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227. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

S’il est un idéaliste, il vous présente des héros de vertu, de courage et de grandeur d’âme qu’il prétend être, du moins qu’il a l’air de prétendre être, puisqu’il était capable de les concevoir. Quand on peint son héros, on peint son idéal, et l’idéal que l’on a, on se croit toujours un peu, on se croit du moins par moment, de force à le réaliser. […] Poser un héros, c’est un peu se poser en héros.

228. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Ici le roman prend, de par le caractère très net de l’héroïne, son importance capitale. […] Son héros, un premier rôle de la politique moderne, courait grand risque de ressembler à ceux que MM.  […] J’avoue, pour ma part, que l’amitié des deux garçons qui sont les héros du livre de M.  […] Car l’héroïne de M.  […] Bien qu’il soit triste de voir qu’une mort de héros n’ait pas désarmé la haine du poète, MM. 

229. (1874) Premiers lundis. Tome I « Fenimore Cooper : Le Corsaire Rouge »

Mais l’auteur a trouvé moyen de rajeunir et de nationaliser, en quelque sorte, son héros par les sentiments anticipés qu’il lui prête. […] Quelques années encore, et l’écumeur de mer sera un Paul Jones, de même que le pirate grec sera un Canaris ; seulement, je ne voudrais pas que le héros au lit de mort eût à la main ce rouleau qui lui avait servi comme d’oreiller, et que, par un effort soudain, au moment d’expirer, il déployât le pavillon national, en s’écriant : « Nous triomphons. » Cela ressemble trop aux morts théâtrales de notre Cirque-Olympique.

230. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 211-219

Telle qu’un diadême éclatant qui ceint le front des Monarques, ou telle que le baudrier suspendu aux épaules d’un Héros soutient à ses côtés le glaive de Mars, & brille enrichi de l’éclat de l’or, des diamans de l’Inde & des dépouilles du Gange, telle une large bande entoure les cieux, & brille du feu de mille étoiles. […] Persée, & la tête de Méduse hérissée de serpens, le Héros vainqueur de l’hydre de Lerne, & le jeune Ganimede enlevé par l’oiseau de Jupiter ; la triste Andromede enchaînée à son rocher, Céphée son pere, Cassiopée sa mere, éplorée, s’arrachant les cheveux, & d’autres sans fin ont peuplé la voûte azurée.

231. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Il conduit son héros par une nuit obscure au milieu de la steppe, devant un de ces tumulus antiques nommés kourgânes, qu’a laissés dans les plaines de la Russie une nation inconnue. […] Il abandonne les héros de l’antiquité et cherche ses sujets dans le monde où nous vivons. […] Malheureusement ses personnages parlent et agissent trop comme des héros de roman. […] Ne donnez jamais quelques qualités aimables à un héros qui pèche contre les dix commandements ; on dira que vous sapez les bases de la société : Plutarque n’a fait déjà que trop de mal avec ses soi-disant grands hommes. […] Il me semble qu’il y avait mieux à faire avec ce héros étrange, précurseur de Pierre le Grand, à qui peut-être il n’a manqué pour réussir et faire souche de souverains qu’un peu plus de prudence et moins de douceur.

232. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Tristan, le héros pur, fier et soumis, s’approche. […] elle se déguisait parfois en héroïne, — ce sont là des caprices de grisette. […] Cette fois, il ne se borne pas à faire revivre tel ou tel héros d’une légende circonscrite. […] Tous feront, le mauvais choix, et les dieux plus coupables parce qu’ils auront été moins instinctifs, ne pourront être rachetés que par les héros qu’ils engendreront. […] Point de héros d’épopée ou de légende ; la fiction se déroule entre bons bourgeois de Nuremberg au XVIe siècle.

233. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

L’esprit féminin est superficiel, se laisse prendre aux apparences et aux décors, admire volontiers dans le rastaquouère un aventurier, dans l’aventurier un héros, dans le héros un dieu. […] Ici, l’héroïne est trop connue pour permettre ces ridicules inventions. […] La plus grande différence est dans l’âge auquel on nous présente le héros. […] A l’école de Descartes, héros de la pensée, il devient un homme. […] Les deux héroïnes meurent de la cruauté inconsciente des deux mâles.

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