitons-nous sans cause et sans but ? […] Desjardins a oublié de nous dire qu’il ne donnait aucun sens plus solide aux termes justice, amour, bien, loi, illusion, vanité, destinée, idéal, but, précédemment avancés.) […] Zola, parmi les artistes. — Les positifs : tous les vrais chrétiens et tous les vrais juifs ; « puis les philosophes ou les poètes qui affirment ou chantent l’idéal moral », MM.
Chacun a son idéal dans le passé, et la nature, la vocation de chaque esprit ne se déclarerait jamais mieux, j’imagine, que par le choix du personnage qu’on irait d’abord chercher si l’on revenait dans un temps antérieur. […] C’est vraiment un admirable tableau idéal d’éducation, où presque tout devient sérieux ; si on le réduit, du géant Gargantua, à des proportions un peu moindres. […] Ce dernier, Bernardin de Saint-Pierre, dont le talent chaste, idéal, volontiers rêveur et mélancolique, semble le moins d’accord avec l’esprit de Rabelais, l’a pourtant saisi à merveille par le côté sérieux que nous indiquons, et il a dit de lui dans une page mémorable et qui n’est pas toute chimérique, bien que trop simple de couleur et trop embellie : C’en était fait du bonheur des peuples, et même de la religion, lorsque deux hommes de lettres, Rabelais et Michel Cervantes, s’élevèrent, l’un en France, et l’autre en Espagne, et ébranlèrent à la fois le pouvoir monacal et celui de la chevalerie.
Quant au second, pendant que très rarement il donne quelque sonnet admirable de plastique idéale et d’éclat irradiant mais d’où la musique se retire de plus en plus et dont l’obscurité n’est excusée par aucune profondeur nécessaire d’idée, il n’a dit que peu de mots épars de l’œuvre philosophique (M. […] Ce qu’il en a dit montre que le principe de cette œuvre n’est nullement original — et qu’elle ne doit se développer que comme très intelligente et curieuse compilation recréée par un esprit poétique, délicat et éminemment subtil, des conceptions idéales à priori. […] Mais à quelles mesures me fallait-il astreindre cette infinité d’ondes rythmiques, cette diffusion sonnante et idéale des mots ?
Ils étaient les rois de cette poésie qui s’est assise sur la tombe de la poésie du Passé, — la poésie sereine, idéale, lumineuse ! […] Rollinat qui jette à l’ombre les poètes actuels, je veux bien convenir de l’énorme trou que fait dans son livre et dans sa tête l’absence d’idéal religieux, de tous les idéals le plus élevé et le plus beau !
Au lieu du Scarron qu’il s’est nommé lui-même, sous l’analogie de quelques-unes des mêmes douleurs, — un Scarron à imagination de plus haute origine que celle de ce bouffon qui ne fut pas sublime, ce qu’il s’agissait d’être pour un poète comme Roger de Beauvoir, — le livre que voici ne nous offre que ce visage jumeau d’Alfred de Musset, qui n’est pas un masque, mais le visage vrai de Beauvoir ; car il n’imite pas Alfred de Musset, mais naturellement il lui ressemble, comme un frère brun ressemble à son frère blond, — plus idéal et plus lumineux ! […] IV L’idéal entrevu, auquel je n’ai pas renoncé tant que Beauvoir vivra, m’a empêché d’appuyer sur tous les détails d’un talent que j’aime trop peut-être, et avec lequel, pour cette raison, je crains de manquer de force et de justice.
Cet idéal est le principe et le but de toutes nos méthodes d’éducation. […] C’est croire que l’homme peut réaliser un idéal de liberté, de force libre, de beauté, de grâce, de noblesse et d’eurythmie. […] Cette règle de vie, cet idéal de vie, ce standard of life, il ne convient qu’à un petit nombre d’hommes. […] Nietzsche a dit qu’il n’y a pas d’idéal et que cependant il faut lui sacrifier tout, se sacrifier soi-même à la vie plus haute, plus pleine, plus riche, plus… idéale, il faut bien prononcer le mot, qui résume. — Il a dit cela avec vérité ; car pour tout homme qui ne croit pas à une révélation il est d’évidence tautologique qu’il n’y a pas d’idéal ; mais il est presque d’évidence aussi que c’est parce qu’il n’y a pas d’idéal qu’il faut savoir en créer un pour avoir un but, ce qui est à peu près démontré comme nous étant nécessaire. […] La nation idéale est celle où le peuple est aristocrate et où l’aristocratie est démophile.