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611. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Et d’ailleurs ces vertus trop rentrées, et qui sentent le philosophe, ne sont pas celles qui atteignent le but ; il faut aux hommes des signes assortis aux choses ; à la gloire militaire convient une éloquence militaire aussi. […] Dès le premier instant qu’il eut à commander à d’autres, dès qu’il eut à porter enseigne, dit-il, il voulut savoir ce qui est du devoir de celui qui commande, et se faire sage par l’exemple des fautes d’autrui : « Premièrement j’appris à me chasser du jeu, du vin et de l’avarice, connaissant bien que tous capitaines qui seraient de cette complexion n’étaient pas pour parvenir à être grands hommes. » Il développe ces trois chefs, et particulièrement, et avec une verve singulière, les inconvénients de l’avarice en un capitaine : « Car si vous vous laissez dominer à l’avarice, vous n’aurez jamais auprès de vous soldat qui vaille, car tous les bons hommes vous fuiront, disant que vous aimez plus un écu qu’un vaillant homme… » Il ne veut pas qu’un homme de guerre, pareil à un citadin ménager, songe toujours à l’avenir et à ce qu’il deviendra en cas de malheur ; le guerrier est enfant de l’État et du prince, et il pose en maxime « qu’à un homme de bien et vaillant, jamais rien ne manque. » — Après ces trois vices qui sont à éviter à tout prix, car ils sont ennemis de l’honneur, il en touche plus rapidement un quatrième dans lequel, sans raffiner sur les sentiments, il conseille du moins toute modération et sobriété : C’est l’amour des femmes : ne vous y engagez pas, cela est du tout contraire à un bon cœur. […] Je me puis vanter que jamais affection ni folie ne me détourna d’entreprendre et exécuter ce qui m’était commandé : à ces hommes il leur faut une quenouille, et non une épée. […] Il resta longtemps malade, alité, écorché au vif tout le long du dos à force d’être immobile ; puis, quand il fut debout, il eut à passer deux ou trois ans encore avant de pouvoir entièrement guérir ; mais il sauva son bras et aussi sa carrière d’homme de guerre. […] Ce jour-là, il entendit quelqu’un qui disait au marquis de Saluces en le montrant : Monsieur, je connais maintenant que le proverbe de nos anciens est véritable, qui dit qu’un homme en vaut cent, et cent n’en valent pas un.

612. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Il faut que l’homme crée le surhomme. […] L’homme, pour Nietzsche, est une sorte de sursinge : « Qu’est-ce que le singe pour l’homme ? […] Pourtant le surhomme ne saurait être que le but immédiat de l’homme, non le but final de l’univers. […] Aussi « le cerveau de l’homme civilisé est un musée de vérités contradictoires ». […] Exemple : Fénelon, homme de l’épithète qui fut fleurie et rare, qui est banale et pâle.

613. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Hilas pour les exprimer, fit tous les gestes d’un homme qui veut mesurer un autre homme plus grand que lui. Pylade lui cria du parterre, mon ami, tu fais bien de ton Agamemnon un homme grand, mais tu n’en fais pas un grand homme ? […] Le peuple fut donc obéi, et lorsque Pylade executa l’endroit où il avoit repris si hautement son éleve, il représenta par son geste et par son attitude la contenance d’un homme plongé dans une profonde méditation, pour exprimer le caractere propre au grand homme. Il n’étoit pas difficile de concevoir qu’il vouloit dire par-là qu’un homme plus grand homme que les autres, c’étoit un homme qui pensoit plus profondément qu’eux. […] Des hommes qui parloient en gardant le silence, et qui sçavoient faire un récit entier sans ouvrir la bouche.

614. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Il converse avec lui de cœur à cœur, d’homme à homme. […] Il y a désaccord entre l’homme et le milieu. […] Renan porte sur les hommes. […] L’homme, à son avis, est un outil à penser. […] Je laisse cet homme à la porte.

615. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

En serait-il de même des hommes comme Poe ? […] Mais ce qu’il y a de certain, c’est que ces hommes ont au cœur ou au cerveau, peu importe ! […] Quand il intitulait : Contes arabesques ces Contes que le mot : Histoires extraordinaires n’a pas traduits, il savait bien ce qu’il faisait : il bannissait l’homme, l’homme spirituel, la créature morale, de ses inventions ; et son titre avait raison : elle en est absente. […] Nous l’avons dit, il se fourvoya, avec l’effort qui ferait monter un homme aux astres. […] Homme politique universellement respecté dans une société ardemment et fougueusement politique, il avait été le secrétaire intime du grand homme qui gouvernait alors l’Angleterre, et qui avait mis son orgueilleux Protectorat au-dessus de la Royauté.

616. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Il exploita, en homme d’esprit et d’imagination, ses rapides voyages et les impressions dont sa tête était remplie. […] Lord Byron a eu depuis longtemps ce rôle d’influence sur les hommes : combien de nobles imaginations atteintes d’un de ses traits se sont modelées sur lui ! […] Que de piquants et de gracieux portraits d’hommes et de femmes, M. de Cernay, Mme de Penafiel ! […] Cette espèce de crime se renouvelle encore deux autres fois, et dans l’une des deux à propos non plus d’un amour de femme, mais d’une amitié d’homme. […] Sue au contraire a toujours, avec une convenance parfaite, essuyé la critique sans la braver ; il n’y a jamais en aucune préface riposté avec aigreur ; homme du monde et sachant ce que valent les choses, il a obéi à son talent inventif d’écrivain et de conteur sans faire le grand homme à tout propos.

617. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Homme aussi grand qu’universel, il fit partie de la grandeur et de la gloire des Médicis : un grand homme féconde un grand siècle. […] L’homme d’État ne voulut pas mentir ; l’homme d’Église ne voulut pas pardonner. […] Cet homme, dont le nom vulgaire attestait la vileté de son métier, se nommait Scoroncocolo. […] Robespierre ne la maintint que par le glaive ; Platon, que par des rêves qui trompent les hommes en les séduisant ; l’un est un bourreau, l’autre un sophiste ; ni l’un ni l’autre ne fut un homme d’État. […] Dans le siècle des Médicis, la supériorité fut dans la force qui civilise les hommes.

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