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167. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Xerxès y parut, sans doute, coiffé de la tiare droite que le monarque seul avait droit de ceindre, et vêtu de cet habit chargé de diamants, qu’un historien grec, vantant la force de son successeur, le loue d’avoir pu porter tout une matinée, sans qu’il eût faibli sous son poids. […] Les Grecs avaient eu un âge héroïque, mais lointain déjà, presque immémorial, perdu dans l’horizon de la Fable. […] » Son premier acte fut d’envoyer aux cités grecques des hérauts chargés de leur réclamer la poignée de terre et la cruche d’eau, hommage formel de vassalité, symbole parlant de la sujétion. […] Un interprète, qui accompagnait l’envoyé des Perses, avait transmis en grec l’ordre de Darius. […] Thémistocle fit voter la mort du profanateur. — On a déchiffré récemment un papyrus d’Herculanum soutenant cette thèse : « Que les dieux parlent grec. »

168. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Mais voici entre la tragédie grecque et la tragédie moderne une différence profonde. […] Mais qui de nous ou des Grecs a réalisé le plus parfaitement l’idéal de la tragédie ? […] Telle est la comédie nouvelle, inaugurée par le Grec Ménandre. […] Au contraire, l’ancienne comédie grecque se maintient précisément dam ce cercle vrai et substantiel. […] Cependant, plus tard, déjà dans la comédie grecque, mais surtout chez Plaute et Térence, se développe la tendance opposée.

169. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

L’hospitalité apparaît ainsi comme la vertu native de ses races, le foyer secourable comme la pierre angulaire de la Cité grecque. […] C’est le Passage de la Mer Rouge transporté dans un golfe grec. […] Ce n’est point ainsi que s’habillent nos femmes d’Argos, ni d’aucune autre partie de l’Hellade. » — Ces vêtements orientaux effarouchent le monarque grec ; l’étrangeté du costume, dans les temps antiques, était presque une hostilité. […] Elles rappellent leur hôte au despotisme inséparable pour elles de l’idée royale, elles chantent au prince grec l’hymne de la toute-puissance orientale : — « La Cité, c’est toi ! […] Les Grecs pourtant s’obstinaient à la vénérer, ils acceptaient comme une critique la parole du prêtre de Saïs à Solon : « Ô Grecs !

170. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Après avoir passé la plus grande partie de sa vie à dévorer le Grec & le Latin, il ne craignoit pas d’être récusé pour juge ni soupçonné dè n’avoir rejetté ces langues que parce qu’il les ignoroit. […] On y démontre qu’il n’y a point de sciences qu’on ne puisse enseigner en François, d’une manière aussi convenable qu’en Grec & en Latin. […] S’il y a une langue parfaite, c’est assurément le Grec. […] Enfin Horace & Virgile ont composé dans leur langue ; Homère & Anacréon ont écrit en Grec, & non pas en Hébreu ou en Égyptien : un François doit écrire en François, & non pas dans une langue étrangère à tant de monde.

171. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Épopée grecque. […] Son théâtre, quoique astreint aux rigoureuses unités grecques, n’en a pas moins porté les leçons pathétiques de la vertu et de la philosophie chez toutes les nations vivantes. […] Il représente les Grecs, et Pyrrhus à leur tête, n’épargnant rien, et n’assouvissant qu’avec peine leur soif du sang excitée par la seule attente d’un triomphe complet. […] Sans doute il avait le droit d’avertir que son sujet était nouveau, mais non d’avancer qu’il était supérieur à tous ceux qu’avaient consacrés les muses grecques et latines. […] Du naturel violent de son héros naît un ressentiment de l’injure, si profond, que l’inflexibilité qu’il oppose aux prières et aux malheurs des Grecs, doit paraître vraisemblable, quoique extrême.

172. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

C’est pour le venger que Jupiter châtie les Grecs et porte son tonnerre du côté des Troyens. […] Si Ajax, le grand Ajax, occupe le premier plan de la défense et résiste comme une tour, il est toujours dit qu’il n’est que le second des Grecs, de même que l’autre Ajax, aux instants de poursuite, s’appelle le plus léger, mais toujours après Achille. […] Les Grecs et les Troyens acharnés qui se disputent la muraille du retranchement, les uns sans réussir à la forcer tout entière, les autres sans pouvoir décidément la ressaisir, ce sont « deux hommes qui disputent entre eux sur les confins d’une pièce de terre, tenant chacun la toise à la main, et ne pouvant, dans un petit espace, tomber d’accord sur l’égale mesure. » Les deux Ajax qui, ramassés l’un contre l’autre, soutiennent tout le poids de la défense, ce sont « deux bœufs noirâtres qui, dans une jachère, tirent d’un courage égal l’épaisse charrue : la sueur à flots leur ruisselle du front à la base des cornes, et le même joug poli les rassemble, creusant à fond et poussant à bout leur sillon. » Ailleurs, à un moment où les Troyens qui fuyaient s’arrêtent, se retournent soudainement à la voix d’Hector, et où les deux armées s’entre-choquent dans la poussière : « Comme quand les vents emportent çà et là les pailles à travers les aires sacrées où vannent les vanneurs, tandis que la blonde Cérès sépare, à leur souffle empressé, le grain d’avec sa dépouille légère, on voit tout alentour les paillers blanchir : de même en ce moment les Grecs deviennent tout blancs de la poussière que soulèvent du sol les pieds des chevaux et qui monte au dôme d’airain du ciel immense. » Voilà bien le contraste plein de fraîcheur au sein de la ressemblance la plus fidèle. […] On a assez ridiculement parodié les Grecs et les Romains, et assez atrocement aussi. […] En un endroit, lorsqu’elle apprend brusquement à Mars la mort de son fils chéri Ascalaphus, le dieu terrible dans l’accès de sa douleur se met à frapper violemment ses deux florissantes cuisses de la paume de ses mains : le traducteur met simplement qu’il se frappe le corps de ses mains divines ; il oublie que cette forme expressive de désespoir s’est conservée fidèlement jusque chez les Grecs modernes.

173. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Homère, et le grammairien Thestorides. » pp. 2-6

Suivant ce calcul, il pouvoit avoir appris, dans son enfance, les merveilles de ce siège, de la bouche même de plusieurs vieillards qui y avoient été, & s’être entretenu souvent avec des Grecs d’Europe & d’Asie, qui avoient connu Ulysse, Achille & Ménélas. […] Le poëte Grec récita ses vers aux Phocéens. […] On reconnut Homère à son talent de rendre la nature avec une noble simplicité ; à sa poësie vive, pleine de force, d’harmonie & d’images ; à son érudition agréable, lorsqu’il décrit l’art de la guerre, les mœurs & les coutumes des peuples différens, les loix & la religion des Grecs, le caractère & le génie de leurs chefs, la situation des villes & des pays.

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