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16. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

L’oiseau qui passe, la voile qui blanchit, la mouche heureuse qui scintille dans le soleil, se peignent plus distincts que jamais dans ce lac de l’âme, uni à la surface, et dont les grandes douleurs ont creusé et abîmé le fond. […] Jocelyn est donc l’enfant pieux de toutes les familles heureuses, le frère de toutes les jeunes filles. […] Quelques livres heureux, qui commencent à s’user, ont eu le doux honneur d’une longue popularité dans la famille : Télémaque, Robinson, Paul et Virginie. […] Jocelyn recommence naïvement Éden, sans rien de creusé ni de sauvage : heureuse simplicité retrouvée ! […] S’il est curieux de détail en un endroit, c’est comme par accident ; il s’élance de là ensuite d’un plein vol, et ne cherche pas à lier le petit au grand par une subtilité symbolisante, heureuse peut-être, mais détournée.

17. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Tu fumeras des pipes, tu videras des chopes, et tu seras l’homme le plus heureux du monde. […] En attendant, je suis heureux, parfaitement heureux. […] Avant tout, tâchons d’être heureux. […] Et puisque l’homme n’a pas de moyens pour être heureux, puisque peut-être en ce moment, sur toute la terre, il n’y a pas un seul homme heureux, ayant les moyens de rester toujours heureux, cela prouve que Dieu ne le veut pas. […] Jamais l’amour heureux ne fit écrire un pareil livre.

18. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Il lui échappe quelque part ce mot heureux : « Pour moi, je crois que les gens qui le persécutent ne l’ont jamais lu. » Elle est évidemment séduite et sous le charme : l’amour, pour entrer là, a pris le chemin de l’esprit. […] Un Des Grieux honnête et une Manon sage, voilà l’idéal de ceux qui savent être heureux en silence : la gloire en tiers dans le tête-à-tête ne fait que tout gâter. […] Mon Dieu, s’il nous croyait tous deux (d’Argental et elle), qu’il serait heureux !  […] Et, se rabattant alors à une liaison moins égale et moins haute, elle estime que l’amour peut encore nous rendre heureux à moins de frais ; « qu’une âme sensible et tendre est heureuse par le seul plaisir qu’elle trouve à aimer ». […] Il est vrai que j’ai perdu cet état si heureux, et que ce n’a pas été sans qu’il m’en ait coûté bien des larmes.

19. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Racine plus heureux (il le doit à Lancelot) le lit couramment, et il y puiserait sans effort, s’il ne préférait Euripide. […] Là où le texte dit : « Heureux qui, vieux, s’appuyant sur un bâton dans la même allée où il s’est traîné enfant, ne sait compter en fait de siècles que ceux de sa cabane ! […]  » Puis quand il en a fini avec le couplet de Claudien, il se ressouvient du beau morceau de Virgile « O fortunatos nimium… », et il l’ajoute par une reprise visible : « Heureux doncques, heureux qui de son toit ne bouge ! […] Quand des vaisseaux ont péri dans une tempête, même sous des zones plus heureuses, on découvre quelquefois, après des années, des débris et des épaves du naufrage égarés dans les mers du Nord et conservés aux confins de l’océan. […] Avec son savoir, son esprit et son talent, il n’aurait qu’à moins viser, il réussirait à moins de frais, et on serait heureux de l’applaudir alors, de l’approuver.

20. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Une grande et belle victoire (la Juive), beaucoup de combats heureux, s’il en eut de contestés, nombre d’affaires distinguées, semées d’actions et de parties brillantes : voilà pour la carrière. […] Moi profane, à le rencontrer dans la société, je l’aurais cru des plus heureux comme artiste et tout à fait comblé : je sens aujourd’hui pourquoi il ne l’était pas. […] …” Accomplissez-vous, présages heureux. ! […] Ils charmaient les travaux des longues journées par de doux entretiens, par les récits de la patrie absente. » Voilà l’idéal heureux d’Halévy, son Décaméron de l’Art. […] Les trois premiers furent pris dans l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ou dans la classe de l’Institut qui y répondait : Halévy fut le premier que l’Académie des Beaux-Arts eut l’idée de se choisir dans son propre sein, et elle eut la main heureuse.

21. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Heureuse la femme qui lui plaît, malheur à celles qui le trahissent, bonheur immortel à ses amis ! […] Nul ne peut se dire heureux par tous les aspects de sa destinée. […] Je ne vous citerai que l’épode à Mécène, restée dans l’oreille de tous les sages et de tous les heureux : c’est la béatitude des champs. […] Partout le chêne et l’yeuse prodiguent leurs fruits au troupeau, leur ombre à l’heureux possesseur. […] Ne cherchez pas là une larme sur ses cordes : c’est le poète du sourire, c’est l’ami des heureux.

22. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Quelle abondance d’heureux tours ! […] L’heureux choix des mots & des images rend ce petit recueil précieux. […] Il est rempli de détails heureux ; & quoique M. de V. […] On connoît l’abondance heureuse du style de M. […] Heureux s’il avoit toujours respecté la Religion, & s’il n’avoit jamais fait rougir la vertu.

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