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2312. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Peut-être chez les hommes aussi n’y a-t-il le plus souvent, qu’ils aillent ici ou là, qu’obéissance à l’instinct naturel. […] Elle est née pour être exploitée par les hommes plus que pour les exploiter. […] Que l’homme ait une âme ou non, qu’il soit libre ou non, il a en tout cas l’illusion de l’âme et l’illusion de la liberté. […] Le romantisme avait peut-être peint les hommes et les femmes plus beaux qu’ils ne le sont. […] Le drame et la comédie sont partout : partout où il y a des hommes ils aiment, ils sentent, ils souffrent.

2313. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Que ce n’ait jamais été que l’élite des hommes chez les Romains qui ait eu cette finesse, cette délicatesse, et non tout le peuple comme à Athènes, peu importe ! […] Mais il s’est produit des grands hommes littéraires tout à fait en dehors de cette tradition. […] ce n’est pas à vous qu’il faut dire que cet homme, si homme entre tous, n’était pas un sauvage ni un désordonné, qu’il ne faut pas le confondre (parce qu’il a été parfois énergique ou subtil à l’excès, et qu’il a donné ou dans les grossièretés ou dans les raffinements de son temps) avec les excentriques et les fous pleins d’eux-mêmes, ivres de leur propre nature et de leurs œuvres, — ivres de leur vin. […] Rassurez-vous, messieurs, les grands hommes en tout genre, — et surtout, je le dirai, dans l’ordre de l’esprit, — ne sont jamais des fous et des barbares. […] Homère sommeille quelquefois ; Corneille en conversation est lourd et sommeille, La Fontaine sommeille ; ils ont des absences, des oublis ; mais les plus grands des hommes ne sont jamais extravagants, ridicules, grotesques, fastueux, jactancieux, cyniques, messéants en permanence.

2314. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

On a chance encore d’y rencontrer quelques hommes parmi lesquels il en est peut-être d’essentiels, et qui importent à l’ensemble de la littérature elle-même. […] Ce genre mixte, plus psychologique qu’oratoire, me représente assez ce que des hommes comme MM. […] Vinet (2e édition), une charmante lettre écrite de Bruxelles par Benjamin Constant, âgé de douze ans, à sa grand’mère : l’homme y perce déjà tout entier. […] Tous ces vers étaient d’un très-jeune homme, M. […] Vinet a dignement apprécié cet homme excellent et charmant dans une lettre à la Revue suisse (octobre 1838), reproduite dans le Semeur (6 février 1839).

2315. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Deux hommes ont certainement eu grande influence sur lui, Ovide et Chrétien de Troyes : de cette double influence s’est dégagée son originalité. […] L’œuvre est d’un art bien insuffisant : mais dans l’âme de l’homme point comme une obscure lueur, aube de la Renaissance encore lointaine. […] Il est aisé de suivre l’enchaînement des idées de Jean de Meung et de voir comment tout son système a pu s’attacher à la fiction du Jeune Homme amoureux de la Rose. […] Toutes les institutions, tous les usages qui, réglant les rapports sociaux de l’homme et de la femme vont contre la nature, sont condamnés par la raison. […] La nature prescrit, à l’homme ses besoins, et par là lui prescrit aussi ses désirs : tonie passion qui va au-delà du besoin naturel est factice et mauvaise.

2316. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Dans Angelo, Catarina, la Tisbe, c’est « la femme dans la société, la femme hors de la société », donc en deux types, « toutes les femmes, toute la femme » ; en face, deux hommes, le mari et l’amant, le souverain et le proscrit, symboles de « toutes les relations que l’homme peut avoir avec la femme d’un côté, et la société de l’autre ». […] Pendant une quinzaine d’années (1829-1843) le romantisme est maître de la scène : trois hommes l’y ont établi et l’y soutiennent : Dumas, Vigny, Hugo. […] Il écarte les « faits exacts de sa vie » ; Chatterton n’est pour lui qu’« un nom d’homme ». […] Point d’intrigue, un minimum d’action : « C’est l’histoire d’un homme qui a écrit une lettre le matin, et qui attend la réponse jusqu’au soir ; elle arrive, et le tue ». […] Rien ne devait plus faire obstacle au poète qui aurait quelque chose à dire sur l’homme, et qui saurait le dire par les moyens spéciaux du drame.

2317. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Hugo a cherché l’homme en Italie, en Angleterre, en Espagne. […] Les Cygnes sont des poèmes humains, dans le meilleur sens de ce mot, puisqu’ils font vivre l’homme, l’homme d’à présent, d’hier et de demain, celui qui a toujours été, celui que nous voyons, celui-là même de l’avenir : l’homme en tant qu’être sensitif et agissant, voué à la douleur et à la joie et tenant en ses mains la force qui fait créer. […] Fontainas et sans doute d’autres hommes, sincères et artistes, qui subirent d’abord l’influence du Parnasse et se découvrirent ensuite. […] Il y a dans les œuvres de M. de Régnier, comme en sa vie elle-même, beaucoup de cet ancien précepte si complètement oublié aujourd’hui : qu’un homme bien élevé évite de se mettre en scène. […] Car il s’est trouvé des hommes pour fondre en un seul et indestructible métal les styles et le Style, le génie et le talent.

2318. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

— Un homme qui a mal vécu. — Que voulez-vous ? […] Caverlet, homme de cœur et d’honneur, qui s’est pris pour elle d’une passion profonde. […] Il se confesse donc, et en galant homme, avec une franche loyauté. […] Les femmes de cette espèce méprisent, en l’exploitant, l’homme mou et irrésolu qu’elles ont asservi. […] Qui pourra croire qu’elle a été la maîtresse d’un homme dont elle ne veut pas pour mari ?

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